Date de parution : octobre 2012
Fiche du Livre
Quatrième de couverture
Des hommes ne savent pas aimer. Ils ne savent pas s’aimer. Manigances, un disco-bar du Village gai de Montréal mais aussi une histoire d’amour et de meurtre où le sexe explicite, parfois sordide, conduit le lecteur haletant de page en page dans un suspens où l’issue n’est jamais certaine.
Dans Manigances, l’amour et la haine, la passion et la vengeance, le plaisir et la douleur se côtoient indistinctement. L’histoire se déroule en pleine sous-culture gaie, au début des années 80, années d’innocence, de découverte, de témérité mais aussi années de danger, de malaise et de mal-être.
Ce roman de Denis-Martin Chabot constitue le premier tome d’une saga qui se déroule entre Montréal et Québec, en passant par le Royaume-Uni.
Avis de Lady SwanAu Québec comme ailleurs, pendant plusieurs décennies, l'homosexualité a été un sujet tabou dont personne n'osait parler, sauf pour s'en moquer et la dénigrer. À l'époque où religion était très forte, on ressentait une haine vis-à-vis de ces hommes ayant une orientation sexuelle différente. C'est l'histoire d'hommes qui, entre les années 60 et 80, vivent pleinement leur homosexualité au rythme des décennies et de leur évolution culturelle. C'est le premier tome d'une saga qui s'avère être une grande histoire d'amour, d'érotisme, de découvertes et d'insécurité.
Tout d'abord, il me paraît utile de préciser la différence entre un roman érotique et un roman pornographique, car il y en a clairement une. La première catégorie dépeint une histoire d'amour et de sexualité, qui vont de pair dans ce contexte, tandis que la seconde ne montre que des scènes sexe qui n'ont ni sens ni âme. Ce n'est évidemment que ma vision et peut-être est-elle à parfaire. Je classe donc Manigances dans la première catégorie. C'est un roman à ne pas mettre entre toutes les mains, puisque plusieurs passages sont très explicites et pourraient être mal interprétés.
L'histoire en elle-même est assez prenante. Je me suis surprise à aimer suivre ces personnages et connaître leurs aventures (sans mauvais jeu de mots). C'est un roman qui illustre parfaitement la réalité de cette époque : la manière dont les parents vivent avec l'homosexualité de leurs enfants, la haine de la plupart des gens à leur égard, la honte que celle-ci engendre, la découverte et l'expérimentation de cette sexualité.
On plonge littéralement dans une culture en pleine formation, notamment dans le quartier gai à Montréal. Certains événements majeurs pour la culture homosexuelle, mais aussi pour le Québec, sont aussi cités, comme le Bill omnibus de Pierre Trudeau, ainsi que la découverte des maladies transmise sexuellement. L'histoire se déroule tout juste avant l'éclosion du virus du sida.
Le style d'écriture de Denis-Martin Chabot est très imagé et précis. Il se montre plus d'une fois cru et très explicite, comme je l'ai mentionné plus haut. Toutefois, il arrive à nous transporter d'une manière étonnante dans le monde de ses personnages, à travers leurs émotions et leur esprit. La narration est souvent confuse, à l'image des états d'âme de nos personnages. C'est un roman bouleversant et prenant qui traite de sujets que l'on n'aborde pas souvent dans la littérature. Il est aussi sombre et dérangeant. Tous ces éléments réunis en font un récit fort et intense. De plus, il y a eu un réel effort dans la reconstitution des événements, puisque nous passons de 1965 à 1984 en un clin d'œil. Nous suivons nos personnages lors de leur jeunesse, mais également plus tard dans leur vie, lorsqu’ils arrivent à l’âge adulte. On connaît leur passé et leur présent simultanément, et ainsi leur personnalité et leur caractère sont si bien construit qu'on arrive assez bien à les cerner.
En conclusion, je lirai très certainement les autres tomes de cette saga si l'occasion se présente. Denis-Martin Chabot est un auteur que je suivrai attentivement dans les années à venir. Un très grand merci au forum Le sanctuaire de la lecture et les éditions Dédicaces pour ce partenariat.
Avis de MissdeathTout d'abord, je tiens à remercier le forum A&M et Fondation Culture LGBT pour ce partenariat.
Manigances, de Denis-Martin Chabot, est le premier tome d'une saga qui se déroule principalement au Québec. C'est un roman gai qui se concentre sur l'homosexualité masculine des années 60 à 80. On peut y voir évoluer plusieurs personnages qui ont eu des histoires d'amour ou des aventures entre eux. Toutes ces relations s'imbriquent et se confondent ; on oscille entre l’amour, la passion et la haine, émotions encore accrues par la condition des homosexuels durant cette époque. Les scènes de sexe sont détaillées et parfois crues ; ce roman ne convient donc pas à tous les publics.
Je vais être honnête : j'avais peur de lire un roman érotico-gai, m'attendant à quelque chose de barbant ou qui ne me toucherait pas. J'avais tort et tant mieux ! En effet, ce roman a été une agréable lecture dont je retiens deux aspects.
Premièrement, on peut suivre et découvrir l'évolution de l'homosexualité au Québec durant une époque où l'on commençait tout juste à aborder le sujet. La différence entre ville et campagne, la ville d'Amsterdam déjà unique, comment un jeune de la campagne découvre son attirance pour les hommes, la question du SIDA quasi inexistante, le manque de tolérance et d'objectivité parmi les forces de l'ordre ; toutes ces problématiques sont abordées d'une manière légère et nous n'y faisons pas forcement attention.
C'est là qu'arrive mon second point. La lecture est agréable, les relations compliquées, mais saisissantes. Les émotions ressenties sont nombreuses et régulières et on peut très facilement passer au-dessus de la question de l'homosexualité.
Il faut quand même ajouter que les scènes de sexe sont très bien décrites et toutes un peu bestiales, mais ça ne m'a pas gênée puisque cela collait bien au récit et que le trop de sentimentalisme peut parfois être écœurant.
Concernant l'écriture de Denis-Martin Chabot, elle est vive, imagée et j'ai trouvé que le rythme de la lecture s'accélérait au fil des pages. Ce rythme et tous les petits détails apportent à la lecture une fluidité qui nous amène à terminer ce livre sans même nous en apercevoir. Les expressions québécoises sont nombreuses, mais les annotations en bas de pages permettent au lecteur de saisir ce qu'il ne comprend pas.
Mais — eh oui il faut toujours un mais — j'ai trouvé que l'alternance, tout au long de la lecture, entre des scènes se déroulant dans la jeunesse d'un personnage en 1970 et celles de 1984 pouvait parfois perdre le lecteur. J'ai du plusieurs fois remonter mes yeux sur le titre de la section afin de bien me situer dans le récit. Cela vient peut-être du fait que j'ai lu le livre en format numérique et que je n'en ai pas l'habitude. Néanmoins, cette alternance, une fois saisie, apporte beaucoup de sens et de rythme à la lecture qui serait, d'après moi, trop lourde si toutes les scènes étaient décrites une à une et chronologiquement. Le suspense est aussi bien présent grâce à ce procédé.
Finalement, cette lecture a été une agréable découverte. C'est un roman à ne pas confier à n'importe qui en raison des scènes sexuelles explicites, mais qui pourrait plaire à plus de lecteurs que je ne le pensais au premier abord. Je tenais donc une nouvelle fois à remercier le forum A&M et Fondation Culture LGBT de m'avoir fait découvrir ce roman et de m'avoir invitée à reconsidérer mes préjugés.
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