Sondage exclusif Ifop/Les Enquêtes du contribuable n°4 « L’assistanat ruine la France ». Acheter en ligne le numéro.
Près de six Français sur dix estiment que les demandeurs d’emploi pourraient trouver s’ils le voulaient vraiment…
Une majorité de Français (58%) est d’accord avec l’affirmation selon laquelle « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment », et 20% sont même « tout à fait » d’accord avec cette idée (38% sont « plutôt » d’accord). Le clivage politique est cependant très prégnant sur cette question, car si les sympathisants de droite et d’extrême droite se disent très majoritairement d’accord (respectivement 72% des sympathisants UMP et 73% des sympathisants FN), ce n’est pas le cas à gauche (seuls 36% des sympathisants du Front de Gauche et 41% des sympathisants du PS sont d’accord) et seule un peu plus de la moitié des sympathisants du MoDem (52%) approuvent cette affirmation. La proportion de Français « tout à fait d’accord » avec l’idée que les chômeurs pourraient trouver à condition de vraiment le vouloir varie aussi selon l’âge, et alors que 25% des moins de 35 ans sont « tout à fait d’accord », seuls 14% des 65 ans et plus émettent un avis aussi catégorique sur cette question.
La part de Français qui sont d’accord avec cette affirmation a augmenté par rapport à ces quatre dernières années (où la proportion de Français « d’accord » se situait entre 51 et 54%, et la proportion de Français « tout à fait d’accord » entre 15 et 16%), pour retrouver son niveau d’avril 2006, où ils étaient, en pleine campagne présidentielle précédant la victoire de Nicolas Sarkozy, 58% à estimer que les chômeurs pourraient trouver s’ils le voulaient vraiment. Si la crise, commencée en 2008, et qui s’est traduite par une hausse importante du chômage a, dans un premier temps, eu pour conséquence de faire baisser quelque peu cette opinion, tel n’est plus le cas aujourd’hui.
… mais plus d’un sur deux n’est pas d’accord avec l’idée de réserver les allocations et prestations sociales aux catégories les plus pauvres
La majorité des Français n’est, en revanche, pas d’accord avec l’idée qu’il faille « réserver les allocations et prestations sociales uniquement aux 15% des Français les plus pauvres » (53%, dont 21% « pas du tout d’accord »). Cet avis est partagé de façon un peu plus homogène selon les sympathies politiques, même si ce sont surtout les sympathisants PS (61%), puis les sympathisants FN (53%), qui ne sont pas d’accord, pendant qu’une majorité des sympathisants Front de Gauche (51%), MoDem (52%) et UMP (53%) sont, au contraire, d’accord avec cette affirmation.
En outre, les ouvriers et les indépendants et employeurs y adhèrent dans des proportions plus importantes (ils sont respectivement 57% et 66% à être d’accord).
Pour lutter contre la fraude aux prestations sociales, seule une courte majorité de Français fait confiance aux organismes responsables de leur versement
Pour plus d’un Français sur deux (52%), il faut que les organismes chargés de verser les allocations et prestations sociales soient eux-mêmes chargés de lutter contre les abus et fraude, contre 48% qui confieraient cette responsabilité à des organismes extérieurs, signe d’une certaine défiance dans la capacité ou la volonté de ces opérateurs à lutter contre la fraude. Sur cette question aussi le clivage politique est fort, puisque parmi les sympathisants de droite et d’extrême droite, une large majorité considère qu’il faut confier la lutte contre les abus et fraudes à des organismes extérieurs (60% des sympathisants UMP, 59% des sympathisants FN). A l’inverse, seuls 43% des sympathisants PS, 40% des sympathisants MoDem et 31% des sympathisants Front de Gauche sont de cet avis.
Le principe d’une carte d’identité sécurisée pour demander des prestations sociales remporte une adhésion quasi-unanime des Français
Plus de neuf Français sur dix (94%) se disent favorables à ce qu’une carte d’identité doive être présentée lors d’une demande d’allocation ou de prestation sociale. Plus de trois sur cinq (64%) y sont même « tout à fait favorable », et si on observe également, sur cette proposition, quelques écarts selon les sympathies politiques, le principe est très majoritairement admis dans la population. A l’exception des sympathisants du Front de Gauche, qui ne sont que 45% à y être « tout à fait favorables » (mais tout de même 79% favorables en y additionnant les 34% de sympathisants Front de Gauche « plutôt favorables »), les sympathisants de gauche comme de droite y sont tous, en majorité, « tout à fait favorables ». Sur ce sujet, l’écart entre sympathisants PS et UMP est même faible (68% contre 62%, soit seulement 6 points d’écart), et c’est surtout avec les sympathisants du FN que l’écart est prononcé. Ces derniers sont 81% à être « tout à fait favorables » au fait d’exiger des demandeurs de prestations sociales une carte d’identité sécurisée. De même, les Français les plus âgés sont plus nombreux à soutenir franchement cette mesure (75% des 50-64 ans et 71% des 65 ans et plus y sont « tout à fait favorables »).
Ifop
La réaction de Dominique Tian, député UMP des Bouches-du-Rhône
Révélateur de l’état d’esprit des Français
Ce sondage est révélateur de l’état d’esprit des Français qui souhaitent avant tout un renforcement du contrôle pour que notre système de protection sociale ne soit pas « pillé » de façon individuelle ou en bande organisée. Lorsque j’ai remis mon rapport sur la lutte contre la fraude sociale en 2011, l’une des préconisations était « de mettre en place une carte de sécurité sociale sécurisée qui contiendrait l’ensemble des données de sécurité sociale de l’assuré et qui serait délivrée par les services d’état civil des mairies dans le cadre d’un face-à-face. Cette carte aurait une durée limitée ». Cette préconisation est toujours d’actualité. Il faut cependant convenir que tous les organismes de sécurité sociale continuent à mettre au point des outils pour lutter contre la fraude, même si les marges de progression restent conséquentes.
La réaction de Jacques Bompard, député Ligue du Sud du Vaucluse
Tout salaire doit correspondre à un travail
« Les résultats de ce sondage confortent ma conviction qu’il faut instaurer un véritable droit à l’emploi, comme le prévoit le préambule de la Constitution de 1946 et mettre fin à la spirale négative du traitement social du chômage. Si tout travail mérite salaire, tout salaire doit correspondre à un travail. J’ai d’ailleurs déposé une proposition de loi afin que toute allocation d’un minimum social soit soumise à l’exercice d’un travail au moins à temps partiel. Le rétablissement du droit social qu’est le droit au travail instaurera une véritable solidarité nationale, rétablira l’indispensable lien entre le citoyen et le travailleur, fera succéder au cercle vicieux du traitement social, source d’oisiveté, de perte de repères et de sens, un cercle vertueux, créateur de richesses et de dignité. »
La réaction de Michel Godet, économiste
Près de six Français sur dix estiment que les demandeurs d’emploi pourraient trouver un job s’ils le voulaient vraiment…
« C’est vrai individuellement même si ça ne l’est pas collectivement. En France, un jeune mobile trouve du boulot s’il en cherche vraiment, notamment dans le secteur industriel où l’on réclame désespérément des tourneurs, des fraiseurs… La meilleure façon de trouver du travail est encore d’en avoir un. Mieux vaut être un travailleur qu’un chômeur pauvre. Les chances de trouver un job grâce à Pôle emploi sont divisées par deux au bout d’un an d’inactivité. Il faut tout faire pour rester dans la danse. De façon générale, il n’y a pas assez de différence entre les revenus du travail et ceux de l’assistanat et les positions de Contribuables Associés sont du domaine de la salubrité publique ! »
La réaction d’Olivier Collas, ancien Vice-Président de la Caisse nationale des allocations familiales
Une suspicion grandissante vis-à-vis de l’assistanat
« On constate la forte progression de la valeur travail au détriment du sentiment d’assistanat par la 1ère question. C’est une des conséquences de l’effet 35h que l’on retrouve dans les enquêtes de Pôle emploi où les métiers aux horaires décalés et horaires variables sont en tension : métiers agricoles, agents d’entretien, restauration, aides à domicile. Le principe de la protection sociale fondée sur sur l’égalité de tous, issu du Conseil national de la Résistance, continue de prévaloir puisqu’une majorité n’est pas d’accord pour réserver les allocations et autres prestations sociales aux 15 % des Français les plus pauvres. La méfiance à l’égard de la capacité des organismes sociaux à lutter contre les fraudes est très marquée, renforcée par la volonté de présenter une carte d’identité sécurisée lors d’une demande d’allocation sociale. On retrouve une suspicion grandissante vis-à-vis de l’assistanat, du principe de l’égalité de tous face à la protection sociale et de la volonté réelle de lutte contre la fraude. »
Lire l’ensemble des résultats de l’étude.
«L’assistanat ruine la France», Les Enquêtes du contribuable mars/avril 2014 – 68 pages, 3€50. En kiosque le 28 mars 2014. Suivre ce lien pour commander en ligne le numéro. Sur abonnement : www.contribuables.org/boutique.