L'économiste Paul Jorion, qui a vécu de près le déroulement de la crise qui perdure, a parfaitement décrit le processus qui l'a déclenché, dans lequel la « titrisation » a joué un rôle essentiel. (Voir son blog iciet ses livres, notamment sur le sujet ceux de 2008 ici)
L'essentiel de ce processus consiste à permettre aux banques de sortir de leur bilan la responsabilité qui est la leur lorsque un prêt, quel qu'il soit, est accordé.
Grosso modo : on découpe en tranches les prêts « titrisés » puis on mélange des tranches venant de titres différents pour un faire de nouveaux « produits » (ABS et autres noms d'oiseau) qui seront revendus dans le marché. Sans que le « risque » réel de non remboursement de chacun soit facilement et clairement appréciable.
En vendant tout ou partie de ces nouveaux titres, les banques « nettoient » d'autant leur bilan, réduisent leurs engagements, repris par d'autres.
C'est cette « déresponsabilisation » qui est la source première du risque des produits « titrisés » Surtout lorsque on sait quelle confiance on peu accorder au secteur banquier pour « s'amender » jouer cartes sur table et ne pas refaire des erreurs passées.
Ce qui s'est passé depuis le sauvetage -forcé- du secteur bancaire par l'intervention publique, c'est à dire avec nos portefeuilles à nous citoyens lambda, le démontre aisément.
Quelles sont les hypothèses de titrisation sur lesquelles dit travailler la communauté des banques centrales européennes aujourd'hui ?
D'après la presse spécialisée, la titrisation « sérieusement encadrée » (sic) pourrait porter sur des prêts consentis par les banques à des PME ou autres entités industrielles européennes qui en ont grand besoin.
Les banques « fabriqueraient » des ABS à partir des tranches de ces titres, lesquels ABS pourraient être rachetés par la Banque Centrale Européenne.
Et c'est quoi, la Banque Centrale Européenne, sinon la gardienne de notre richesse ?
En d'autres termes, par un tour de passe-passe la responsabilité du résultat final de ces titres reposerait sur la communauté, c'est à dire, sur les citoyens et la richesse qu'ils produisent.
Merveilleux, non ?
Je sais qu'un tel texte peut -et doit- être critiqué.
J'aimerais cependant pouvoir lire quel type de garantie peuvent avoir les citoyens de ne pas se trouver avec la charge des éventuelles défaillances naissant de ces ABS.
Et quelle responsabilité resterait à charge des banques qui ont accordé les prêts. Les citoyens lambda ne se trouveraient ils pas dans ces cas de figure, à jouer, sans le savoir, le rôle des actionnaires des banques ?
© Jorge