Magazine Humeur
Aux temps préhistoriques où le téléphone était l'outil de communications dominant, avant internet, l'histoire d'une entreprise Étasunienne, AT&T, a fourni le modèle des étapes de constitution d'un monopole, dit naturel, qui met les citoyens d'un pays n'ayant pas d'autre alternative disponible, au service exclusif des profits du monstre.Ce monopole avait été cassé à une époque ou les lois anti-trust avaient encore un certain crédit.De nos jours, Google ou en moindre degré Facebook n'ont pas encore atteint les sommets auxquels était parvenue AT&T, mais l'une comme l'autre empruntent un chemin similaire. Et c'est inquiétant.Si dans leur phase actuelle la créativité technique reste encore apparemment dominante, leur puissance financière leur permet une « croissance externe » par achats de plus en plus fréquents, pouvant mener peu à peu à la constitution d'un espace que leur toute puissance tend à convertir en nouveaux monopôles.Les notions juridiques « d'abus de position dominante » auraient déjà tout leur sens appliquées à Google et en moindre mesure à Facebook. Cela supposerait, certainement, qu'on cesse de voir dans toute intervention de l’État une tentative de reconstitution de l'économie de l'URSS, peut-être aussi qu'on revisite ce que fut, au Japon, la période du MITI, le ministère qui donna une impulsion décisive à l'industrie locale et aida le Japon à devenir l'acteur mondial qu'il est.Sans doute plus encore qu'on sorte d'une lecture trop étroite de l'amélioration des comptes des États par la restriction de dépenses au profit, pour tous les membres de l'Union Européenne, d'un volontarisme créatif à long terme.© Jorge