Prenez un septuagénaire taiseux, doux rêveur qui perd la boule et s’imagine avoir gagné un million de dollars (Bruce Dern, prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes). Imaginez son fils cadet dépassé par la situation mais convaincu qu’il faut redonner une motivation au vieil homme pour le sortir de son délire (Will Forte, du « Saturday night live »). Et voici comment débute ce « road movie » épique au cours duquel un dentier va être perdu puis retrouvé, des points de suture vont être réalisés, un décompresseur va être volé, des retrouvailles intéressées vont être célébrées, des souvenirs vont refaire surface et des confidences vont se glisser au détour des conversations.
Avec Nebraska, Alexandre Payne (The Descendants) traite à nouveau des relations familiales à travers l’histoire des errances d’un père vieillissant, perdu dans son monde, entouré de son épouse au caractère bien trempé et qui n’a pas la langue dans sa poche (formidable June Quibb), et des ses fils au tempérament si différent, mais présents bon gré mal gré à ses côtés.
Des répliques cinglantes, un humour au second degré particulièrement savoureux – surtout lorsqu’il s’agit de la rencontre avec les tantes et les cousins, « ces espèces de ploucs rapaces qui n’attendent même plus les funérailles pour rôder autour du butin » -, une mise en scène épurée qui n’est pas sans rappeler les films de Jim Jarmush (Coffee and Cigarettes), une esthétique en noir et blanc des plus réussies, des acteurs en tout point parfait… Payne, qui avoue aimer que ses films « soient des tapis volants qui embarquent les spectateurs dans une histoire », nous régale en nous livrant une comédie piquante et pleine de tendresse.
Qu’attendez-vous pour embarquer à bord?
Sortie mercredi 2 avril 2014.