Même si depuis quelques jours, la p'tite famille du farang-ISAN a posé ses valises en France et plus particulièrement sur l'axe Bretagne-Nantes-Noirmoutier, il y a peu, nous étions encore à Ban Pangkhan et depuis la dernière gazette, 23ème du nom, presque trois mois se sont écoulés. Je parlais alors de l'hiver, une rigolade pour ceux qui restent au niveau des latitudes et longitudes hexagonales, mais en ISAN comme partout en Thaïlande excepté peut-être dans la grande moitié sud, cette année, ce fut un fait marquant, l'hiver fut long et particulièrement froid ! Gelées blanches dans les plaines, flocons à Phu kadung près de Loei, du jamais vu, enfin pour les dernières générations thaïes. Aides d'urgences du gouvernement dans de nombreuses provinces, couvertures, chaussettes et j'en passe ! Certaines personnes fragiles sont même passées de l'autre coté du rideau ! Cet hiver là , on s'en rappellera du coté de Ban Pangkhan, même si certains souriront, des matins à 10°C et des journées sans soleil ne dépassant pas les 20°C plusieurs semaines de suite, le riz de la récolte intermédiaire, le Khao Na Pang, s'est mis en « mode veille »...Mes voisins qui ont de grandes étendues de rizières s'inquiétant même de la survie même de ces dernières semailles !
Le riz en « stand-by » mode « gelé », les subventions promises par le gouvernement, dans le cadre d'un programme d'aide au maintien du cour du prix du riz mis en place depuis trois ans, distribuées au compte-goûte, voire carrément reportées à la Saint-glinglin, le paysan de Pangkhan s'est bien demandé comment allait-il faire pour rembourser ses emprunts... Je ne voudrai pas être alarmiste mais certains, deux d'entre eux de deux villages voisins, à ma connaissance, se sont retrouvés au petit matin au bout d'une corde aussi froid que l'hiver fut rude en ISAN ! Et, à ce qui paraît, ce n'était pas les seuls...mais la rumeur s'est là aussi très vite amplifiée, sans informations viables, le bouche à oreille devient vite de l'information type « Tabloïd » ! Le gouvernement n'avait plus l'argent pour assumer ses promesses faites à ses paysans ; un grand mystère pour savoir dans quelles poches mystérieuses avait-il atterri ? Certains doivent bien le savoir pourtant ? Mais sont-ils, ces corrompus, déjà à se dorer la pilule dans quelques contrées lointaines ? Bah, même pas peur ! Le style thaï, le style maison, je joue à domicile, étant plutôt de rester au pays sans avoir aucune honte à exhiber sa fortune faite sur quelques argents détournés ! Et certains pourraient se délecter et casser du bois sur le dos du gouvernement actuel, mais attention, cet état de fait existe depuis la nuit des temps au pays, bien avant « l'ère rouge » des Taksin !
Parlons en d'ailleurs, pendant que le gouvernement de Yingluck Shinawatra se demandait bien comment allait-il faire pour payer ses paysans, se tirant une balle dans le pied puisque « ses » agriculteurs venant la plupart d'ISAN sont leur principal soutien, d'autres, des anciens élus ayant perdu les élections précédentes et ceci à répétition, issu du mouvement jaune, voulaient tout nettoyer, rendre la politique propre, plus démocratique, quel beau dessein ! Mais, entre-nous, je dis bien « Chut...entre nous », en dissolvant une assemblée élue, pour y mettre à la place une assemblée non élue dont les membres (honorables bien évidemment) seraient nommés (par qui d'ailleurs ? On ne le sait toujours pas!) et qui déciderait du futur bon fonctionnement d'une future démocratie en Thaïlande, un renouveau ? Cela me paraît être bien plus dangereux que la démocratie, même si celle-ci est claudicante, ce que Suthep (il est un des leaders du parti démocrate, principale parti d'opposition) voulait me parait bien obscur et plus proche, plutôt du coup d'état que du renouveau de la façon de faire de la politique dans l'ancien royaume du SIAM. Le gouvernement a pourtant plus ou moins cédé, en organisant des élections mais Suthep et ses sbires n'en ont pas voulu. Boycott ! Bien voyons ! Les rouges ont encore gagné, certes mais le problème n'est pas réglé, et quelques manifestations plus tard et blocage intempestifs de la capitale par une minorité, la fracture entre ceux des campagnes du nord et du nord-est et une certaine élite et une classe moyenne rêvant de faire parti de l'élite s'est encore accentuée ! Les élections législatives ont donc été annulées, on revotera, avec les jaunes ce coup-ci, enfin sûrement et en attendant une partie du sénat était à renouveler le 31 avril, avec tous les belligérants ce coup-ci et je vous le donne en mille des 77 sièges à renouveler (les autres sièges étant attribués par « des sages »), 40 vont aux...Puay Thai, c'est-à-dire, les Rouges, pour faire court ! On n'est pas sorti de l'auberge...les amis de Suthep ont plié gaules et barricades, la capitales lors de notre passage avant notre départ vers la France était redevenue Bangkok grouillante de voitures et de petites mains allant et venant à leur dur labeur. Il y eu des morts, des bombes, des policiers abattus, des touristes fuyant alors que la saison devait battre son plain et lors de notre retour au SIAM, rien, non rien ne sera réglé... La Thaïlande est en train de devenir deux Thaïlande encore plus marquée !
Par contre à Ban Pangkhan, même si on parlait de ces événements qui ont touché la capitale, la vie continuait...Le 11 janvier, il y eut le jour des mômes, « le wan dek », jour où tous rendent hommage à la jeunesse, trois jours plus tard, sûrement par compensation, et cette journée n'est pas une journée officielle de l'ONU, celle des profs qui font d'ailleurs la même chose que les enfants, football, karaoké, défilé et bouffe gratos !
Le 31 de ce même mois était le nouvel an chinois, l'année du cheval (de bois) pouvait débuter et même si à Pangkhan, cela passe plutôt inaperçu, à Sélaphum et Roi Et, partout où la communauté chinoise est présente, cela donne lieu aux traditionnels défilés et distributions de cadeaux et nourritures de toutes sortes ! Enfin si cela vous passionne pour les années à venir, il vous faudra vous rendre à Bangkok dans le quartier de Pratunam, le quartier chinois de la capitale. Vous en verrez de toutes les couleurs, les pétards et artifices vous raviront aussi !
L'année du cheval débutait et l'année scolaire trébuchante sentait bon l'arrivée des grandes vacances. Mais il fallait y passer auparavant, les examens de fin d'année...Tangmoo réussira son passage en PO 2 et Tan sera bachelière...La grande partira à l'université, elle n'a pas encore décidé vers laquelle elle se rendra (elle attend encore quelques résultats d'admission aux écoles) mais vraisemblablement, elle ira en fac de science physique-chimie pour six années, à Ubon Ratchatani. Tangmoo maîtrise après cette année studieuse de l'équivalence du CP, lire et écrire le thaï, additionner et soustraire et le petit plus avec Pôpa Jeff, lire et écrire le français, si si (sou sou) ! Bravo les gamins !
Entre temps, à force d'en entendre parler, nous nous rendions, mon ami Greg la boulange et moi-même pour un tour gastronomique. J'écrivais d'ailleurs, un article « La route du serpent grillé ». On trouvait du bœuf de qualité puis on continuait vers Udon, où nous faisions un stop approvisionnement de« fromages et autres charcuteries », dans la boutique « Udon Délices » (voir le plan). Le petit hôtel jouxtant la boutique nous accueillait (500 baths la nuit, clim, frigo et piscine attenante) et fut parfait. On tentait une sortie près de la gare et du central plaza, quartier des bars mais même sortie de notre cambrousse, nous avons trouvé l'endroit plutôt glauque...manquions nous peut-être d'un guide, où sommes-nous blasés ? Sûrement les deux, mon Général ! On continuait la route vers Khon Kean pour se retrouver avec notre ami et voisin de Sélaphum Hans au Pullman de la ville pour notre gueuleton annuel ! Et il faut le dire, d'année en année la qualité du restaurant, buffet à volonté le soir au rez-de-chaussée laisse à désirer...Nous revenions de cette balade afin d'accueillir notre ami Pat d'Amnat, trois ans sans revenir en ISAN, les valises pleines de gourmandises venues directement de l'hexagone et Pat ne fait jamais dans le minima...Côtes de bœuf, gigot de pré-salé, et tout le toutim ! Greg continuait de déployer ses talents de pâtissier (facile, vous me direz, c'est son métier, mais encore faut-il avoir envie de le faire ! Eh ! En ISAN, il est facile de se laisser vivre ???). Un dernier mot sur les dessert de cette saison 2556-2557, ce fut le praliné dans tous ses états... Paris-Brest, Japonais, Glace maison, St honoré revisité, Galette des rois, Feuilletés pralins et j'en passe !
Toute cette avalanche de bonnes choses nous réchauffaient, n'oublions pas, il faisait toujours un froid de (confit de) canard... « Stop ! J'ai dit ! Im' Léo ! ».
Au village, la belle sœur Toy finissait enfin sa maison, peinture et déco, les voisins aussi se sont mis aussi « aux normes », nouveau style de maison, Lung « pougny Out » l'épicier s'est fait une maison encore plus « cheap cheap » que TOY, 160 000 baths (3800€) toute équipée et Beuy et Sou, les parents de Koy ont rasé la vieille maison en bois pour construire un château de plein pied sur un monceau de terre de rizières apporté par un incessant aller et retour de camion, je n'ai pas compté mais pas loin de mille camion minimum...Une enceinte style, « ma maison a un grand mur anti voisin » ce qui a permis de testé l'amitié entre voisin ! Bagarre pour quelques centimètres grattés sur le terrain du voisin, prises de bec, destruction et reconstruction du mur...Un vrai film, où cris et engueulade sont la base du scénario ! La maison sera peut-être finie lors de notre retour, il faudra alors sortir le grand angle, pour la photo !
Dans notre modeste maison, nous avons fait les réparations annuelles, 13 ans et il faut le dire, la termite attaque, mais chaque année, nous redonnons de la nourriture fraîche à cette petite bestiole dont il est quasiment impossible de se défaire même avec tous les traitements inimaginables que le monde compte ! « Quand la termite veut, elle peut ! »
Si, comme je le disais lors la précédente gazette, les règles pour l'attribution des visas no-immigrant option mariage avaient changés quelque peu (preuves de revenu certifiées par l'ambassade ne suffisent plus), le fait d'avoir les 400 000 baths sur son compte au moment de la demande de prolongation s'est faite sans soucis...Je resterai encore en ISAN, pour un bon bout de temps, enfin au moins jusqu'en 2015... Nous nous sommes aussi fait le waï d'adieu, fonctionnaires de l'immigration de Amant Charoen et moi-même, puisque cette année verra l'ouverture d'un bureau de l'immigration à Roi Et... Enfin, j'attends de « le voir pour le croire », peut-être se reverra-t-on ? D'ailleurs, ils se sont bien marrés lors de cette remarque de ma part, ils le pratiquent depuis bien plus longtemps que moi !
Oy a aussi ré-ouvert son restaurant, chaque année, une petit échoppe, « yam mun sen »(salade de nouille de soja) et « Loukchin »(sorte de boulettes de viande ou poissons (?) et farines mélangés aux goûts douteux que l'on frit ou plonge dans un bouillon), qui fait le bonheur des gamins et des plus grands du village et bien-sûr de Ma Dame qui gagne alors son petit billet et peut s'adonner à sa passion favorite, le bavardage !
Entre temps, j'écrivais aussi un article pour vous remercier de me lire « Quatre années à bloguer » et depuis que j'ai le haut débit internet, trouvant alors sur la toile de nombreuses vidéos que je pouvais enfin visionner, je les partageais dans trois articles : « Le molam dans tous ses états ! », « Entre le Royaume du Siam et La Thaïlande. » et pour finir « Un film, une perle ! » partageant alors le film « Chang, l'éléphant », film muet se déroulant en ISAN datant de 1927 !
Il y eu bien-sûr de nombreux mariages au village dont celui de l'institutrice de Tangmoo, il était temps, 35 ans tout de même, le mari un prof de Sisaket, très efféminé, et aux dires de certains, connaissant le futur marié, mariage de raison pour les deux, histoire de rentrer dans le rang...enfin, ce fut une belle fête, molam et table « à la chinoise » pour le plaisir de tout le village qui y était convié !
S'il y en a qui se marient, il y en a qui nous quittent, comme la maman de Dao la meilleure amie de Oy, son mari, joueur de Kean et pratiquant le culte catholique est bien triste...Le crabe a encore sévit comme il s'invite de plus en plus en ISAN...Une cérémonie simple et intimiste ! Adieu, Yaille !
Nous allons nous quitter en constatant qu'avec toutes ces fêtes et cérémonies, il y eut encore les traditionnelles (Voir les articles des années précédentes dans la rubriques « Villages ,insolites... ») : le Khao Pann Khon (cérémonie d'hommage aux morts qui a lieu en pleine nuit au temple), le Boun Pawet, où l'on fait les offrandes aux temples pour le temple (où l'on mange aussi des Capoun (khanom chin en Thaï), sorte de Spaghetti à la farine de riz que l'on lange avec un curry très pimenté), et la traditionnelle remise des récompenses faites ce même jour aux élèves les plus méritants du village (Tan a eu le droit à sa petite enveloppe), le cousin d'Amérique devant comme chaque année venir de Frémont en Californie où il est le vénérable du temple pour remettre ces rpix et qui comme chaque année depuis cinq ans brille par son absence !
Comme on le dit en ISAN, comme je vous le dit à chaque fin d'article : « paille Kheundheu » mais je vous lâcherai un dernier scoop avant de nous quitter : l'hiver est bien finit, et ceci depuis le 10 mars, la chaleur accablante s'est installé, les 40°C se sont vite installés au sein des rizières, le riz a repris sa pousse inexorable, juste avant notre départ pour notre escapade hexagonale, nous avons subi notre premier orage, une tempête dantesque qui a arrachée arbres, poteaux électriques et ayant sûrement fait d'autres dégâts qui me sont inconnus ! Il fallait bien qu'il pleuvent, nous n'avions pas eu une goutte d'eau depuis début novembre ! Eh ! Sur ce, et je vous le dit pour de bon :
Paille Kheundheu...
PS : Un dernier partage pour ceux qui n'ont pas Facebook où je trouve de temps à autre quelques articles et vidéos bien sympathiques, voire insolites !
Tout d'abord un bel article de OBEO qui vous renvoi vers un superbe documentaire :
La Thaïlande à l'état sauvage
Puis cet article édifiant :
Bangkok : autopsie du stade ultime de l’urbanisme capitaliste
Un peu de musique, une vidéo ?
La route en Thaïlande : Dangereuse certes, mais pas seulement !
La bêtise n'a pas frontière !
Puis on termine par de l'absurde ! Du grand art qui m'a replongé dans ma jeunesse, "Pif Gadget" !
« Un film, une perle !
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