Ypsilon éditeur continue son magnifique travail d’édition de l’œuvre d’Alejandra Pizarnik. Après l’Enfer Musical, Le Cahier Jaune, Extraction de la pierre de folie, La Comtesse sanglante, Les Travaux et les nuits, voici Arbre de Diane, préface d'Octavio Paz et traduit par Jacques Ancet comme tous les livres précédents parus en 2012 et 2013.
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C’est fermer les yeux et jurer de ne pas les ouvrir. Tandis qu’au-dehors ils se nourriront d’horloges et de fleurs nées de la ruse. Mais, les yeux fermés et une souffrance trop grande en vérité nous jouons des miroirs jusqu’à ce que les paroles oubliées résonnent magiquement.
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Zone de fléaux où la dormeuse mange
lentement
son cœur de minuit.
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Un jour
un jour peut-être
je m’en irai sans reste
je m’en irai comme qui s’en va
À Ester Singer
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La petite voyageuse
mourait en expliquant sa mort
de sages animaux nostalgiques
visitaient la chaleur de son corps
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vie, oh ma vie, laisse-toi tomber, laisse-toi souffrir, ma vie, laisse-toi envelopper de feu, de silence ingénu, de pierres vertes dans la maison
de la nuit, laisse-toi tomber et souffrir, oh ma vie.
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dans la cage du temps
la dormeuse regarde ses yeux seuls
le vent lui apporte
ténue la réponse des feuilles
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par-delà toute zone interdite
il y a un miroir pour notre triste transparence
Alejandra Pizarnik, Arbre de Diane, traduction Jacques Ancet, Ypsilon.éditeur, 2014, pp. 43-49.
Alejandra Pizarnik dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, Journaux 1959-1971), ext. 5, « Jeu tabou », ext. 6, ext. 7