L’épidémie mondiale d’obésité infantile est devenue un problème majeur de santé publique, pourtant son association avec la santé cognitive reste mal connue. Cette expérience montre que les enfants obèses sont plus lents que les enfants en bonne santé à reconnaître une erreur et la corriger. La recherche est la première à montrer que le poids affecte non seulement la rapidité de réaction des enfants mais a aussi des conséquences sur la réponse cognitive du cortex cérébral dans l’action.
L’étude a examiné la relation entre l’obésité et le contrôle cognitif à partir de mesures neuro-électriques et comportementales de 74 enfants préadolescents, dont la moitié étaient obèses et la moitié de poids normal. Les enfants devaient indiquer la direction de bancs de poissons animés sur un écran, certains poissons allant ou non dans la même direction que le groupe principal.
Les chercheurs constatent non seulement que les enfants atteints d’obésité sont considérablement plus lents à réagir aux mouvements des poissons mais aussi que les enfants de poids normal sont plus aptes à rectifier leur comportement pour éviter de reproduire leurs erreurs. Enfin, les enfants de poids normal se révèlent plus précis dans l’accomplissement de la tâche, avec un meilleur contrôle de l’exécutif.
Ensuite, les chercheurs ont évalué à l’IRMf l’activité électrique « à l’intersection de la pensée et de l’action « , explique le Dr Hillman, professeur de kinésiologie à l’Université de l’Illinois. « Nous pouvons mesurer ce que nous appelons la négativité liée à l’erreur (ERN), une activité électrique générée par le cerveau lorsqu’il génère des erreurs. Concrètement, lorsque les enfants font une erreur, l’ERN devrait être plus importante. C’est plus fortement le cas chez les enfants de poids normal qui ont une plus grande capacité à réguler ce processus neuro-électrique sous-jacent à la reconnaissance et l’évaluation de l’erreur.
Des résultats qui suggèrent ainsi que l’obésité est associée à une diminution du contrôle cognitif, via l’activité dans le cortex préfrontal et le cortex cingulaire antérieur, 2 zones impliquées dans le contrôle de l’action. Des résultats qui ont aussi des implications concrètes dans le parcours scolaire des enfants : Une tâche de contrôle de l’exécutif (action) nécessite de l’organisation, de la planification et de l’inhibition, des processus cognitifs également nécessaires pour réussir en mathématiques et en lecture, donc importants pour la réussite scolaire puis professionnelle.
Source: Cerebral Cortex doi: 10.1093/cercor/bhs349 The Negative Association of Childhood Obesity to Cognitive Control of Action Monitoring