Le poème de la semaine

Par Claude_amstutz
Je me souviens de vous
Tout au fond d'un jardin secret
Dans le soleil léger de mai
J'étais à vos genoux
Je me souviens de vous
Nous vivions à cent lieues de tout
L'amour nous tenait lieu de tout
Vos yeux guidaient mon rêve fou
Dans le verger plein de parfum
Chantaient de gais oiseaux
Les feuilles frissonnaient
Là-haut
Je me souviens de vous
Les ombres bleues du soir tombaient
Tout contre moi vous vous serriez
La vie allait danser pour nous
La ville dort sous la chaleur de juin
Voici l'Église et le marché au pain
Voici la rue, le vieux portail disjoint
Qui cède et s'ouvre sous ma main
Je me souviens de vous
Fantôme d'un amour pâli
Amer plaisir des jours jolis
Jeunesse au coeur cassé
Je me souviens de vous
J'étais entré heureux, soudain
Je vous ai vus dans le jardin
Sa joue collée à votre joue
Dans le verger plein d'oiseaux gris
S'est arrêtée ma vie
Et je me suis sauvé
Bien loin
Je me souviens de vous
Amie perdue, ma vie, mon coeur
Voici que se ferment les fleurs
Et voici que je pleure...
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel, 
Anthologie poétique francophone du XXe siècle