Quand on se coupe de tout et qu’on part au loin, on est confronté à soi-même. On se retrouve. On ne répond plus aux besoins d’autrui, mais aux siens. A quelque part on redevient un animal. Notre cerveau reptilien reprend le dessus. Les besoins physiques deviennent plus importants : manger, boire, dormir et … enfin vous savez de quoi je parle.
Bref. Allongé sous un palmier, je me laissais aller à mes pensées, pas encore endormi, mais pas très alerte non plus. Je revoyais avec détachement les derniers mois passés à travailler comme un forcené. Tout cela me paraissait si proche et si loin à la fois. Face à mon vrai moi, là, sous ce palmier, je me disais que cet autre moi, celui qui courait dans tous les sens, ce n’était pas vraiment moi. A l’ombre, sous une légère brise, bercé par le clapotis des vagues, paisible, avec personne pour troubler cette réelle quiétude, je me retrouvais. Caché sous ce palmier, les problèmes ne venaient pas à moi, et je n’aller pas les chercher non plus.
C’est ainsi que j’ai fait mien le « concept du palmier » qui se rapproche de la morale de la fable du Grillon « Pour vivre heureux, vivons caché ». Bien appliquer ce principe est facile à faire quand on est sur une île, ça l’est beaucoup moins quand on est dans le monde professionnel. Même si l’on essaie de se faire discret, et de ne pas aller à l’encontre des problèmes, ceux-ci ne tardent pas à venir à nous.
Toujours sous mon palmier protecteur, sur la route de Morphée, et toujours amusé par cet autre moi se faisant chahuter comme un pantin, je réalisais que malgré toute ma volonté, le concept du palmier ne serait vraiment applicable qu’à partir du moment où les fils seraient coupés avec le monde professionnel. Avant d’en arriver à sa morale, le Grillon nous dit bien « Combien je vais aimer ma retraite profonde ».
Alors à ce moment, et juste avant de m’endormir, je me fis la promesse que le boursicotage était terminé et que j’investirai uniquement pour devenir rentier. Et c’est ce précisément ce que je fais depuis douze ans.