Car les échecs de la prise en charge médicale du diabète de type 2 sont à l’origine de graves complications avec un accroissement de la mortalité et une diminution de la qualité de vie. La chirurgie bariatrique, initialement destinée à traiter les obésités morbides, qui a déjà montré des preuves de son efficacité métabolique pourrait être une alternative thérapeutique reconnue de seconde intention. Notons qu’aujourd’hui, toujours en France, la Haute autorité de santé (HAS) n’autorise à ce jour le recours à la chirurgie que pour un Indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 35, ce qui l’interdit de fait en dehors de l’obésité.
Cette large étude, « STAMPEDE » (pour Surgical Therapy And Medications Potentially Eradicate Diabetes Efficiently) a comparé l’efficacité de 2 techniques « classiques » de chirurgie bariatrique, la gastrectomie longitudinale (GL) et le bypass gastrique (BPG) gastrique avec le traitement médical intensif seul dans la gestion du diabète non contrôlé de type 2 chez les patients en surpoids ou obèses. Les chercheurs ont ainsi suivi durant 3 ans, 150 patients, âgés de 41 à 57 ans, à 66% des femmes, assignés au hasard
· au traitement médical intensif seul (conseils, changements de mode de vie et médicaments),
· au traitement médical + bypass gastrique,
· au traitement médical + gastrectomie longitudinale.
Au début de l’étude, les patients avaient un niveau de glycémie (HbA1C) en moyenne de 9,2%, vivaient avec un diabète non contrôlé depuis 8 ans ou plus et prenaient 3 anti- diabétiques ou plus et 3 médicaments pour le cœur ou plus.
· 5% des patients du groupe traitement médical intensif seul sont parvenus au contrôle glycémique,
· vs 37,5% des patients du groupe bypass
· vs 24,5% des patients du groupe gastrectomie.
Les patients des 2 groupes « chirurgie » présentent également une amélioration significative des facteurs de risque cardiovasculaires majeurs, dont l’IMC, un meilleur contrôle du poids, le taux de triglycérides et de cholestérol HDL. Sur le poids, les auteurs précisent qu’à 3 ans, la perte de poids était cinq à six fois plus élevé pour les patients ayant subi un pontage gastrique ou une gastrectomie par rapport aux participants du groupe de traitement médical intensif.
La conclusion deschercheurs est claire : Les 2 options chirurgicales sont supérieures au traitement médical intensif standard à terme de 3 ans. Ici, commente l’un des auteurs, on s’imagine que multiplier les médicaments et inciter les patients à perdre du poids aboutira au même résultat, cependant ici, l’intervention chirurgicale est plus efficace. Mais ce n’est pas tout. Il faut souligner également,
· l’amélioration de la qualité de vie significative chez les patients opérés (Voir schéma ci-contre),
· la diminution (ou l’abandon) du recours aux médicaments : A 3 ans, 5 à 10% des patients opérés étaient toujours sous insuline vs 55% des participants du groupe traitement intensif.
Bien évidemment, la chirurgie bariatrique n’est pas sans risques et peut aussi entraîner des complications telles que des hémorragies, des infections ou des caillots de sang. Cependant, les chercheurs ne rapportent pas ici de complications chirurgicales majeures.
Source: ACC’s Annual Scientific Session Bariatric surgery beats medical therapy alone for managing diabetes et New England Journal of Medicine March 31, 2014 DOI: 10.1056/NEJMoa1401329Bariatric Surgery versus Intensive Medical Therapy for Diabetes — 3-Year Outcomes