Même si on la considère méritée, on peut regretter que l’élection municipale
n’ait été qu’un vote défouloir pour contester la gestion du pays. Il n’est pas
bon pour la démocratie d’en perturber le rythme est d’en dévoyer les
échéances.
On comprend la rancœur des maires socialistes battus qui pour certains
d’entre eux n’avaient pourtant pas démérité et qui se trouvent blackboulés
parce que leurs ex électeurs ont voulu sanctionner le chef de l’Etat et son
gouvernement.
On le savait depuis quelques temps déjà, mais ce qu’ont, avant tout, montré,
sinon confirmé ces élections, c’est que François Hollande a définitivement
perdu le soutien de l’électorat traditionnel de la Gauche. Les uns se sont
tournés vers le Front National, d’autres se sont abstenus et d’autres encore
ont même voté pour le candidat de la Droite.
C’était inévitable, l’arrivée de la Gauche au pouvoir, dans un tel contexte
ne pouvait-être qu’un échec. La faute du PS a été d’avoir trop longtemps nié
les réalités économiques. Lorsque la prise de conscience a eu lieu, largement
grâce à François Hollande, il faut le reconnaitre, il était trop tard. Trop
tard pour expliquer les contraintes auxquelles la France est confrontée à des
gens, auxquels, pendant des décennies, ont a fait croire que tout était simple,
qu’il suffisait de le vouloir pour concilier rigueur économique, justice
sociale, hausse du pouvoir d’achat, SMIC à 2 000 euros, logements abondants et
pas chers, solidarité débridée, services publics pléthoriques, plein emploi et
tout cela sans effort, dans la joie et la bonne humeur.
Bon, la dure réalité à rattrapé tout le monde et la déception ne pouvait
qu’être au bout du chemin, d’un court chemin.
François Hollande ne récolte que ce qu’il a contribué à semer en tant que
premier Secrétaire Général du PS, puis ensuite comme candidat même s’il n’était
pas le pire en la matière.
Le seul moyen qu’il aurait eu de limiter les dégâts, c’eut été de définir
d’entrée une stratégie claire et forte qu’il aurait imposée sans perdre de
temps et en faisant preuve d’une exceptionnelle pédagogie afin de faire
comprendre à ses électeurs, d’une part que la situation justifiait quelques
entorses à la doctrine socialistes et d’autre part que les résultats ne
seraient pas visibles immédiatement.
Or il a fait tout le contraire. Après les premiers errements du Gouvernement
dont on se rappelle qu’il était à deux doigts d’amener la direction de Peugeot
devant un peloton d’exécution, François Hollande a clairement changé de cap
pour, au moins sur le papier, prendre de bonnes orientations. Plus question de
traiter des chefs d’entreprise de parasites doublés d’exploiteurs ni de
continuer à engraisser un Etat boursouflé.
Le problème c’est que ce changement de cap n’a pas été correctement
expliqué. Explication pas forcément indispensable pour tous ceux pour lesquels
tout cela était évident, mais qui a manqué cruellement à ceux qui croyaient de
telles mesures réservées aux valets du grand capital et de la finance
débridée.
Par-dessus le marché, et dans la foulée de la campagne électorale, on a
laissé croire que les effets des mesures prises allaient être visibles quasi
immédiatement, ce qui ne pouvait qu’entrainer déceptions et incompréhension.
Pas surprenant dans ce contexte que la première occasion pour les ex électeurs
de gauche de montrer leur colère ait été empoignée avec vigueur.
Pour autant il ne faut surtout pas qu’Hollande en tire des conclusions
hâtives.
De toute façon, il se retrouve dans un corner, il est coincé.
Sauf à se renier complètement et à mener le pays à la catastrophe, il ne
pourra pas récupérer son bon peuple de gauche.
S’il écoute le discours que tiennent les ex maires socialistes, certains
ténors socialistes comme Benoit Hamon, le Front de Gauche et même une partie
des Verts, le message est clair, il faut qu’il change de politique. Exit la
réduction des déficits, exit le Pacte de responsabilité, exit même la réduction
des dépenses publiques.
Or, c’est tout le contraire de ce qu’il doit faire. Il doit aller plus vite
et plus fort dans la voie sur laquelle il s’est engagé. Il doit s’engager
ouvertement et résolument dans la voie du social-libéralisme et tant pis s’il
fait fuir les quelques irréductibles qui n’ont pas encore désertés les rangs
des sympathisants socialistes.
En choisissant Valls, social libéral de longue date, celui que Mélenchon
qualifie de « plus grand commun diviseur de la gauche », François Hollande
a définitivement franchi le rubicond. Il ne reviendra pas en arrière quitte à
s’éloigner à toute allure de ceux qui l’ont élu.
Même s'il était de toute façon trop tard pour les garder, il faut lui reconnaitre un certain courage et une belle lucidité pour avoir compris que seuls des résultats significatifs pourront les ramener à lui.