Qu’est-ce un anti-inflammatoire non stéroïdien(AINS )?
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont un groupe de médicaments souvent utilisée en médecine vétérinaire et en médecine humaine.
Certains produits, d’ailleurs, peuvent être obtenu sans prescription et on peut citer des produits connus comme : l’aspirine, le paracétamol,….
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont utilisés pour :
1. Leur action analgésique (antidouleur)
2. leur action antipyrétique (lutter contre la fièvre)
3. leur action anti- inflammatoire.
4. leur pouvoir antiagrégant plaquettaire : utilisés pour fluidifier le sang
Attention: les AINS ne sont pas des anti-infectieux, ils ne luttent pas contre l’infection .Ce sont les antibiotiques qui ont cette propriété.
Pour comprendre l’action anti-inflammatoire des AINS, il faut d’abord comprendre le mécanisme de l’inflammation.
Quel est le mécanisme de l’inflammation ?
Face à un traumatisme, une brûlure, une infection,… l’organisme peut réagir en provoquant une inflammation qui fait intervenir de nombreuses substances telles que des prostaglandines, l’histamine, bradykinine, des thromboxanes…
Cela déclenche une série des symptômes que vous connaissez tous pour avoir déjà été victime de phénomènes inflammatoires : rougeur, douleur, fièvre.
Je vous ai mis le schéma du mécanisme simplifié de l’inflammation:
Ce qu’il faut retenir de ce schéma, c’est qu’il y a un ensemble d’enzymes impliqués dans ce processus. Et les principaux enzymes (protéines) sont les Cox (les cyclo-oxygénases).
Comme vous pouvez le constater sur ce schéma, il y a deux types de Cox: le COX1 et le COX2.
Lors d’une inflammation, les phospholipides des membranes cellulaires libère l’acide arachidonique qui lui-même est transformé, grâce à ces enzymes COX, en substances qui vont être responsables des réactions de l’inflammation.
L’acide arachidonique est un acide gras qui fait partie des membranes cellulaires et qui est assez présent dans les muscles, le cerveau et le foie principalement.
À partir des phospholipides de la membrane cellulaire et grâce à un enzyme qui s’appelle la phospholipase, il y a une synthèse d’acide arachidonique.
Les enzymes spécifiques de l’inflammation, les COX et 5 LOX, vont transformer cet acide en des substances telles que prostaglandines, prostacyclines,thromboxanes,leucotriènes,responsables des phénomènes inflammatoires et allergiques aussi.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) vont inhiber l’action de ces cyclo-oxygenase (COX1 et COX2) et empêcher la libération des substances responsables des symptômes de l’inflammation .On parle d’anti-COX1 et d’anti-COX2.
Quels sont les rôles des COX (cyclo-oxygénase) ?
Les COX (au nombre de trois) :COX1, COX2, COX3 (découvert assez récemment)
Ce sont des enzymes (protéines) qui interviennent dans le processus inflammatoire et libèrent des substances responsables des symptômes de l’inflammation à savoir : la fièvre, la douleur,la rougeur et l’agrégation des plaquettes sanguines.
Elles ont également un rôle favorable, notamment dans la production de prostaglandines servant à protéger la paroi de l’estomac et d’un bon équilibre de la perfusion rénale.
Les anti inflammatoire non stéroïdien ( AINS) ont pour but de bloquer l’action de ces enzymes Cox,ainsi ils entrainent une baisse des prostaglandines,prostacyclines et des tromboxanes .
Rôle des prostaglandines
il y a deux types de prostaglandine synthétisés à partir des Cox1 et Cox2.
À partir du Cox1, il y a synthèse de prostaglandines qui jouent un rôle de protection pour l’estomac et cela en stimulant les sécrétions de mucus protecteur des parois de l’estomac et en freinant la production d’acide chlorhydrique au niveau de l’estomac.
Maintenant, vous comprenez pourquoi les anti-inflammatoires non stéroïdiens Cox1 (anti-COX1), en diminuant la production en mucus et en augmentant l’acidité, sont irritants pour la paroi d’estomac et provoque des ulcères gastriques.
Les prostaglandines libérées par COX1 jouent un rôle également dans la coagulation(en stimulant l’agrégation des plaquettes). En utilisant les AINS COX1 (aspirine), on améliore la fluidité du sang en empêchant l’agrégation des plaquettes.
Les prostaglandines jouent un rôle important dans l’équilibre d’une bonne perfusion des tissus rénaux.
Au niveau des prostaglandines synthétisées à partir de COX2, ce sont principalement des prostaglandines PGE2 responsables de la vasodilatation (rougeur), de l’augmentation des lymphocytes (fièvre) et également de l’agrégation des plaquettes.
Les prostaglandines synthétisées à partir de Cox2 jouent un rôle également dans la cicatrisation des lésions des muqueuses digestives préexistantes. Ce qui explique le fait qu’il faut faire attention en utilisant des anti-inflammatoires non stéroïdiens COX2 ‘(anti COX2) sur des lésions digestives préexistantes! .
Un autre type de prostaglandine synthétisée par COX2 est la prostacycline, qui est responsable de la vasodilatation, d’une action antiplaquettaire et empêche l’action des thromboxanes.
Comment agissent les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ?
Les AINS agissent en inhibant la synthèse des prostaglandines, des prostacyclines, des tromboxanes et des leucotriènes qui sont responsables des réactions de l’inflammation (douleur, fièvre, rougeur, allergie).
En agissant sur les enzymes Cox1, Cox2, les anti-inflammatoires non stéroïdien(AINS) luttent contre l’inflammation.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) de premières générations sont des anti-COX1 et anti-COX2. Comme exemples:vous avez l’ASPIRINE, Ibuprofène,Kétoprofène,Indométacine,…
Ils ont donc la propriété d’être inhibiteur des prostaglandines qui ont aussi des effets bénéfiques en tant que protection au niveau de l’estomac et de la perfusion des reins. Et il lutte également contre l’agrégat plaquettaire.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens anti-Cox1 et anti-Cox2 ont des effets secondaires assez importants notamment au niveau du tube digestif (très irritants pour la muqueuse gastrique)
Aussi on a recherché à développer des médicaments anti-COX2 . Et là aussi, on distingue deux groupes, les anti-COX2 sélectifs et les anti-COX2 préférentiels.
Anti-COX2 sélectifs
Les anti-COX2 sélectifs sont des groupes de médicaments qui agissent spécifiquement sur l’enzyme Cox2 .Ils préservent donc les effets bénéfiques des prostaglandines synthétisées par COX1.
Effets secondaires des anti-COX2 séléctifs
1) Cependant les anti-COX2 sélectifs ont des effets secondaires :ils sont responsables malgré tout de la non cicatrisation des irritations des muqueuses gastriques préexistantes (en inhibant certaines prostaglandines ).
2) Ils peuvent être responsables d’une thrombo-embolie qui peut aboutir à des problèmes cardiaques (infarctus du myocarde)
3) ils peuvent aussi être responsables d’une insuffisance rénale aigüe par hypo-perfusion des tissus rénaux et en provoquant une diminution du débit de la filtration glomérulaire —>ils diminuent l’efficacité des reins.
Anti-COX2 préférentiels
Les anti-Cox2 préférentiels, dont fait partie le meloxicam, agissent préférentiellement sur COX2, mais ont aussi une action sur COX1, surtout à dose plus élevée.
Ils ont également des effets secondaires identiques à ceux énumérés pour les anti-COX2 sélectifs.
En conclusion:
les anti inflammatoire non stéroïdien (AINS) Cox1 et Cox2 ont des effets négatifs sur la muqueuse digestive, sur la fonction rénale et également sur la coagulation.
Ce sont les AINS anti-COX2 sélectifs qui ont le moins d’effets secondaires mais ils en ont malgré tout.
Existe-il un AINS idéal?
Non, mais il y a beaucoup de recherches pour produire un AINS anti-5LOX et aussi anti-COX3 ( voie d’avenir?)
Quel est le délai à respecter entre les deux prises lors de changement d’un anti-inflammatoire non stéroïdien dans un traitement?
Il faut respecter un délai de cinq à sept jours entre les prises d’un nouveaux anti-inflammatoire non stéroïdien.
Quelles sont les recommandations lors d’utilisation d’anti inflammatoire non stéroïdien(AINS)?
1) savoir faire un choix minutieux dans la gamme des anti-inflammatoires non stéroïdiens, surtout pour le chat qui a un métabolisme bien particulier pour ce type de médicaments —> faire le bon choix dans la molécule.
2) il est impératif de bien respecter la dose prescrite et propre à chaque espèce et pour les traitements à long terme avec les AINS, chercher à utiliser la plus petite dose possible tout en gardant une efficacité
3) pour limiter les effets négatifs des AINS au niveau de la muqueuse gastrique, on peut adjoindre des médicaments pour protéger cette muqueuse gastrique telle que les inhibiteurs de la pompe à protons (ex:omeprazole)—> diminuer l’acidité au niveau de l’estomac.
4) lors d’un traitement avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens(AINS), il est important d’assurer une bonne perfusion des tissus rénaux afin d’éviter l’installation d’une IRA. L’idéal serait de contrôler la fonction rénale (bilan sanguin et analyse d’urine) avant l’instauration d’un traitement à base d’AINS, surtout pour un traitement à long terme (plusieurs semaines).
Il faut bien différencier les AINS des AIS
Il faut bien différencier les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) des anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS).
Les anti-inflammatoires stéroïdiens sont les (gluco) corticoïdes qui ont également une activité anti inflammatoire mais leurs activités antipyrétique (anti-fièvre) et antidouleur sont moindres ou différents par rapport aux anti-inflammatoire non stéroïdiens.
Les anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS) sont utilisés en cas d’inflammations importantes comme dans les maladies chroniques (polyarthrites rhumatoïde, l’arthrose) et en cas d’allergies également.
Les AIS sont également utilisés pour leurs actions suppressives, notamment au niveau de l’efficacité du système immunitaire et sont prescrits donc pour certaines maladies auto-immunes.
Enfin les AIS sont utilisés en complément de certains traitements de chimiothérapie.
Quels sont les Médicaments ou molécules contre-indiqués ou modifiant l’action des anti-inflammatoires non stéroïdiens?
1) les corticoïdes
Il faut éviter l’association d’anti-inflammatoires non stéroïdiens avec les corticoïdes, car cela augmente le risque d’ulcères gastriques. S’il y a obligation de traiter avec un anti-inflammatoire non stéroïdien, il vaut mieux respecter au moins cinq jours entre les deux prises de ces médicaments (surtout à observer avec la prednisolone et la dexaméthasone).
2) Les inhibiteurs d’enzymes de conversion angiotensine (IECA)
Il faut faire attention avec l’association des IECA + les anti inflammatoire non stéroïdien car les AINS,en bloquant la synthèse des prostaglandines, empêche la vasodilatation et interfère également sur l’effet vasodilatateur des IECA—> réduit leurs efficacités pour lutter l’hypertension . (Réduction de la filtration glomérulaire).
3)les diurétiques
Il vaut mieux éviter l’administration d’un AINS pour un animal mis sur un diurétique car il y a risque d’hypovolémie au niveau du tissu rénal qui peut être responsable d’une insuffisance rénale aiguë.
4)si le chat est mis sous un diurétique + IECA
surtout ne pas utiliser des AINS mais plutôt préférer d’autres analgésiques,genre opiacé par exemple.
5)si administration de phénobarbital
Il faut bien surveiller les paramètres du foie, car cette molécule a des répercussions sur le tissu hépatique et les AINS ne sont pas conseillés en cas d’atteinte hépatique importante.
Conclusion : l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens doit être bien contrôlée et bien définie. Il existe des molécules et des classes de médicaments où l’utilisation d’anti-inflammatoire non stéroïdien doit être contrôlée voir même contre-indiquée.
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