Cette phrase, «le meloxicam prescrit mon vétérinaire a tué mon chat”, m’a été formulée par une propriétaire d’un chaton lors d’une consultation. Surprenant, n’est-ce pas ?
Surprenant par le ton direct et puis… par le caractère technique, car vous avouerez que venant de la part d’une propriétaire, affirmer le nom de la molécule qui aurait pu tuer son chat …c’est un événement assez insolite !
Mais laissez-moi vous narrer les circonstances de cette déclaration :
C’était en fin de journée, lors d’une consultation vaccinale d’un chaton balinais présenté par une propriétaire distinguée et au demeurant très jolie. C’est clair qu’elle n’était pas habillée comme Zezette dans « le père Noël est une ordure »
La consultation s’est passée normalement et une partie de celle-ci fut consacrée d’ailleurs à la race « Balinais » que je connaissais, heureusement, grâce à mes affinités pour le monde asiatique bien que cette race soit originaire des Etats-Unis.
Chat balinais
Et comme bien souvent en fin de consultation, nous étions réunis autour du bureau, moi en train d’écrire le compte rendu de la consultation sur l’écran et la propriétaire, devant moi, figée sur sa chaise.
Soudain, elle s’exclama en utilisant un ton à la Valérie Lemercier dans « les visiteurs » : «Comme vous pouvez le constater, je suis une nouvelle cliente de cette clinique et savez-vous la raison pour laquelle j’ai changé de vétérinaire ? »
Un peu surpris, je la dévisageais et j’étais captivé par ses yeux qu’elle avait bien pris bien soin de mettre en valeur grâce à un maquillage efficace. Je bredouillais : « Euh…, non mais est-ce important de le dire ? »
Elle poursuivit toujours sur le même ton : « oui c’est important,… j’ai changé de vétérinaire parce que celui-ci a prescrit du meloxicam pour mon chat qui était insuffisant rénal chronique et il l’a tué avec cette molécule! »
Un peu abasourdi par cette déclaration, je répondis : « ah bon ?.. Mais sur quels critères pouvez-vous affirmer cela ? Avez-vous eu des résultats d’autopsie, d’analyses pour déterminer cette cause ? »
Et là, toujours sur le même ton et de manière très assurée, elle me répondit : « oui, je me suis renseigné et j’en ai discuté avec d’autres propriétaires de chat qui m’ont affirmé que cette molécule, prescrit sur un chat insuffisant rénal chronique, peut le tuer ».
Très vite, elle enchaîna avec un discours parlant de la toxicité de cette molécule, des anti-inflammatoires non stéroïdiens en général, des Cox1 et Cox2 ,etc…..( rassurez-vous, si vous ne comprenez pas ces termes , c’est normal et je vais vous l’expliquer un peu plus loin ).
Toujours « envoûté » par son regard (
A la fin de sa démonstration, je lui ai demandé : « faites-vous partie du milieu médical ? »
« Non, pas du tout, je travaille dans le milieu financier, par contre, mon mari travaille dans un laboratoire pharmaceutique. Et puis il y a Internet qui permet aussi d’avoir beaucoup de renseignements …. »
Comme je vous l’ai écrit, c’était la dernière consultation de la journée,… intrigué par cette propriétaire issu du milieu financier (c’était ma Romy Schneider dans « la Banquière » ) et assez impressionné par ses connaissances sur le sujet, nous nous sommes lancés dans un dialogue assez long pour argumenter et tempérer la « toxicité » des AINS pour le chat IRC.
Aussi je vous propose de vous donner les principales informations que nous avons échangées lors de cette conversation et ce sous forme de questions-réponses.
Ce sujet peut intéresser les propriétaires de chat insuffisant rénal chronique (IRC), car la toxicité des anti-inflammatoires non stéroïdiens est souvent évoquée et voici une occasion pour en faire une mise au point.
Je vous conseille d’ouvrir dans une autre fenêtre l’article consacré aux AINS et le lire pour comprendre l’inflammation et les rôles des anti-inflammatoires non stéroïdien . Vous aurez plus de facilité dans la compréhension de certains termes .
Qu’est-ce que le meloxicam ?
Le meloxicam est un anti inflammatoire non stéroïdien (AINS) prescrit pour différentes espèces, telles que chiens, chats, bovins, chevaux, certains NAC et également en médecine humaine.
C’est une molécule appartenant à la famille des oxcams, c’est un Cox2 préférentiel (Anti Cox2), mais peut également interférer sur le Cox1, surtout si utilisé à une dose plus élevée.(n’oubliez pas d’aller lire l’article sur les AINS pour mieux comprendre ces termes)
A une dose plus élevée, il aura donc des effets secondaires sur le système digestif.
En médecine vétérinaire, voici quelques spécialités à base de meloxicam couramment utilisées :
1)METACAM* : suspension orale et injectableL
2) ACTICAM* (5mg/ml)
3) INFLACAM*
4) LOXICOM*
Comment le meloxicam est métabolisé chez le chat ?
Chez le chat, le meloxicam est métabolisé au niveau du foie par oxydation. C’est un élément important à noter, car beaucoup d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens sont métabolisés au niveau du foie en utilisant un enzyme « Glucuronyltransferase » qui je vous le rappelle est absent chez le chat.
Cette absence de cet enzyme dans le foie du chat explique la raison pour laquelle beaucoup d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont une durée d’action, une durée de vie plus longue par rapport à d’autres espèces (parfois plus de 36 heures).
La durée d’action du meloxicam chez le chat est entre 18 à 20 heures.
Cette particularité de métabolisation (élimination) chez le chat explique les dangers et la toxicité de beaucoup AINS chez le chat .L’intervalle d’administration doit être respecté sous peine d’effets secondaires parfois fatals pour le chat
Des intervalles d’administrations trop rapprochées peuvent être dangereux pour le chat et d’autres espèces aussi.
Polémique du traitement longue durée à base de meloxicam chez le chat
Pour le chat, il existe une différence d’homologation en fonction des pays pour un traitement longue durée avec le meloxicam.
Le traitement longue durée au meloxicam pour le chat est homologué en Europe, Canada, et Australie.
Par contre, aux États-Unis le traitement logue durée au meloxicam chez le chat n’est pas homologué par la FDA (Food and Drug Administration) , ce qui explique la présence d’une étiquette signalant de ne pas faire une administration répétée sur le chat en raison d’un risque accru d’insuffisance rénale aigüe pouvant être responsable de mortalité et l’usage par voie orale n’est réservé que pour le chien.
Cela provoque toute une polémique sur l’usage du meloxicam pour le chat, car aux Etats-Unis, la FDA indique d’utiliser cette molécule qu’en injection, une seule fois et de ne pas utiliser la forme orale pour un traitement longue durée chez le chat.
Pour le chat, l’injection unique post chirurgicale est donc la seule indication homologuée aux Etats Unis.
Il est à noter également qu’aux États-Unis, le meloxicam n’a été autorisé que depuis seulement 2003, longtemps après l’Europe.
Un certain nombre de praticiens américains prescrivent le meloxicam en suspension orale,malgré tout,pour traitement longue durée chez le chat. Cependant, ils le font sous leurs propres responsabilités sans être couvert par l’autorisation de mise sur le marché de ce produit pour le chat.
Pour le chien, il est à noter que les deux formes, l’injection et la suspension orale pour un traitement à long terme, sont homologuées dans beaucoup de continent dont les États-Unis.
Quelle est la posologie du meloxicam chez le chat?
· La dose unique injectable chez le chat est de 0,2 à 0,3 mg par kilo.
· Par voie orale (suspension orale à 0,5 mg par ml) la dose est de 0,1 mg par kilo le premier jour et ensuite il faut trouver la dose la plus petite que ce soit tout en gardant l’efficacité.
La dose idéale pour un traitement à long terme de meloxicam se situe entre 0,05 mg à 0,02 mg par kilo.
Différentes études ont démontré que sur un chat insuffisant rénal chronique (IRC) et qui est stabilisé (important !), des doses minimes de l’ordre de 0,02 mg par kilo pour un traitement à long terme de meloxicam ne dégradent pas la fonction rénale et ne détruisent pas les tissus rénaux.
Quelle est l’âge minimum pour un chat lors d’un traitement au meloxicam?
On conseille de ne pas utiliser le meloxicam sur des chats de moins de quatre mois ni sur des très vieux chats également.
Quels sont les signes “d’intoxication” du traitement au meloxicam chez le chat ?
Sur le chat traité au meloxicam, lorsque vous constatez les effets secondaires suivants :
· nausées
· perte d’appétit
· vomissements
· diarrhées
Je vous conseille d’arrêter le traitement immédiatement et d’aller consulter votre vétérinaire pour qu’il s’assure qu’il n’y a pas de contre-indications à poursuivre l’administration du meloxicam.
C’est une notion très importante à observer!
Quels sont les effets secondaires des anti-inflammatoires non stéroïdiens?
Pour les anti-inflammatoires non stéroïdiens, nous avons les effets secondaires suivants :
1) des irritations au niveau de l’estomac (ulcérations)
2) une désactivation des plaquettes sanguines, interfère la coagulation—>cela fluidifie le sang
3) diminution de l’apport de sang au niveau des reins (hypo-perfusion) ce qui peut aboutir à une hypovolémie rénale et responsable de l’augmentation du taux de créatinine dans le sang
Pour les Anti Cox2 sélectifs et préférentiels( c’est le cas du meloxicam), les effets secondaires sont les suivants :
1) une insuffisance rénale aiguë due à une hypo perfusion (par inhibition des prostaglandines qui sont responsables de la bonne perfusion tissulaire par vasodilatation)
2) thrombo-embolie qui peut aboutir à des problèmes cardiaques tels que l’infarctus du myocarde
3) aggravation des ulcérations gastriques car ils empêchent la cicatrisation des lésions préexistantes de la muqueuse gastrique c’est-à-dire des lésions existantes avant le traitement
Si tous les effets secondaires des AINS sont détectés à temps, elles sont réversibles!
Précisions sur l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens chez le chat
Déjà, on peut constater qu’il n’y a pas beaucoup de publications ou d’études sur l’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens chez le chat.
Il n’existe pas beaucoup de molécules agréées pour le traitement à long terme chez le chat. Une molécule mentionnée pour ce type d’usage est le meloxicam.
Métabolisme particulier des AINS chez le chat
La première remarque que l’on peut faire sur l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens chez le chat, c’est au niveau du métabolisme de ces molécules chez cette espèce.
En effet, il ne faut pas oublier que chez le chat il n’y a pas l’enzyme “glucuronosyltransférase” présent normalement au niveau du foie et les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont pour la plupart métabolisés au niveau du foie grâce à cet enzyme.
Cet enzyme étant absent, le métabolisme ( l’élimination) est beaucoup plus long et la durée d’action plus longue. Voici pourquoi il faut éviter des administrations d’AINS trop rapprochés chez le chat et explique aussi les effets toxiques de ces molécules pour cette espèce.
Cependant il faut préciser que le meloxicam est métabolisé par oxydation au niveau du foie et donc utilise une voie différente de métabolisation.
Dans quelles indications sont utilisés les anti-inflammatoires non stéroïdiens chez le chat?
A l’heure actuelle, il est insupportable de laisser souffrir un chat (n’importe quel animal d’ailleurs) et les vétérinaires ont pris conscience de ce fait et sont formés pour gérer la douleur chez le chat d’autant plus que c’est une espèce qui masque beaucoup la souffrance, la douleur.
Alors les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont surtout utilisés chez le chat pour leur action analgésique et notamment lors de douleurs chroniques chez le chat.
Et quand on parle de douleur chronique chez le chat, on pense à :
1. l’arthrose ( assez fréquent et sous diagnostiqué chez le chat)
2. au cancer
3. stomatite lymphoplasmocytaire
4. cystite idiopathique
5. ostéomyélite
6. uvéite.
Beaucoup de vétérinaires prescrivent les AINS, à court terme, pour lutter contre la fièvre ou une douleur transitoire (post chirurgicale par exemple)
L’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez le chat,à long terme, peut créer une polémique ( bien présente aux USA ) en évoquant les effets secondaires (toxicités) de ce groupe de molécules chez le chat ( voir plus haut).
L’arthrose est beaucoup plus fréquente qu’on ne le croit sur les vieux chats mais comme je vous l’ai indiqué souvent, cette espèce masque la douleur et les propriétaires ne décèlent pas toujours cette pathologie.
Même à la radiographie, l’image n’est pas toujours conforme à la sévérité de l’arthrose. C’est une pathologie qui est à mon avis sous-estimé chez le chat et n’est pas traité à sa juste valeur.
En ce qui concerne les cancers chez le chat, les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être intéressants pour traiter la douleur en cas de carcinome principalement.
En cas de stomatite importante, les anti-inflammatoires peuvent être aussi indiqués car c’est une pathologie extrêmement douloureuse.
L’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) chez le chat peut être utilisé pour lutter contre une fièvre importante notamment pour un groupe des pathologies que l’on appelle les fièvres idiopathiques (sans causes connues) chez le chat.
J’ai déjà fait un article sur le sujet “la douleur chez le chat”,je vous engage à relire cet article.
Quels sont les signes de douleur chez le chat?
Les signes de douleurs chez le chat sont :
1. l‘isolement(le chat s’isole)
2. baisse d’activité, de mobilité (le chat par exemple ne peut plus sauter, ne peut plus courir, ne joue plus avec ses jouets)… ce sont des signes qui peuvent évoquer une douleur chez le chat et il faut s’en inquiéter et consulter son vétérinaire.
3. L’agressivité : sous la douleur, le chat peut avoir des comportements agressifs et ainsi altérer la relation entre l’homme et l’animal.
4. Pelage en mauvais état- griffes trop longues : le chat ne fait plus son toilettage. Si vous constatez un poil aggloméré (nœuds), terne et un chat qui ne fait plus ses griffes, pensez à une douleur éventuelle pour vote chat et consultez votre vétérinaire.
Enfin un dernier symptôme, bien sûr, c’est la perte d’appétit : un chat qui ne mange plus, peut être la conséquence d’une douleur
Quels sont les conditions idéales pour un traitement à long terme d’anti-inflammatoire non stéroïdien chez le chat ?
1) une bonne coopération de la part du ou des propriétaires (rôle important)
Lors d’un traitement avec un AINS (comme le meloxicam par ex), le vétérinaire doit sensibiliser le propriétaire d’avoir toujours une bonne observation de son animal de compagnie et de bien l’informer sur les signes d’intolérance de l’AINS prescrit. Le propriétaire est le mieux placé pour surveiller cette tolérance, son efficacité et éventuellement adapter le traitement notamment dans les intervalles de prise.
Petit conseil : tenez à jour un journal avec les symptômes observés lors d’un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Notez tous les signes suspects (date et caractéristiques) :
· Vomissement
· perte d’appétit
· diarrhée
· selles noires
· léthargie
· une altération de la consommation d’eau
· jaunissement des muqueuses (gencives,conjonctive ou peau).
Tous ces signes sont évocateurs d’une intolérance ou d’effets secondaires.
2) instauration d’un suivi médical lors d’un traitement d’AINS à long terme chez le chat
Le vétérinaire doit proposer un suivi médical, noter éventuellement tous symptômes soulignés par le propriétaire dans sa fiche clinique.
Il proposera également un contrôle régulier (tous les mois par ex) comprenant un examen clinique + un petit bilan sanguin et urinaire.
Un des problèmes de ces contrôles réguliers est de provoquer un stress pour le chat mais les effets bénéfiques de ces examens l’emportent sur ces inconvénients.
3)déterminer les animaux à risque
Le vétérinaire, grâce à ces examens, pourra déterminer les animaux à risque pour un traitement d’anti-inflammatoires non stéroïdiens sur le long terme.
Pour le bilan sanguin, il faut, au minimum, faire un hématocrite, un dosage d’albumine, l’urée, la créatinine et également doser les paramètres hépatiques (ALAT, ac. biliaires).
Pour l’analyse d’urine, une mesure de la densité et une bandelette urinaire sont la base.
Si le vétérinaire en a la possibilité, il est conseillé également de faire une mesure de la pression artérielle chez le chat. C’est un paramètre également important pour définir les animaux à risque.
Le vétérinaire doit avoir constamment un dialogue avec le(s) propriétaire(s) sur les risques et les signes d’effets secondaires liés à un traitement d’anti-inflammatoire non stéroïdien à long terme.
L’idéal serait de déterminer les chats à métabolisme rapide ou à métabolisme plus lent, car cela permettrait de bien définir les temps d’administration et éviter les effets secondaires dus aux surdosages.
4)bien choisir la forme d’administration
Dans le choix de la molécule d’anti-inflammatoire non stéroïdien pour le chat, un critère de choix est la facilité d’administration.
Pour un traitement à long terme chez le chat, la meilleure présentation est en liquide par voie orale : par exemple, le Metacam* en suspension orale est idéale grâce à sa seringue graduée et son appétence. La posologie peut être bien définie et le produit facile à administrer.
En comprimés, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont difficiles à doser correctement avec en plus la complexité de division des comprimés.
L’injection d’anti-inflammatoire est une voie intéressante, mais il faut savoir qu’aucun anti- inflammatoire non stéroïdien en injection n’a l’agrément pour un traitement à long terme chez le chat.
5) Règles strictes pour le(s) propriétaire(s)
Il faut que le propriétaire s’impose des règles :
- donner l’anti inflammatoire non stéroïdien à heure fixe, à la bonne dose et avec ou après un repas.
Ceci dans le but d’éviter un surdosage,n’oubliez pas que les anti-inflammatoires non stéroïdiens chez le chat ont une durée d’action assez longue.
-Cette dose doit être la plus petite possible tout en gardant bien sur son efficacité.
-bien calculer la dose. Par exemple,pour un chat obèse, il faut calculer la dose en fonction de son poids idéal et pas en fonction de son poids réel.
-Si problèmes digestifs (vomissements, diarrhées perte d’appétit durant le traitement), il faut arrêter tout de suite ce traitement et soigner les lésions digestives. Pour cela, je vous conseille de contacter immédiatement votre vétérinaire.
6) cure par intermittence
Chez le chat, on peut proposer un traitement intermittent ç’est à dire par cure de sept jours par exemple. Il vaut mieux traiter une douleur par intermittence plutôt que de ne rien donner .
Conclusion:
La molécule de choix pour l’usage d’un anti-inflammatoire non stéroïdien à long terme chez le chat est le meloxicam.
Je rappelle qu’il ne faut pas donner, chez le chat, des anti-inflammatoires non stéroïdiens de type aspirine, paracétamol, ibuprofène.
Quels sont les recommandations dans l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens pour un chat IRC (insuffisant rénal chronique)?
Pour le chat IRC, l’utilisation d’anti-inflammatoire non stéroïdien doit être suivie de précautions avant et durant le traitement.
1) le vétérinaire doit faire un bon examen clinique avec un bilan sanguin et une analyse d’urine complète avant d’instaurer un traitement sur un chat qui est atteint d’un problème rénal.
2) Sur des chats qui sont bien stabilisés au niveau de leur insuffisance rénale chronique, l’usage ou l’utilisation d’anti-inflammatoire non stéroïdien ne pose aucun problème et en particulier avec le meloxicam. Bien sûr, il faut respecter la dose et le délai d’administration.
3) Pour les chats qui souffrent d’insuffisance rénale chronique, l’utilisation des AINS dépend du stade de cette insuffisance :
- pour les stades 1 et 2 :l’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens ne pose pas trop de problèmes à condition d’avoir stabilisé cette insuffisance (respecter les conseils d’usage cités plus haut)
-pour les stades 3 et 4 de l’insuffisance rénale chronique: il est conseillé d’éviter les anti-inflammatoires non stéroïdiens et de les remplacer par d’autres solutions analgésiques.
4) pour les chats IRC, il faut essayer d’utiliser la dose la plus minime possible tout en préservant bien sur l’efficacité de ces molécules (AINS)
5) toujours donner un repas en cas d’administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et si le chat (surtout l’IRC) ne mange pas –> il faut arrêter immédiatement le traitement et consulter votre vétérinaire
6) il est conseillé de donner de préférence un aliment humide pour assurer une bonne hydratation et de bien surveiller que le chat boive suffisamment durant les 24h.
7) si un chat insuffisant rénal chronique doit être anesthésié, il est impératif de faire une fluidothérapie (perfusion) durant l’intervention pour assurer une bonne perfusion rénale et si un traitement antidouleur doit être prescrit, il faut préférer les opiacés par rapport aux AINS
8) un chat IRC qui a un traitement avec un AINS DOIT être suivi avec un « timing » conseillé par le vétérinaire (bilan sanguin, analyse d’urine).
9) il est également important durant un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens de surveiller le taux de potassium dans le sang car il y a risque d’hyperkaliémie.
10) sur un chat insuffisance rénal chronique, il faut faire attention aux problèmes digestifs car il est encore plus sensible. En effet, les chats IRC ont plus de gastrine qui stimule la sécrétion d’acide chlorhydrique et est donc plus sujet à avoir de l’acidité dans l’estomac. L’usage des AINS en augmentant l’irritation de la muqueuse gastrique, peut aggraver ces pathologies digestives.
Quelles sont les recommandations dans l’utilisation des AINS face à un chat atteint de maladies cardiaques ?
Hypertension artérielle
Il est important de tenir compte, pour des chats cardiaques, de la tension artérielle et avant de mettre en place un traitement à base d’AINS, il faut mesurer la tension artérielle pour s’assurer que le chat ne souffre pas d’une hypertension artérielle.
En administrant des AINS, il y a risque d’augmentation de la pression artérielle par rétention du sodium.
Les chats sont également classés en différents stades en fonction de la mesure de la pression artérielle et il est conseillé pour un chat souffrant d’hypertension artérielle importante, de ne pas utiliser les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (risque d’aggravation de l’hypertension)
En cas d’insuffisance cardiaque congestive
Il est conseillé de donner la dose la plus minime possible d’AINS.
Quelles sont les précautions d’utilisation des AINS pour des chats sensibles de l’estomac?
1) En règle générale, il faut essayer d’éviter les anti-inflammatoires non stéroïdiens de type anti-Cox1, ceci dans le but de préserver les effets muco-protecteurs au niveau du système digestif (estomac) des prostaglandines.
2) S’il y a utilisation d’AINS anti-Cox2 préférentiel ou sélectif, il faut toujours donner ces molécules avec un repas!
3) Si le chat ne mange pas, il faut arrêter le traitement à base d’AINS immédiatement et consulter son vétérinaire.
4) Pour les chats sensibles de l’estomac, on peut éventuellement associer l’anti-inflammatoire non stéroïdien à un protecteur des muqueuses gastriques : par exemple un inhibiteur de la pompe à protons comme l’omeprazole à la dose de 0,7 à 1 mg par kilo par 24h.
Un chat sensible de l’estomac peut, avec l’utilisation d’anti-inflammatoire non stéroïdien à long terme, avoir des risques d’ulcères gastriques voir même perforations au niveau de l’estomac.
Si vous avez un chat qui présente cette fragilité, je vous conseille vivement de le signaler et d’en discuter avec votre vétérinaire qui saura prendre les précautions nécessaires pour éviter les effets secondaires des traitements d’anti-inflammatoires non stéroïdiens à long terme.
Quelles sont les précautions pour des chats atteints de cardiopathie ET de néphropathie lors d’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens?
Sur le chat atteint de problèmes cardiaques ET de problèmes rénaux, il est vivement conseillé de rechercher d’autres solutions analgésiques, car en utilisant un AINS, il y a un risque accru d’une insuffisance rénale aiguë qui risque d’être même fatal pour le chat.
Quelles sont les précautions à prendre lors d’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens pour des chats à problèmes hépatiques?
Un bilan sanguin hépatique (transaminases, ac.biliaires) est conseillé pour un chat à problème hépatique avant la prescription d’un AINS. Une réduction de la dose est souvent conseillée pour ne pas aggraver l’état hépatique et éviter les effets secondaires des AINS.
Conclusion sur l’usage des AINS et du meloxicam plus particulièrement chez le chat :
Comme vous pouvez le constater, l’administration d’AINS chez le chat doit s’entourer de précautions car ce sont des molécules plus difficilement métabolisées dans cette espèce .Les effets secondaires peuvent être vite présents et il est impératif d’avoir le réflexe d’arrêter le traitement et consulter le vétérinaire .
Pour le chat IRC , il faut d’abord stabilisé l’animal avant de mettre l’animal sous un traitement d’AINS ( meloxicam= molécule de choix) et pour des chats IRC à stade avancé , il vaut mieux choisir une autre classe d’analgésique si nécessaire.
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