Primeurs 2013 à Bordeaux (3)

Le bal annuel est lancé. Les routes des rives gauche et droite sont sillonnées par toutes les voitures de location disponibles en Aquitaine et les locaux essaient, en croisant ces voitures, de voir qui est qui, où sont les SAQ, les négociants asiatiques ou européens, les critiques connus, etc. Tâche pas évidente, on s'en doute :-)

Beau temps hier, belle journée ce jour : le ciel est magnanime avec Bordeaux. Est-ce que ce signe de clémence de là haut aura une correspondance dans le signe attendu d'une politique de prix revue et corrigée ?

Va savoir, Charles… :-)

UNE CERTITUDE

Après deux jours de dégustation, quelques uns de mes zozos du GJE sont restés sur place suite à la session de 3 jours pour les vins du GRAND CERCLE, millésime 2010 : un niveau de "jouissance" jamais atteint pour ces dégustations : preuve que ce millésime 2010 est véritablement une réussite non seulement pour les "grands" vins mais aussi pour bien des modestes qui ont fait plus que bon.

Donc mes zozos ont dégusté pas mal de crus "primeurs" ici et là, dont ceux du GRAND CERCLE au château Bellefont-Belcier, ceux de LA GRAPPE où sont réunis les vins conseillés par Stéphane Derenoncourt et quelques visites en châteaux.

La certitude de ce millésime 2013 :

C'est un millésime où ceux qui n'ont pas "poussé" les choses, qui n'ont pas cherché à sur-extraire, à trop travailler les vins en cave, à rester modestes face à ce que la nature particulièrement capricieuse a chichement donné dans une année difficile, coûteuse en travaux de la vigne, c'est un millésime où le fruit sera la caractéristique majeure, sur des tanins souples, avec des structures légères. On n'est donc pas dans un millésime de garde. Dans 5 ou 7 ans, ce seront des vins à boire.

DES REUSSITES

Vos critiques préférés vous donneront cela rapidement, mais je doute que des vins comme Ausone, Angelus (remarquable finesse), Vieux Château Certan (800 caisses au lieu des 5000 habituelles !!!), Léoville-Poyferré, Pavillon Rouge de Margaux (où des travaux maousse seront terminés d'ici un an), Tour Blanche et Grands Chênes (Bernard Magrez), Lascombes (où on a pu déguster les 3 cépages constituant l'assemblage final), ne soient pas dans le haut de leur catégorie.

A La Mission Haut-Brion, le Quintus (St-Emilion) m'a bluffé par sa palette aromatique aux épices marqués alors que les blancs sont simplement superbes : la réussite majuscule du millésime. On en reparlera longtemps. C'est une redite, mais aucune propriété n'a une organisation aussi parfaite pour ces dégustations primeurs. Un enchantement. Un sens du détail qui ~~frise~~ est perfection.

LES PRIX

Du côté des producteurs, le langage est le suivant :

- on a travaillé et donc dépensé bien plus que d'habitude

- on a une production finale qui est de 30 % à 50 % inférieure à une année normale

- donc, si on peut comprendre que le marché attend des signes clairs de baisse des prix, on va essayer de convaincre les acheteurs que ce sera difficile…

Sacrés bordelais !!! Indécrottables :-)

Du côté des acheteurs :

- les clients finaux disent et redisent que ce n'est pas leur problème. Les prix doivent être une juste image du millésime et donc on espère, on exige un geste sensible sur ce plan des prix.

C'est pas gagné, on s'en doute. Pas évident que tous les châteaux pourront suivre la décision de Pontet-Canet de sortir au même prix que l'an dernier, alors même qu'il reste encore au négoce des quantités importantes du millésime 2012 qui a une image plus forte, qualitativement parlant.

QUELQUES IMAGES