Il y a des dimanches qui sont inversément proportionnels au vernis à ongles qu’on a posé la veille un peu fébrilement, justement parce qu’on voulait qu’il soit impeccable.
Il y a des dimanches qu’on attend avec impatience, et puis tout d’un coup ils sont là et on n’a rien vu venir.
Il y a des dimanches qu’on a imaginés, qu’on a préparés depuis des mois, qu’on a espérés jusqu’au bout.
Le soleil était de la partie, les jolies robes d’été défroissées, à nos pieds les sandales pour la première fois de l’année, la route était longue mais si jolie le long de la petite rivière qu’on aurait voulu continuer à suivre ses méandres et retenir encore un peu le moment des retrouvailles et de la joie.
Il y a des dimanches où rien n’est feint. Il y a des dimanches où nous sommes simplement heureux d’être là, tous ensemble à nouveau et encore, au nom du passé, de l’amour donné et jamais repris, même s’il a pu nous arriver d’en douter.
Il y a des dimanches où tout est simplement parfait, tellement parfait qu’il n’y a rien à en dire.
On a sans doute parlé bien trop fort, chambré l’un ou l’autre, soigné une égratignure, plié bien trop vite une chasse au trésor, essuyé une moustache de chocolat, remonté la tyrolienne quelques centaines de fois, tenté de s’envoler sur les balançoires, pris des centaines de photos pour ne surtout rien oublier des jours heureux.
Parlé du futur, obstinément. De la vie, tout simplement.
Il y a des dimanches "qu’on a tellement préparés, et puis qui passent si vite, comme une journée de mariage", a dit ma mère, toute à son bonheur de nous voir réunis et hilares.
Soixante-dix ans fois deux, ce n’est rien du tout.