Les réglementations bâloises (Bâle II et Bâle III) ont bouleversé le business model des banques de financement et d’investissement (BFI), notamment en imposant une gestion plus stricte des liquidités bancaires [1] et, en incluant, dans le calcul du montant des fonds propres à mobiliser en proportion des actifs de leur bilan, une pondération de ces actifs en fonction du risque de crédit.
Elles ont aussi indirectement influé sur la structure de financement des entreprises fortement dépendantes de ces mêmes banques. En effet, l’ensemble des BFI ont, depuis la crise financière, favorisé le financement, moins consommateur en fonds propres, aux entreprises les mieux notées, majoritairement de grands « corporates », au détriment des moyennes entreprises cotées en bourse généralement considérées comme des « mid caps ».Souvent moins bien notées car considérées moins solvables et donc plus risquées, ces « mid caps » ont été fortement touchées par la raréfaction du crédit bancaire. Impactés au niveau de leur structure de financement, les acteurs de ce segment ont dĂť innover pour diversifier leurs sources de liquidités afin de pallier aux hausses successives du coĂťt des financements se basant sur les fonds propres bancaires.
Ainsi, les moyens d’obtenir rapidement des liquidités à moyen/ long terme et à moindre coĂťt constituent les enjeux d’aujourd’hui pour ces « mid caps » mais aussi les enjeux de demain pour les BFI. En effet, en se positionnant sur ce segment de clientèle, les BFI pourraient profiter des opportunités offertes dans le cadre de leurs objectifs de diversification notamment en :
- leur proposant des services adaptés de désintermédiation de leurs modes de financement
- étoffant leur offre de conseil qui soutiendrait ces solutions de financements désintermédiés
Profiter de la désintermédiation des modes de financement des « mid caps »
Les BFI couvrant principalement de grandes entreprises, pourraient capitaliser sur le développement de leurs activités « Originate to Distribute » [2] pour répondre aux enjeux de « funding » ou de financements de ces « mid caps », surtout lorsque l’appétit des investisseurs s’oriente vers des valeurs plus risquées mais aussi plus rémunératrices. Le rôle de la BFI serait alors de faire coĂŻncider la demande des investisseurs avec les besoins des emprunteurs de ce segment, soit en assurant l’émission d’obligations publiques ou privées sur les marchés soit en permettant à des investisseurs institutionnels de contracter directement de la dette « mid cap » en fonction de leur profil de risque sous forme de deals « reverse inquiry ».
Les BFI disposent d’ores et déjà d’équipes compétentes et capables de mettre en place ce type de solutions pour le segment « mid cap », tant au niveau des équipes « capital markets » qu’au niveau des équipes de syndication, couvrant majoritairement une clientèle « large cap ». Une réaffectation serait alors nécessaire afin de couvrir la clientèle « mid cap ». Par ailleurs, le récent développement de marchés financiers dédiés à ce segment de capitalisation boursière favorisera également la mise en place de départements « Debt Capital Markets » en charge de réaliser la valorisation de ces entreprises pour assurer l’émission d’obligations primaires auprès d’investisseurs en recherche de rendement.
Etoffer l’offre de conseil permettant de soutenir les solutions de financements désintermédiés
Se financer à moindre coĂťt sur les marchés obligataires ! C’est en cela que réside l’un des principaux enjeux de financement des « mid caps » : obtenir une meilleure notation financière permettant d’améliorer leurs coĂťts d’accès aux liquidités en rassurant les investisseurs. Cela passe par une meilleure compréhension des méthodes quantitatives et qualitatives d’évaluation des agences de notation et une parfaite maîtrise de leur communication financière auprès des investisseurs. Le développement d’une offre de conseil en notation permettrait aux BFI de répondre aux besoins de clients cherchant à améliorer la qualité de leur signature.
Corporate & Investment Banking Offer – Focus on Client Segmentation
Points d’attention
Sur ce dernier point, les BFI devront néanmoins disposer d’une offre de conseil innovante et à forte valeur ajoutée afin de convaincre les « mid caps » d’un retour sur investissement positif, compte tenu des prix élevés pratiqués par les trois principales agences de notation se partageant le marché. Le coĂťt d’obtention de la notation peut potentiellement être supérieur au bénéfice obtenu suite à l’optimisation du coĂťt de financement sur les marchés via une meilleure note financière.
Par ailleurs, la pérennisation de la relation client et des opportunités de « cross-selling » devra être assurée par une couverture géographique permettant non seulement d’accompagner une stratégie de développement à l’international mais également de couvrir des clients « mid caps » à l’étranger, ceci afin de diversifier l’exposition et de réduire les risques inhérents à une trop forte concentration (par exemple le risque pays).
[1] : Mise en place d’un ratio de liquidité court terme (LCR) et d’un ratio de liquidité long terme (NSFR)
[2] : Le modèle « Originate to Distribute » a pour objectif de fournir des solutions de financement en co-initiant les deals avec une banque et des investisseurs institutionnels (également appelé « reverse inquiry »), ou en transférant jusqu’à 80% des financements aux investisseurs en titrisant ces créances sur les marchés.
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