C’est en lisant plusieurs fois dans des génériques de films son nom en tant que scénariste, que j’ai découvert que Cécile Vargaftig avait publié ce texte, dans la collection lelivrelavie des éditions Cécile Defaut. Et quel plaisir de lire ces pages où, comme le veut l’éditeur, Cécile Vargaftig a « joué le je, le tu, le nous » pendant 365 jours (et un peu plus) avec le livre de Diderot, Jacques le fataliste et son maître. C’est une approche très particulière, en sept épisodes de trois parties chacun, où nous entrons dans l’intime relation d’un auteur avec sa lectrice. Et, avec légèreté ou plus gravement, nous parcourons la bibliothèque de l’enfance, nous abordons les amours de Jacques, et les amours de Cécile, nous approchons la question de la nécessité d’écrire ou pas, et, surtout, nous entrons en dialogue avec Denis Diderot lui-même, au bonheur d’une panne de courant et de quelques bouteilles de vin. J’ai envie de refaire le chemin, d’ouvrir à nouveau ce livre, moi qui n’ai lu du texte de Diderot que des extraits, qui n’en ai vu que des représentations (parcellaires évidemment) au théâtre, et de me replonger dans cette soirée étrange où l’homme des Lumières reçoit cette visite d’une femme qui écrit des romans et des scénarios pour le cinéma. J’écris « reçoit la visite » parce que ce n’est pas l’auteur qui vient mais « c’est toi qui m’as appelé », dit Diderot à Cécile, « qui m’as désiré, qui m’as projeté. Il n’y a que les vivants qui peuvent ouvrir les portes de l’invisible. Ce monde est le vôtre. Nous, notre temps est fini. » Je retournerais volontiers rendre visite à Cécile Vargaftig.