Un journaliste, par principe, ça aime tirer les vers du nez, interviewer pour faire dire aux gens tout haut ce qu’ils pensent tout bas, les révéler aux yeux de tous. Mélanie Chappuis fait là une autre démarche : elle tente de pénétrer la pensée de ceux qui font l’actualité en affichant la vraie personnalité se cachant derrière le personnage public. C’est une manœuvre risquée, subjective, mais lorsque l’on sait les raisons d’une actualité cet exercice devient presque une évidence, une démarche intellectuelle jouissive faisant tomber le masque immuable de façade publique…
Tour à tour, chacun des personnages ainsi scannés passent d’une actualité brûlante à une humanité concrète, quasi banale dont les pensées deviennent alors si proches de celles de tous que le vernis dont ils se parent se fissure un peu, les rendant plus humains, plus fragiles. N’est-il pas de grands hommes ne rêvant d’être des inconnus, un sourire ne peut-t-il cacher un profond mépris, le personnage sous les feux de l’actualité ne s’imagine-t-il pas au calme à jouer du piano ? Autant de dualité que Mélanie Chappuis met en avant avec brio. En chacun de nous il y a celui que les autres voient, celui que l’on pense être et celui que nous sommes réellement : avec un peu de recul journalistique, Mélanie Chappuis tente de démontrer le troisième personnage, tel qu’il est, sans fard.
4ème de couverture
Que pensent celles et ceux dont parlent les journalistes ? Mélanie Chappuis est partie de cette interrogation pour se mettre dans la tête des personnalités ou des anonymes qui ont fait l’actualité en 2013. D’Obama à Nabila, d’un pape démissionnaire à un enfant syrien, de Frigide Barjot à Jean Ziegler, l’écrivaine romande opère une plongée dans les pensées de personnes rendues personnages. Que ressent une musulmane lorsqu’elle apprend que le Tessin a décidé d’interdire la burqa ? Quels sont les tiraillements du président américain après les attentats de Boston ? Comment l’intervention française au Mali influe-t-elle sur la virilité de François Hollande ? Comment Nicolas Sarkozy se justifie-t-il devant son épouse Carla Bruni lorsqu’on l’accuse d’avoir accepté de l’argent libyen pour financer sa campagne ? Que ressent un homosexuel parisien pendant les « manif pour tous » ? Ou une personne âgée à qui on refuse le droit de mettre fin à ses jours ? Plutôt qu’une approche journalistique, Mélanie Chappuis adopte une démarche littéraire afin de ressentir les tourments de ceux qui font l’actualité. Pour nous faire entendre ce qu’ils n’ont pas dit, elle se met à leur place, avec tendresse, humour, voire ironie. Une série de portraits inattendus et intimes dressés avec talent, qui nous offrent le regard d’une auteure sur l’année écoulée. La plupart de ces chroniques ont été publiées dans le quotidien suisse Le temps à partir de janvier 2013.
Un peu de l’auteur
Mélanie Chappuis grandit entre le Guatemala, le Nigeria, l’Argentine, Berne et New York, avant d’entreprendre des études de lettres à l’Université de Genève. Après un DEA à l’institut européen, elle écrit des articles pour différents journaux. Elle est actuellement journaliste à la Radio suisse romande.
En 2008, Mélanie Chappuis publie son premier roman: Frida, chez Bernard Campiche éditeur. Le titre est inspiré de la chanson Ces gens-là de Jacques Brel. En 2010, paraît « Des baisers froids comme la lune », titre cette fois tiré du poème « Le revenant » de Charles Baudelaire. En 2011, elle obtient la bourse à l’écriture du canton de Vaud pour son troisième projet littéraire. En 2012, elle remporte le « Prix de la relève » du canton de Vaud.
Crédit photo : Goliath
Extrait de l’avant-propos
Mélanie Chappuis est écrivaine. Femme, journaliste, et mère. Elle est fragile, engagée, gourmande, passionnée, voluptueuse, observatrice, surprenante, téméraire, fantasque, sérieuse, entêtée, résistante, espiègle, transgressive, respectueuse, drôle, pudique, forte. Indécente, selon celles ou ceux qui parfois la censurent. Jamais indifférente. C’est en entrelaçant toutes ses identités et ses humeurs qu’elle renaît dans la tête de celles et ceux qui ont fait l’actualité en 2013.
Mélanie Chappuis est écrivaine. Femme, journaliste, et mère. Elle est fragile, engagée, gourmande, passionnée, voluptueuse, observatrice, surprenante, téméraire, fantasque, sérieuse, entêtée, résistante, espiègle, transgressive, respectueuse, drôle, pudique, forte. Indécente, selon celles ou ceux qui parfois la censurent. Jamais indifférente. C’est en entrelaçant toutes ses identités et ses humeurs qu’elle renaît dans la tête de celles et ceux qui ont fait l’actualité en 2013.
Boris Vian met en garde son lectorat dans l’avant-propos de L’écume des jours : l’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre. Les récits de Mélanie Chappuis de ses voyages dans la tête d’anonymes ou de personnalités publiques aussi sont entièrement vrais, puisqu’elle les a imaginés d’un bout à l’autre. La journaliste qui scrute les événements et l’écrivaine qui traduit les émotions se confondent pour rendre ces explorations vraisemblables.
Au début des années trente, dans la fresque sociale qu’est L’homme sans qualités, Robert Musil déplorait que les journaux de son temps – selon lui décadent – n’étaient pas ce qu’ils pourraient être à la satisfaction générale, les laboratoires et les stations d’essai de l’esprit, mais, le plus souvent, des bourses et des magasins. En y essayant sa créativité, Mélanie Chappuis prouve que les journaux de notre temps sont ces laboratoires. On entend dire parfois que la fonction de la presse se résume à refléter la réalité. Les journalistes ont infiniment plus de pouvoir que cela. Ils interprètent la réalité. En saisissent l’urgence. La mettent en forme, en scène, et en sens, dans une multitude de styles et de genres : les premiers purement descriptifs, comme la brève, le reportage, la revue de presse ou le portrait ; les seconds donnant voix aux opinions, pour les uns des femmes et des hommes qui font ou vivent l’actualité, comme l’interview ou le micro-trottoir, pour les autres de celles et ceux qui l’écrivent, comme l’éditorial, le dessin de presse ou la chronique. C’est ce dernier genre que Mélanie Chappuis se réapproprie.
L’écrivaine partage avec les autres journalistes la triple responsabilité d’informer, piquer les curiosités et nourrir les imaginaires. Dans la tête des autres, elle a cependant un infini privilège par rapport à celles et ceux qui restent à l’extérieur : elle brouille non seulement les frontières du vrai et du faux, mais aussi les frontières qui séparent sa conscience de celles des autres. Elle plonge en elle d’abord pour mieux plonger ensuite dans l’intériorité de ses hôtes et en ramener des visions singulières dont lectrices et lecteurs peuvent s’inspirer pour se forger un avis propre.
En revisitant notre quotidien avec la distance de la fiction, l’écrivaine ébranle des opinions tyranniques, se moque tendrement d’attitudes convenues, rend leurs faiblesses à des politiques aseptisés, regarde le monde d’ailleurs : depuis l’autre sexe, depuis d’autres convictions, depuis d’autres parcours, d’autres passions, d’autres sociétés. Elle s’abandonne à l’altérité, mais sans s’y perdre, avec la lucidité d’une enfant de diplomates qui s’est construite entre l’Allemagne, le Nigeria, l’Argentine, les États-Unis et la Suisse, et se vit toujours entre ces cultures et ces langues.
Ses livres :
- 2008 : Frida, Bernard Campiche éditeur
- 2010 : Des baisers froids comme la lune, Bernard Campiche éditeur
- 2012 : Du cœur à l’ouvrage, collectif sous la direction de Louise Anne Bouchard, Éditions de l’Aire
- 2013 : Maculée conception, éditions Luce Wilquin
- 2013: Dans la tête de…Chroniques, éditions Luce Wilquin
- 2013: Le dos de la cuiller, collectif sous la direction de Louise Anne Bouchard, Paulette Editions
source: Wikipedia
Détails sur le produit
- Broché: 176 pages
- Editeur : Editions Luce Wilquin (1 décembre 2013)
- Collection : SMERALDINE
- Langue : Français
- ISBN-10: 2882534752
- ISBN-13: 978-2882534750
- Dimensions du produit: 20,4 x 13,8 x 1,8 cm