Epiphanie

Publié le 01 avril 2014 par Cecile Berthelon @walinette

Je ne sais pas trop par quoi commencer ce billet, j’ai peur que ce soit long et confus, et aussi de vous perdre en route. Et je serai peut être aussi parfaitement ridicule aux yeux de certaines pour qui c’est déjà totalement évident, tant pis.

Bon, voyez les bouquins là ? Cela fait des mois (années) que j’en lis dans ce genre là, c’est dans l’air du temps et je ne dois pas être la seule. L’envie de simplicité, se détacher de la surconsommation, tout ça. Les expériences DeadFleurette et cie. Forcément, ça me parlait beaucoup, mais je restais prisonnière. Et surtout je ne suis pas extrémiste, je suis faite de compromis. La tolérance je crois est la valeur que je veux le plus mettre en avant. Je comprends les incohérences, et les apparentes contradictions des autres et de moi-même ne me choquent pas. Je crois que personne ne peut y échapper en fait, que cela fait partie de la vie et qu’il ne faut pas que cela nous empêche d’évoluer ou d’essayer de nouvelles choses. Le tout c’est d’avoir des valeurs certes, mais d’être tolérant envers les autres et soi-même.

Mais voilà. Malgré toutes ces lectures, je n’avançais pas. Je m’accrochais aux choses, à leur valeur sentimentale et ce qu’elles projetaient. Du moi que je voulais être en gardant ma guitare électrique ou mes affaires de dessin, de l’image que je voulais renvoyer en gardant de jolies robes que je n’avais pas l’occasion de porter, de mon passé de baroudeuse en gardant mes souvenirs de voyage.
Et tout ce que je pouvais lire sur la simplicité volontaire, le bonheur que ça procurait et le temps que ça dégageait n’arrivait pas à me faire passer le pas.

Jusqu’à la semaine dernière et un ultime bouquin : The Joy of Less de Francine Jay. Pourquoi ? et bien parce que ce n’est pas une succession de listes de ce qu’il faut avoir/garder, de recettes toutes faites ou l’éloge d’un mode de vie. Les premiers chapitres sont purement psychologiques, j’y ai enfin compris mon rapport aux choses, mon fonctionnement et m’en suis instantanément détachée. Une épiphanie en somme. Mais pour rassurer mon côté scientifique et rationnel, je vois ça comme une connection soudaine de synapses dans mon cerveau. Je VOIS les choses différemment. Radicalement. Et ai acquis un lâcher prise face aux objets et aux vêtements de façon quasi instantanée.
Je pensais qu’il allait me falloir une longue lutte, une rééducation en quelque sorte (moi qui suis défenseur de la thérapie cognitive et comportementale), mais même pas. J’ai refermé le livre au tiers et j’ai vu tout mon environnement, et plus loin que ça, ma vie quotidienne complètement différemment.

Nous avions déjà fait du “lean” avec mon mari. Issus d’une culture industrielle, on avait tendance déjà à voir le côté pratique des pièces et des objets et surtout de leur rangement. Mais l’affectif prenait souvent le pas. Et la maison de 140m2 occupée depuis 5 ans ne m’a pas aidée.
Depuis la semaine dernière, j’ai commencé un grand tri, avec un seul mot d’ordre : commencer en divisant par deux la totalité de nos possessions (OK, hors voitures, vélos et cie, faut pas déconner non plus) (heu, quoique. Par un concours de circonstances, j’ai mis en vente ma Twingo).

Exemple avec l’armoire à vaisselle/livres de cuisine/torchons et cie (mais toute la cuisine et le salon y sont déjà passés) :

 (au revoir la vaisselle de mémé qu’on n’utilise jamais, le jeu de vaisselle chinoise ramené de Chine et les cadeaux de Noël même pas ouverts, -50% minimum ! on doit pouvoir accéder facilement et sans hésitation ou manipulation à tout ce dont on a besoin)

J’y ai passé mon week end, je le fais en continu. Je ne supporte plus la moindre zone ou s’accumule du bazar, je me suis DETACHEE des choses. Je ne sais pas l’expliquer, cela fait des années que mon mari se bat et que je résiste et là : hop. Sans aucune arrière pensée, un sentiment de libération totale. Et là je le cite “après 15 ans tu arrives encore à m’étonner”.
Cela peut paraître excessif, soudain. Ca l’est. Mais c’est une prise de conscience tellement révélatrice que c’est irrépressible.

Alors je ne vais pas virer minimaliste pour autant. Je ne crois pas. Je vais trouver mon propre équilibre, cela a toujours été comme ça. Jongler avec mes occupations et mon métier. Continuer mes partenariats blog. J’aime toujours autant les fringues, hein. Mais j’ai une autre vision je crois, et il va falloir que je trouve un modèle, des compromis, on en reparle très vite !

Je sais que je m’expose en vous en parlant de la sorte, je prends le risque de changer d’avis, de pourquoi pas être ridicule, de livrer mes doutes et mon cheminement, mais finalement c’est ce qui fait le sel des blogs : l’absence de calcul et de préméditation.

PS : ah si, un truc quand même. Je ne PEUX PAS jeter, c’est impossible sauf exception. Du coup je donne (les livres à la bibliothèque, les draps/serviettes/vaisselle : c’est open bar pour la famille, les jouets à la garderie ou crèche) ou je revends. Et c’est plus ça qui prend du temps…

PPS : le livre n’est dispo qu’en anglais, mais comptez sur moi pour en reparler !!

PPPS (c’est sans fin) : je sais que c’est un peu une tendance sur les blogs, ce besoin soudain de “moins”, de minimaliste. Mais ça me rappelle un truc que j’ai lu dans un roman de Trevanian, cela parlait des employés des magasins de bonbons. Ou comment quand quelqu’un est embauché, au départ c’est all-you-can-eat, open bar, vas-y goinfre toi. Du coup après 15 jours d’excès et d’abus, le dégoût puis la régulation s’installe naturellement.
Notez bien que ça va fonctionner moyen avec un alcoolique qui devient barman. Tout dépend du degré d’addiction de la substance. Avec les fringues et le shopping, on navigue un peu parfois entre les deux…

PPPPS : ah oui nan, dernière chose, ce n’est pas une blague, promis…