Au moins, cependant, la marque SONY annonce-t-elle la couleur: pas question de jouer les malins et d'essayer de faire les choses différemment. Dès lors le "I change" n'est qu'une figure de style, une contradiction assumée en tant que telle, un clin d'oeil cynique de publicitaire - "Changer? Même pas dans tes rêves, au fond..."
Mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel est que le cadre national, en matière économique et sociale, est définitivement obsolète. L'essentiel est qu'on ne saurait mettre l'économie au service des humains, et non l'inverse, qu'à l'échelle de l'Europe. L'essentiel est qu'on ne saurait favoriser le dynamisme entrepreneurial qu'à l'échelle des régions ou des "territoires". Le paradigme hexagonal, dans lequel sont enfermés les dirigeants socialistes - tout comme leurs opposants de droite, est un piège à cons: il les conduit tout naturellement aux compromis quant à leurs ambitions social-démocrates, sinon à des compromissions avec les lobbies bancaire et (grand-) patronal, eux aussi douillettement lovés dans leur cocon franchouillard - qu'on songe à l'ahurissante consanguinité des conseils d'administration des entreprises du CAC 40 - compromissions qu'on baptisera "pacte". A cet égard, les vociférations d'un Mélenchon ou d'une Le Pen contre "Bruxelles", loin d'être "hors-système", ne font que conforter ledit "système": les uns et les autres entretiennent l'illusion de la pertinence du cadre national, méprisant ouvertement tout ce qui est en deçà (le local, le régional) ou au delà (l'Europe) de ce cadre, c'est-à-dire méprisant les seuls espaces où la politique (économique et sociale) peut s'avérer crédible et durable.
Dès lors le seul vrai "changement" qui vaille ne saurait être un changement façon SONY Xperia, où le "me-too" est travesti en nouveauté et le renoncement en volontarisme. Le seul vrai "changement" qu'il serait important d'annoncer est que le schéma national et jacobin a fait son temps, que la pensée politique doit changer de braquet. Comme le chantait Renaud, "ça fait p't'être mal au bide, mais c'est bon pour la gueule", il faut arrêter de se raconter des histoires.
Mais je ne suis pas bien sûr que le remaniement gouvernemental en cours soit autre chose qu'un "I change" à la SONY. Un poisson d'Avril de mauvais goût.
See you, guys.