L’avantage de découvrir une excellente série sur le tard, c’est de ne pas devoir attendre la suite du récit.
Après un premier volet qui invitait à suivre le parcours de trois personnages, ce deuxième tome replonge immédiatement le lecteur dans le quotidien de plus en plus violent de ce quartier malfamé de Baltimore. J’étais donc assez impatient de connaître la suite des (més)aventures de Washington (un ex-militaire qui revient d’Irak dans un avion rempli de cercueils de soldats morts au combat), d’Ellis One (un ancien caïd de retour de prison après avoir survécu à la chaise électrique) et du très attachant Elliot Friedman (le fils particulièrement cultivé de cet épicier qui vient de s’installer à Baltimore et qui se lie progressivement d’amitié avec les jeunes dealers du coin).
Force est de constater que, suite aux évènements dramatiques de la fin du tome précédent, les choses ont pas mal empiré à Baltimore. L’épicier, accusé du meurtre du rabbi Finkelstein se retrouve en taule sous la protection de la fraternité aryenne. Elliott a repris la gérance de l’épicerie de son père pour le compte du sanguinaire Ellis One. Sixteen est en cavale et Marnie Adams a disparu, obligeant Washington à prendre ses responsabilités afin de sauver son association de sans-abris. De plus, ils subissent tous la montée de la violence de leur quartier, provoquée par cette guerre des gangs qui s’envenime avec l’arrivée du mystérieux gang Y.
Si le premier volet pointait du doigt les lacunes de ce pays qui abandonne ses anciens combattants une fois revenus du front et qui n’hésite pas à expulser les citoyens victimes de la crise des subprimes de leurs maisons, cette suite continue d’aborder les problèmes de société, mais ceux-ci ont tout de même tendance à se retrouver noyés sous cette vague de violence. Aurélien Ducoudray (Young) profite également de l’emprisonnement de Monsieur Friedman pour s’intéresser de plus près aux différents gangs qui règnent en milieu carcéral. Si le quotidien des corner boys faisait surtout penser à l’excellente série télévisée « The Wire », l’univers des taulards se rapproche plus de la série « Oz ».
J’ai cependant trouvé cette suite moins bonne que le premier tome. Est-ce l’effet de surprise qui a disparu ou le fait que l’aspect social se retrouve noyé par une violence qui monte crescendo depuis l’arrivée de tanks en fin de tome précédent ? Où est-ce le fait de vouloir intégrer trop d’éléments à son intrigue au détriment d’un fil rouge qui se perd au fil des pages ? Probablement un peu de tout, mais je pense que ce qui m’a le plus dérangé c’est probablement le fait que l’auteur tourne un peu le dos aux jeunes du Corner 16 pour se concentrer sur l’histoire des plus grands.
Visuellement, le trait nerveux de Guillaume Singelin ("King David", Pills et Doggybags) accompagne à nouveau avec brio ce scénario percutant. Proposant des planches fourmillantes de détails (j’adore le poster de Doggybags dans la chambre d’Elliot) et des personnages particulièrement expressifs, il insuffle énormément de dynamisme aux scènes d’action et installe une ambiance aux petits oignons tout au long de cette saga à la fois délirante et intelligente.
Un tome légèrement moins bon, mais une série qui ne déçoit pas pour autant !
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