La belle semaine chinoise du groupe Airbus

Publié le 31 mars 2014 par Toulouseweb

Une semaine en or pour le groupe européen, une semaine comme on en a rarement vue dans l’industrie aéronautique mondiale. Il n’y pas de mot pour qualifier cette réussite. Examinons d’abord les faits pour ensuite tenter de répondre aux questions qui ne manquent pas de se poser.
Les faits : Le président chinois Xi Jinping et le président français François Hollande étaient présents lors de la signature d’un contrat marquant la poursuite de la coopération entre la France et la Chine dans le secteur aéronautique. Il s’agit d’un accord général dit Ť GTA ť (General terms agreement) qui porte sur l’acquisition de 70 nouveaux Airbus. Ce que ne dit pas le communiqué officiel, c’est que 27 de ces 70 exemplaires auraient dű ętre depuis longtemps inscrits dans le portefeuille d’Airbus. La commande de ces 27 avions, des A 330, avait été purement et simplement annulée lors de la tentative de l’Europe de taxer les émissions de CO2 pour tous les avions se posant sur son territoire. Pas question ! avaient répondu les Chinois. Heureusement pour notre balance extérieure, Bruxelles a reculé devant les menaces chinoises mais aussi américaines de boycotter le ciel et l’industrie européens.
Dans le détail, 43 A320 seront destinés ŕ l’usine chinoise de Tiangin, située ŕ 120 kilomčtres de Pékin, qui produit actuellement 4 avions par mois et qui est assurée de fonctionner jusqu’en 2025. Ces A320 produits en Chine pourront ętre exportés sur l’ensemble du territoire asiatique, donc non plus réservé au seul marché chinois, comme prévu ŕ l’origine.
Du côté des hélicoptčres maintenant, le nouveau patron d’Airbus Helicopter, Guillaume Faury, parle d’un accord historique puisque sa société et la société chinoise Avicopter s’engagent pour 20 ans dans la production de l’EC175 et de son équivalent chinois, appelé AC352. Le chiffre de construction est avancé : ce seront 1 000 hélicoptčres sur 20 ans. Un excellente nouvelle pour l’EC175, qui vient tout juste d’ętre homologué par les autorités européennes et américaines. La Chine qui est totalement sous développée en matičre de voilure tournante, puisque une vingtaine d’hélicoptčres sont vendus chaque année pour un parc actuel de 350 appareils. Selon Guillaume Faury, lui-męme : il y aurait des besoins pour 200 machines par an.
Les questions que l’on se pose maintenant : ŕ notre connaissance, la Chine ręve toujours d’ętre une puissance aéronautique. Le futur concurrent des Boeing 737 et des Airbus A320 s’appelle le C919. Il doit entrer en service en 2016, sur le marché chinois mais apparemment le projet a pris beaucoup de retard. En plus ŕ notre connaissance : AVIC, qui est l’Airbus Group chinois, n’a toujours pas changé son objectif de prendre 16% du marché mondial ŕ l’horizon 2031. A notre connaissance encore, les Chinois n’ont toujours pas renoncé ŕ monter en taille dans leur construction d’avion en faisant par exemple des A330. Des questions ŕ éclaircir ŕ l’évidence.
A Toulouse oů l’on a pris l’habitude de travailler avec l’ingénierie chinoise, on ne se plaint pas officiellement, disons-le carrément de vol de technologie sensible.
Reste aussi le climat dans lequel s’est déroulée la visite officielle chinoise. Le président chinois et son épouse, la générale chanteuse militaire, n’ont pas eu un sourire pendant les trois jours restés en France. C’est toutefois ce que la télévision nous a montré. En fait selon notre consoeur de France Inter, Dominique André qui fut longtemps correspondante ŕ Pékin et qui a suivi de bout en bout le voyage présidentiel chinois, il y a eu de véritables moments de complicité et de détente entre les deux délégations, notamment lors du concert ultime ŕ Versailles. Il faut dire que la visite avait été trčs sérieusement préparée du côté français. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangčres, s’est rendu 6 fois ŕ Pékin et avait męme quitté précipitamment, la révolution de Kiev en Ukraine, pour justement aller régler les derniers détails du déplacement parisien du président chinois. Pour Pékin ce sont ces détails lŕ qui comptent.
Nous avons appris les rčgles du jeu, dont acte : nous sommes aéronautiquement fiancés ŕ la Chine pour 20 ans.
La chronique AeroMorning.com de Gérard Jouany