Chez Cosson, ça tourne. On y fabrique des moulins à café selon des procédés qui ne changent pas, moteurs, émaillage… Et même si la pendule tourne à l’envers, le temps avance inexorablement. On embauche une jeune femme qui « a besoin de travailler » et dont la présence va émoustiller les hommes du bureau du Service après-vente. Mais tout tourne, les têtes des hommes, donc, aussi bien que la pendule, aussi bien que les bureaux, aussi bien que les téléphones auxquels les réponses ne varient pas qui que ce soit qui réponde. Tout tourne et se transforme sans crier gare, à moins que les douleurs du dos soient signes de ces difficultés. Et puis, il faudrait enfin réaliser la cloison qui fermera le bureau sur lui-même et le protégera des rivalités des autres services, le service des ventes par exemple. C’est la vie d’une entreprise, et la fin de quelque chose, de beaucoup de choses. Anne a des problèmes avec sa fille, Nicole n’arrive pas à se détendre, Yvette courtise son mari, Guillermo, et il finira par déménager, Monsieur Jaudouard surveille et transmet les ordres de la direction. Ordres qui vont peu à peu changer l’ordre des choses. Et si nos vies personnelles en profitaient pour changer, elles aussi ? Si l’amour échappait enfin aux règles de l’économie ? C’est une possibilité dans un monde qui cherche de nouvelles pistes après avoir étouffé année après année l’expression de chacun pour ne laisser de place qu’à l’intérêt de l’entreprise. Et Michel Vinaver sait de quoi il parle !
J'ai vu ce spectacle, interprété par Cédric David, Luc Ducros, Agathe L’Huillier, Julie Ménard et Mireille Roussel, au Pôle culturel d'Alfortville (91), dans le cadre du Festival des écritures.