Chalut les humains,
Appellez moi Scar’(amouche)…
Aujourd’hui, je me mets en mode Roi Lion, ou “ grand prédateur de la savane” pour aller croquer Les Gazelles de Mona Achache au cinéma.
Ah! C’est sympa de découvrir un documentaire animalier sur grand écran, après Félins, Chimpanzés et autres f…
Hé! Mais qu’est-ce que c’est que ce truc?!? A la place de la brousse africaine et les grandes étendues du Serengeti, on a droit à des plans des trottoirs parisiens. Et en guise de gazelles, des humaines aussi agitées que des phacochères en rut! Ah, c’t’arnaque! Je ne m’attendais pas à ça!
En fait, Les Gazelles est une comédie (pas drôle) romantique (enfin… pas trop) pour filles (pas très regardantes sur la qualité du produit), un peu dans l’esprit du Journal de Bridget Jones (mais sans l’humour anglais, l’abattage de Renée Zellweger ou le charisme de Colin Firth et Hugh Grant).
La cinéaste et sa scénariste/actrice principale Camille Chamoux, nous invitent à suivre les déboires de trentenaires-célibataires confrontées, pour les unes, à des hommes instables, machos et volages (les salauds!), ou, pour les autres, à des hommes fidèles, gentils, mais incapables de satisfaire leur soif d’aventures et d’exotisme (les salauds!). Ah! Les pauvres femmes! C’est dur, la vie!
Oui, pauvre Marie (Camille Chamoux)!
Alors qu’elle vient de signer l’achat d’un appartement avec l’homme qui partage sa vie depuis quinze ans, bien sous tout rapport, elle réalise qu’elle ne supporte plus ses petites manies agaçantes, et qu’il ne sera jamais capable de l’emmener hors de sa routine quotidienne. Marie rêve d’exotisme, de coups de folie, de passion ardente dans les bras d’un homme. Et pourquoi pas ceux de ce skateur barbu qu’elle a rencontré à la sortie du bureau et qui semble intéressé par une liaison avec elle. C’est décidé : elle plaque son mec et son appartement en travaux pour aller trouver l’amour auprès du bel inconnu.
Seul problème, ce dernier n’a jamais envisagé autre chose qu’une coucherie d’un soir, et Marie se retrouve donc célibataire, sans logement et sans perspective d’avenir sentimental stable.
Pauvre Sandra (Audrey Fleurot)!
Elle doit s’occuper seule de son fils après un divorce compliqué, et celui-ci aurait bien besoin d’un père.
Elle a bien quelqu’un en vue, un gentil garçon, aimable, souriant, capable de supporter ses excentricités et ses angoisses. En plus, son fils l’adore. Mais elle n’arrive pas à s’engager. A la place, elle préfère accumuler les coups d’un soir, des mecs qu’elle emballe dans les bars, en compagnie de sa bande de copines, à laquelle elle s’empresse d’ajouter Marie, sa collègue de bureau.
Pauvres Gwen (Anne Brochet), Myriam (Naidra Ayadi) et Judith (Joséphine de Meaux), les copines en question!
Elles aussi passent leurs soirées à pester contre ces princes charmants qui tardent à les emporter sur leurs fiers destriers, avant de prendre la bouche du premier crétin venu. Et en plus, le scénario finit par les oublier totalement, les cantonnant, ainsi que leurs interprètes à des seconds rôles totalement insignifiants.
J’ai envie d’ajouter : pauvres spectatrices, qui ne se reconnaîtront sans doute pas dans ces portraits de femmes au bord de la crise de nerfs, ultra-caricaturaux et très agaçants. Et pauvres spectateurs masculins, qui se demanderont sans doute ce qu’ils font dans la salle face à cette comédie résolument “girly” qui omet de s’adresser à eux.
Dommage, car il y avait des choses à creuser dans cette trame scénaristique ancrée dans l’air du temps. Les auteures auraient pu s’interroger sur l’évolution des relations hommes-femmes au XXIème siècle, sur les rapports amoureux dans les sociétés 2.0 ultra-connectées, où on privilégie l’immédiat, l’instantané, la consommation rapide plutôt que les relations durables, mais aussi sur le mythe du prince charmant et de la femme parfaite.
Elles ne font qu’effleurer les problèmes pour se concentrer sur leur intrigue mollassonne et les décisions plus crétines les unes que les autres prises par leurs héroïnes, et notamment par le personnage principal (abandonner son mec, son logement et son travail pour tomber dans les bras d’un connard, quelle belle idée en temps de crise!). Et si elles ont le bon goût de ne pas nous infliger un happy-end niais au possible, on reste assez circonspects sur la “morale” délivrée par le film : en gros, les femmes ont le choix entre le lesbianisme ou l’alcoolisme et l’accumulation de coups d’un soir sans lendemain, surtout si elles ont passé la trentaine ou pire, la quarantaine. Mouais… Je sais que vous êtes bizarres, vous autres humains, mais il y a sûrement d’autres options possibles, non?
Finalement, je vais vraiment exercer mes instincts de chasseur et sauvagement déchiqueter ces Gazelles pas très vives, jouer le chat dur envers la Chamoux et vous déconseiller d’aller voir cette comédie dont le seul intérêt tien uniquement dans son inventif générique de début. Trois minutes de métrage sur plus d’1h30 de film. A 10 € la place, ça fait cher…
Bon, il faut que je vous laisse, je vais tenter une autre séance. Un film de super-héros avec un matou dans le costume principal. Captain Chat-Merica, ça s’appelle. Quoi, comment ça, il n’y a pas de félin dedans?
Plein de ronrons,
Scaramouche
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Les Gazelles
Réalisatrice : Mona Achache
Avec : Camille Chamoux, Audrey Fleurot, Joséphine de Meaux, Anne Brochet, Naidra Ayadi, Olivia Côte
Origine : France
Genre : le journal de Brigitte Jaune
Durée : 1h39
Date de sortie France : 26/03/2014
Note pour ce film :●●○○○○
Contrepoint critique : Le Parisien
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