Battre un record sans rien faire, aucun sportif au monde ne l'aurait fait.
Et pourtant, à chaque élection, ou presque, le record est battu. C'est l'occasion de sempiternelles leçons de maintien sur les droits et les devoirs du citoyen, mon cul sur la commode. Que ces leçons viennent des honnêtes gens, c'est dans l'ordre des choses. Qu'elles viennent, au contraire, des "citoyens", c'est plus triste.
- "Si tu ne votes pas, tu ne fais rien".
- "Si tu ne votes pas, tu laisses la droite passer".
- "Si tu ne votes pas, le Croquemitaine FN va passer".
- Et caetera.
Les morts pour la démocratie
Bon. On entend aussi, et c'est le plus dramatique : "Des gens sont morts pour avoir le droit de vote, et se battent encore pour ça dans d'autres pays."
Le fait que des homines sapientes sapientes (au moins) se soient battus pour quelque chose ne fait pas la valeur de la chose. Petit point godwin pour plaire aux honnêtes gens : des homines sapientes sapientes (au moins) se sont battus pour l'avènement du nazisme! Devons-nous en conclure que faire entrave au nazisme, c'est une trahison inadmissible envers les amis d'Himmler et les zozos d'aujourd'hui en Ukraine? Même un homo sapiens (tout court) comprendrait l'absurdité de la chose. Alors, pourquoi nous bassine-t-on avec ça?
Bon. L'occasion, aussi, de revenir sur la "démocratie" (résumé complet ici). Ça commence à être rabâché ici, mais l'élection ce n'est pas la démocratie, mais son contraire : l'aristocratie, et de nos jours, l'aristocratie par l'argent soit la ploutocratie. Qu'il est dur de se faire comprendre! Deux siècles de propagande sur ce mot "démocratie". Avant 1789, tout le monde savait ça. En tant que démocrate, je ne vais plus voter.
Cette position est très rarement comprise. A ceux qui s'étonnent, je suggère de réfléchir à ceci : les bâtisseurs du système "démocratique" avaient en horreur la démocratie (la vraie). Ces Voltairiens, qu'on peut retrouver toute l'histoire de la République durant, ne peuvent pas avoir donné à la canaille ce qui les révulsait!
Aujourd'hui, l'abstentionniste est accusé d'être un "citoyen passif". Tiens, c'est d'ailleurs ce qu'avait inventé l'abbé Sieyès : distinguer les citoyens actifs des citoyens passifs. Lui, c'était selon leur argent. Et, comme le rappelait Guillemin, c'était un chef-d'oeuvre d'humour noir puisque ceux qu'on appelait passifs, étaient ceux qui n'avaient pas le droit de vote.
Depuis Sieyès, les honnêtes gens se sont ralliés au suffrage universel, à l'époque de Thiers, parce qu'ils ont compris alors que c'était le meilleur moyen de préserver les grands intérêts.
Des "citoyens passifs" au référendum de 2005, on voit bien que la ligne directrice, c'est qu'on ne demande pas son avis à la populace. Mais on le lui fait croire.
Les leçons de morale ne fonctionneront plus.