Keanu Reeves se lance dans la réalisation avec Man Of Tai Chi, une série B honnête et efficace, tournée en Chine. Le scénario n'est qu'un prétexte à un enchainement de combats plutôt bien filmés à défaut d'avoir des chorégraphies remarquables. Un divertissement honorable, de qualité, pour les amateurs d'arts martiaux.
Lorsqu'un acteur passe derrière la caméra le résultat est toujours intéressant à voir, autant dans ses petites maladresses que dans ses potentielles fulgurances. Keanu Reeves, très rare ces temps-ci malgré son autre film (47 Ronin) sortant le même mois, évite de s'atteler à un projet trop ambitieux en mettant en scène une série B classique. En se tournant vers un genre qui lui aura été favorable auparavant, l'acteur fait preuve d'humilité. Dans sa démarche, il s'associe avec l'un de ses anciens collaborateurs, Yuen Woo Ping, pour donner une forme de crédibilité à un tournage qui a en outre la particularité de se situer en Chine et d'être interprété en majorité en cantonais et mandarin. Il en résulte un film d'arts martiaux très efficace, qui ne lésine pas sur les scènes de baston mais qui en revanche ne s'embarrasse pas d'un scénario original. Car le plus gros point faible du film reste son histoire « prétexte » accumulant les clichés autant que les facilités scénaristiques. Mais l'on est conscient que ce qui prime avant tout, ce sont les scènes de combats, présentes en grande quantité.
Pour le coup, Keanu Reeves n'est pas avare et nous sert de très belles séquences, rythmées et pleines d'énergie. Si les chorégraphies pourront décevoir les spectateurs les plus aguerris (notamment dans la non exploitation du talent de certains acteurs/combattants), on pourra noter l'exceptionnelle performance de l'interprète principal Tiger Hu Chen, très bien mis en valeur par la réalisation solide de Keanu Reeves, qui évite le montage trop cut et permet au public de suivre sans effort le moindre mouvement.
Restent quelques bonnes idées de mise en scène, une recherche esthétique constante pour rendre unique chaque combat, et la surprise de découvrir l'acteur dans un rôle de bad guy. A ce titre, son interprétation est à la limite du surjeu, surtout lorsqu'il fronce les sourcils pour se rendre plus menaçant et qu'il répète inlassablement les mêmes phrases lors de l'ultime duel, bien trop long et moins spectaculaire que tous les précédents. D'ailleurs, si le héros est très bon lorsqu'il fait parler ses pieds, il n'est pas de même lorsqu'il doit se confronter à des lignes de dialogues. Sans le trouver mauvais, on peut juste constater que ce n'est pas son jeu d'acteur qui fait son talent. On pourra enfin reprocher au film de ne pas développer suffisamment certains arcs narratifs (comme l'espèce de romance ou la relation maître/élève par exemple) et son goût musical plus que douteux (des compositions assourdissantes accompagnent les bastons). Néanmoins, Man Of Tai Chi reste un film tout ce qu'il y a de plus correct, qui n'a pas à rougir lorsqu'on le compare à d'autres productions HK du même tonneau.
Pour les amateurs d'arts martiaux, le spectacle est distrayant.
Titre original
Man of Tai Chi
Mise en scène
Keanu Reeves
Date de sortie
30 avril 2014 avec Universal
Scénario
Michael G. Cooney
Distribution
Tiger Hu Chen, Keanu Reeves, Xia Zi Han et Karen Mok
Photographie
Elliot Davis
Musique
Kwong Wing Chan
Support & durée
35 mm en 2.35 :1 / 105 min
Synopsis : Tiger, un talentueux combattant de Tai Chi, livreur en dehors du ring, se voit offrir des combats excessivement rémunérés par un riche entrepreneur à Hong-Kong. Pour sauver le temple de son maître et faire reconnaître le Tai Chi comme discipline de combat, le jeune Tiger ferme les yeux sur la légalité de ces rencontres et tombe sous le joug de Donaka Mark, son étrange et mystérieux bienfaiteur.