Mes concitoyens ont déjà envoyé un message fort à nos politiques déconnectés. Ils n’en veulent plus, de leurs promesses non tenues, de leur incapacité à changer leur quotidien, à leur donner de l’emploi, à ne faire qu’entretenir de la précarité généralisée, de la guerre de tous contre tous… Ils veulent tout autre chose : des conditions de vie plus dignes, un logement décent, avoir accès aux soins quels que soient leurs revenus, une nourriture plus saine, des transports aux prix accessibles, plus souples, plus ponctuels, de la culture pour tous et pas seulement pour quelques privilégiés, de vraies vacances plutôt que de l’oisiveté forcée dans des no man’s land… Ils en ont ras le bol de l’impossibilité de voir leurs enfants ne plus pouvoir profiter d’ une vie meilleure, de cette absence totale de projet sociétal alternatif qui leur redonne, enfin, de l’espoir. Et de tout cela, notre démocratie se meurt. Le reste, tout ce qui ce soir sera décortiqué, pesé et sous-pesé, analysé, battu, débattu et rabattu, tout ce qui donnera lieu à d’insondables autant que dérisoires péroraisons ne sera que la mousse de l’écume d’un ressac médiatique qui ne signifie plus grand chose, sinon l’antépénultième étape de l’impuissance publique, dont la plus grande visibilité du FN n’est qu’un énième avatar. Quand donc nos élites savantes donneront-ils enfin une réponse véritable à ce peuple qui désespère ? Quand prendront-ils enfin la réelle mesure de ce non-vote qui signifie si fort que de toute cette politique là, ils n’en veulent plus, attendent tout autre chose ? Pourquoi ne prennent-ils pas réellement en compte le vote blanc, et n’invalident-ils pas les élections quand une proportion trop importante s’exprime, qui veut dire fortement à quel point l’offre politique est devenue si diablement insatisfaisante ?
Tant qu’ils ignoreront avec tant de mépris cette proportion d’électeurs qui désertent les urnes, les politiques de tous partis, tous mouvements, toutes obédiences feront fausse route, et trahiront ce pour quoi on les élit : l’intérêt collectif, dont tant de mes concitoyens ont l’impression qu’ils ne tiennent plus compte. De cette pierre angulaire devrait pourtant surgir le renouveau démocratique que nous attendons tous.