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Sortis il y a exactement vingt et dix ans, les troisième et septième de Green Day font tout simplement partis des meilleurs ventes de leur décennie respective. S’écoulant à plus de vingt millions d’exemplaires pour le premier et plus de quinze millions pour le second, ce sont donc, en plus de leurs plus gros succès commerciaux, leurs deux plus grand succès critiques.
À sa sortie en 1994, et l’année suivante encore plus, Dookie sera partout : radio, télé, magazine, concerts, festivals, etc. et le tube « Basket case » en fut surtout d’entrée l’emblème, emblème que le trio ne tentera jamais d’imiter et que personne d’autres n’essayera non plus de s’approprier tant cela reste un titre à part.
Dix ans plus tard, cette fois-ci en pleine frénésie de téléchargements illégaux (grâce à) à cause d’Internet, et surtout après un Warning faisant perdre de sa superbe au groupe, alors même qu’il s’agit peut-être de leur meilleur disque artistiquement parlant, American Idiot balaya tout sur son passage. Porté par des tubes tous plus colossaux les uns que les autres, notamment le fantastique « Boulevard of broken dreams », c’est un album tout à fait symptomatique de son époque. Imaginez un seul instant qu’il soit sorti quelques années plus tôt, il serait alors de toute évidence devant Dookie en terme de ventes. Peu importe ce détail. Car musicalement, le débat est très difficile : Dookie, et son style direct, concis, épuré, percussif, jouissif en une petite demi-heure ne peut pas être comparé au plus complexe, long, lourd, subversif, écrasant American Idiot. Les morceaux de ce dernier, treize au compteur, vingt-et-un en en considérant les deux morceaux cycliques composés en fait chacun de cinq chansons, est un monument dans tous les sens du terme. Dookie, lui, prône l’immédiateté, la vivacité et la naïveté.
Au final, beaucoup de fans actuels sont de la génération post-American Idiot, mais beaucoup l’ont été, comme moi, grâce à Dookie et ses petits frères (Insomniac, Nimrod et Warning). Avec American Idiot, Green Day tournait, une seconde fois, une page du livre de son histoire, suite au tremblement de terre que représenta son passage sur une Major, plus rien ne sera comme avant depuis American Idiot, album marqué au fer rouge par le 11 septembre 2001 dont il est la progéniture souffrante. Néanmoins, et malgré tout ce que ce disque peut signifier dans le Rock moderne, Green Day demeure pour moi le groupe qui a pondu Dookie : et oui, pondu est le mot adéquat, regardez justement la pochette pour comprendre ! Et quand il y a une grenade sur la pochette du dernier, le premier, lui, nous montrait un chien « excrément à la main » pour aider à semer la merde que l’on voit…
Un cas désespéré, chantait Billie Joe sur « Basket case » ? On peut aujourd’hui dire que l’avenir a démontré tout le contraire.
(in heepro.wordpress.com, le 30/03/2014)