Mapplethorpe, subversif et si classique!

Publié le 30 mars 2014 par Marcel & Simone @MarceletSimone

Du 26 Mars 2014 au 13 Juillet 2014

Tous les jours de 10h à 22h. Fermeture à 20h le dimanche et le lundi.

Le Grand Palais consacre ce printemps une rétrospective, la première en France, au photographe américain Robert Mapplethorpe.

Célèbre pour ses clichés subversifs d’hommes nus, l’exposition retrace sa carrière de ses premiers polaroïds aux portraits de la fin des années 80. Atteint du Sida, il meurt à l’âge de 42 ans.

On découvre Mapplethorpe, « à rebours ». La première œuvre présentée est l’Autoportrait à la canne, image d’un artiste prématurément vieux. Jérôme Neutres, le commissaire de l’exposition justifie ce choix scénographique afin de mettre en avant le caractère classique de l’œuvre du photographe. La première salle est consacrée à la photographie de sculptures qu’il réalisait à la fin de sa vie, trop fatigué pour travailler avec ses modèles.

Robert Mapplethorpe Self-Portrait,1988. Épreuve au platine Collection particulière © Robert Mapplethorpe Foundation.

Accrochés sur un même plan, ses compositions florales, des nus et des portraits reflétant parfaitement l’esprit de l’américain:

« When I’ve exhibited pictures, (…) I’ve tried to juxtapose a flower, then a picture of a cock, then a portrait, so that you could see they were the same.

On se laisse porter par l’univers de l’artiste empli de sexe, de bondieuseries, de collages et de strass. Évoluant entre le New York arty des années 70, et le monde gay underground, il photographie ses amis et son entourage. Réunis sur un « mur des célébrités », on reconnaît Iggy Pop, Richard Gere ou encore Louise Bourgeois autour du pape de la scène artistique new yorkaise, Andy Warhol.

Un petit cabinet,à l’entrée limitée aux adultes, vous fera rougir. Bienvenue dans les Backrooms SM de cette période. Le contenu sexuel y est assez explicite. Je ne vous dit rien mais n’y emmenez pas votre grand-mère !

Leather crotch,1980. 50,8 x 40,6 cm Épreuve gelatino-argentique New York, Fondation Robert Mapplethorpe © Robert Mapplethorpe Foundation.

Si Mapplethorpe aimait les hommes, l’exposition a su rendre honneur à ses deux muses qu’il a photographié inlassablement. Patti Smith, bien sûr, sa première compagne et son amie fidèle. Assise devant son propre portrait, lors du vernissage elle raconte avec émotion leur relation. Loin de celle d’un photographe et de son modèle, ils étaient de réels compagnons, ils échangeaient et créaient ensemble. Lui ses collages et ses photographies, elle ses poèmes et sa musique.

Les couvertures d’album de la chanteuse font face aux portraits nus ou déguisés de Lisa Lyon, bodybuildeuse. Son corps rappelait au photographe les sculptures de Michel Ange.

Patti Smith 1978 50,8 x 40,6 cm Épreuve gelatino-argentique New York, Fondation Robert Mapplethorpe © Robert Mapplethorpe Foundation.

Vous sortirez de là choqués, émus et hilares. Cette rétrospective est complète et habilement présentée. Par contre, si vous espériez comprendre Mapplethorpe, il faudra vous faire votre propre opinion ou vous plongez dans les livres. Comme à côté, chez Bill Viola, le parti pris est celui de l’œuvre-maîtresse sur des murs vierges, aucun texte, aucun guide pour le visiteur. La scénographie est plus épurée, plus belle mais peut être un peu trop élitiste. Est-on obligé d’acheter un catalogue ou de lire le dossier spécial de Télérama pour décrypter une exposition? On regrette également que, comme souvent au Grand Palais, la majorité des œuvres présentées soient des tirages modernes et non des originaux…

S’il ne fallait conseiller qu’une seule lecture pour accompagner ses photographies, ce serait Just Kids, ode à la jeunesse de Patti Smith et Robert Mapplethorpe, un petit bijou !