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Les mouvements dans le monde des moteurs de recherches observés ces dernières semaines sont déterminants à plus d’un titre pour l’avenir de notre relation (particuliers et professionnels) à l’outil Internet.
Le volet stratégique et financier :
L’enjeu central de cette affaire réside dans le contrôle du marché mondial de la publicité en ligne (évalué à 30 milliards d’euros en 2008, les analystes prévoient qu’il devrait doubler dans les deux prochaines années). Actuellement, c’est le moteur de recherche américain Google qui est leader sur ce créneau très valorisé. Le chiffre d’affaires ainsi dégagé par Google est supérieur à celui du premier annonceur britannique (ITV), ce qui rajoute à sa solidité financière et renforce son cours de bourse aujourd’hui à 583,01 $/action (le 8 mai 2008), pour une introduction à 100 $ début 2005, soit une multiplication par près de 6 de son cours !
La manœuvre de Microsoft a pour objectif de concurrencer Google, afin de récupérer une part plus conséquente de ce marché juteux.
Par ailleurs, la question des logiciels en téléchargement gratuit est aussi un point stratégique de la démarche de Microsoft. La firme de Seattle est présente, tout comme Google, sur divers créneaux allant de la géolocalisation (Google Earth Vs Microsoft Virtual Earth) au traitement des photos (Picasa pour Google ; Photo Info pour Microsoft). L’avantage de Microsoft en a matière est que le taux d’équipement des postes de travail dans le monde est de l’ordre de 85%, autrement dit leader écrasant sur les PC. Le tour de force serait pour Google de pénétrer suffisamment pour imposer ses logiciels de bureautique (traitement de texte, tableur, etc.).
La question éthique :
Les associations de consommateurs expriment régulièrement leurs craintes quant à la détention par Google de millions d’informations sensibles liées à ses utilisateurs particuliers et professionnels.
En France, la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) a entamé une concertation avec les 3 principaux acteurs du marché afin de les contraindre à s’engager au respect des règles européennes, notamment la conservation des données.
Sur ce point, les effets d’un regroupement Yahoo !-Google renforceraient les craintes, mais aussi les devoirs du nouveau groupe quant à sa responsabilité intellectuelle et de sécurité. Il sera néanmoins intéressant de suivre l’avis des autorités américaines de la concurrence, qui auront leur mot à donner dans cette affaire.
Les deux firmes sont coutumières de chamailleries devant la Justice américaine. Il y a un an, en avril 2007, Microsoft avait assigné Google devant les tribunaux pour « abus de position dominante » suite au renforcement de Google dans le domaine de la publicité en ligne.
Si la démarche de Microsoft entamée en début d’année n’a pas abouti pour l’instant, elle a eu le mérite de faire bouger les lignes dans un secteur qui ne parait pas encore représenter une vraie économie aux yeux de tous, et qui pourtant est l’un des créneaux les plus dybamiques actuellement (les recettes de pub sur internet ont augmenté de +32% en 2006-2007). Paradoxalement, c’est peut-être Google qui profitera des remous qui séduiront peut être Jerry Lang, PDG de Yahoo !, à se précipiter dans les bras de son concurrent. En effet, un accord serait en discussion entre les deux firmes pour rapprocher leurs activités de recherche en ligne, plaçant Yahoo ! sous la coupe directe de Google.
Mais une information publiée ce jour par le quotidien économique « Les Echos » (p.25) pourrait rendre l’issue de cet épisode encore plus incertaine. En effet, certains actionnaires de Yahoo !, mécontents de l’entêtement de leurs dirigeants à refuser une offre perçue comme très valorisante par les observateurs, pourraient tenter de prendre les rennes du portail Internet afin d’accepter une éventuelle nouvelle proposition de Microsoft.