L'église Saint Joseph des Carmes

Publié le 30 mars 2014 par Mpbernet

Extraordinaire découverte que cette superbe église baroque de Paris, située 70 rue de Vaugirard,  à un jet de pierre de chez moi et visitée en compagnie d’un érudit, Georges Grand.

Nous la connaissions bien sur pour y entendre la messe, mais une visite commentée, c'est tout autre chose !

C’est un bel exemple d’architecture « jésuite » de plan romain (mais plutôt rare à Paris), un édifice à peine modifié, orné du second dôme à coupole construit à Paris, avec un campanile très élancé. Commencée en 1613, terminée en 1620 et consacrée en 1625, l’église saint Joseph était le centre du grand domaine du couvent des Carmes, arrivés en France sous la protection de Marie de Médicis. Aujourd’hui, elle fait partie de l’Institut Catholique de Paris.

Une architecture simple, mais des décorations tout à fait remarquables. On admire en particulier les chapelles Saint Jacques et Sainte Anne, en pur style Louis XIII, celle-ci ayant été récemment restaurée a retrouvé ses couleurs d’origine, et la splendide Vierge à l’enfant dessinée par Le Bernin, réalisée par Antonio Raggi et nichée dans un décor baroque magnifique.

Mais l’évocation historique ne s’arrête pas là.

C’est une visite « à tiroirs », qui nous entraîne dans des lieux particulièrement émouvants. Car c’est ici que fut perpétré, le 2 septembre 1792, dans la panique d’une prochaine invasion des Alliés contre la Révolution, un des épisodes des funestes massacres de septembre. On avait regroupé dans cette église des prêtres non-jureurs, plus d’une centaine. On les a gardés 17 jours, avant de les faire passer deux par deux devant un tribunal sommaire. Une vingtaine d’entre eux ont été épargnés, ils ont pu témoigner. Les autres furent passés au fil de l’épée dans le jardin délicieux du couvent, sans un mouvement de révolte. Non pas parce qu’ils étaient prêtres, mais simplement parce qu’ils étaient suspects de trahison. Une petite pièce, au premier étage du couvent, conserve encore la trace des traînées de sang laissées par les épées des sans-culottes massacreurs.

A l’occasion des travaux de percement de nouvelles voies, au temps du baron Haussmann, on a retrouvé certains de leurs ossements. Une chapelle située dans la crypte rend hommage aux 115 religieux.

On peut aussi se recueillir sur la tombe de Frédéric Ozanam, professeur à la Sorbonne (1813 – 1853), fondateur des Conférences Saint Vincent de Paul, béatifié en 1997.

Eglise Saint Joseph des Carmes, jardin accessible à partir de l’Institut Catholique de Paris – 21 rue d’Assas -  ou en allant à la messe, visites guidées gratuites organisées par Art, Culture et Foi, tous les samedis après-midis à 15 heures, entrée 70 rue de Vaugirard, 75006.