Saviez-vous que la ville de Gotham était située sur une faille sismique, et donc susceptible de disparaître de la carte en cas de secousses trop violentes? Bruce Wayne était loin de se douter de ce qui l'attendait, jusqu'au jour où le sol se mit à trembler, et sa ville à s'effondrer, dans un scénario apocalyptique et inattendu. Le plus grand séisme de l'histoire de la longue existence de Gotham vous attend, dans les pages de ce nouveau mastodonte édité par Urban comics. Quelques temps auparavant, la terre avait aussi tremblé (dans la vraie vie) à Los Angeles, et les auteurs se sont inspirés des caprices de la nature pour tisser cette trame poignante et désarmante, car cette fois, que peut Batman face à un ennemi dématérialisé, face à la fureur des plaques techtoniques, quand son univers est rasé de la carte en quelques secondes? Victimes piégés sous les édifices en ruine, pilleurs qui s'en donnent à coeur joie, héros poussés dans leurs derniers retranchements, juste pour survivre, ou organiser les secours, le menu de ce volume, suite directe à la série des Knightfall récemment publiés, est un des plus attirants qui soit, car il sonne la rupture avec le petit théâtre classique des cinglés de Gotham, pour donner la part belle à un événement inouï et inéluctable.
Batman n'est pas seul, heureusement. Nightwing est à ses cotés, mais aussi Huntress, Catwoman, Oracle (qui supervise les secours depuis son fauteuil roulant), les forces de police de la ville, la solidarité de tout un petit monde qui doit s'organiser au plus vite pour apporter les premiers secours, dans les heures et les jours qui suivent le cataclysme. Mais aussi : qui est ce cinglé qui déclare être la cause de ce seïsme, et qui menace une réplique encore plus destructrice si une rançon faramineuse ne lui est pas versée? Est-ce un tragique plan diabolique, ou de l'intox? De mars à mai 1998, cette longue saga tient en haleine des milliers de lecteurs, et sert de préambule à une longue période de presque deux ans, intitulé No Man's land, durant laquelle Gotham doit se reconstruire à travers un douloureux processus de ville ouverte où la concept même de société est sérieusement remis en question. Les dégâts sont lourds aussi pour Batman, qui perd au passage son manoir familial et la Batcave qui menace de devenir une tombe bien ironique pour le héros. D'une qualité parfois inégale, l'ensemble reste fortement impressionnant et teinté de désespoir comme rarement nous en trouvons dans ce genre de comic-book mainstream. Une plaie béante dans la vie et la ville de notre chauve-souris préférée. Au scénario les grands noms de l'époque mènent la barque (Dixon, Moench, O'Neil...) et aux dessins c'est un florilège de styles et d'artistes (Aparo, Nolan, Buckingham, Mc Daniel et son trait si particulier qui fit miracle chez Daredevil, avec Fall From Grace...). Presque 500 pages réunies pour la première fois dans une belle édition librairie en Vf, pour la joie des amateurs du Batman des années 90.