La bande dessinée adapte de plus en plus de romans français, qu'ils soient des best sellers récents (comme l'adaptation des enfants de la liberté de Marc Levy) ou bien plus des classiques de la littérature française. L'adptation du Horla, par Guillaume Sorel, publié depuis le 12 mars dernier chez Rue de Sèvres, fait évidemment partie de la seconde catégorie.
Le Horla est un des romans les plus connus de Maupassant et également un des plus connus notamment de la littérature fantastique, puisque 'on dit souvent que c'est un des premiers romans fantastiques français. Je me rappelle vaguement l'avoir lu au lycée mais j'avais préféré "Une vie", notamment, moins dans une veine fantastique qui n'est pas forcément la mienne.
Cela dit, ne me souvenant plus vraiment de ce roman, j'étais intrigué à l'idée de connaitre son adaptation en BD, d'autant plus que Guillaume Sorel- déjà auteur des derniers jours de Stefan Sweig que j'avais lu pour le prix CEZAM de l'an passé- est un fan de littérature fantastique.
Le pari était délicat tant l'intrigue est particulièrement complexe à adapter, en effet, il n'a y a pratiquement qu'un seul personnage, cantonné quasiment à son domicile et qui rencontre des démons intérieurs. Car le Horla n'est pas du tout un roman plein de rebondissement d'actions, mais plutot un monologue intérieur, sur les sensations que ressent le narrateur, persuadé qu'un être surnaturel et immatériel vit chez lui et qui a un pouvoir grandissant sur lui dès qu'il est dans sa maison. Bref, un esprit surnaturel qui prend possession du corps et de l'âme du narrateur
"Le Horla a été écrit" par Maupassant quelques années avant sa mort, alors qu'il sombrait lui même dans la folie, c'est donc un roman sur le fil du rasoir et qui aborde des thèmes anxiogènes comme la solitude, les névroses, le suicide.
L'adaptation de Guillaume Sorel est une franche réussite car il a osé trahir Maupassant (en apportant par exemple un personnage de chat, très présent, qui n'existe pas dans le roman d'origine) et en insistant sur la partie surnaturelle, au détriment de l'aspect psychanalytique, plus développé chez Maupassant.Et surtout, gros atout de cette BD: Sorel fait un travail d'illustration assez remarquable, à l'esthéstique particulièrement recherché , et à la lumière également parfaitement soignée.Visuellement splendide sur la forme et interessante sur le fond, voilà une adaptation vraiment réussie qui plaira à tous les fans de fantastique et de grands classiques de littérature française.