Une vieille clope éteinte
Pend au coin de sa bouche
On la voit de bon matin
Errante et pensive, louche
Un chat lui fait le gros dos
De ses limpides yeux de lynx
Elle scrute les caniveaux
Elle cherche inlassablement
Pour nourrir son triste larynx
Des bouts de restes, des mégots
Qu’elle collecte précieusement
Elle remplit sa besace à tabac
Arpente les ruelles et chante même.
A coups de persévérance acharnée,
De kilomètres filant ses bas
Elle trouve l’astuce, la mine de rêve
La fortune est dans les cendriers !
Elle s’en vient faire ses emplettes
Dans les urnes des grandes surfaces
C’est là qu’est la richesse, que l’on jette
Et elle trouve des demi-cigarettes
De quoi combler ce manque qui agace
Mais elle n’est pas folle la guêpe !
Elle ne va pas porter à ses lèvres
Un filtre déjà mâchouillé et malsain
Elle a plus d’un tour dans son sac
Et notamment des feuilles sèches
Elle s’assied et dépiaute son butin
S’en roule de belles, fait son micmac.