Il y a une règle que je me suis imposée. Dans l’océan de mails que je reçois, toujours ouvrir les missives de Fargo. Pas une seule fois je n’ai été déçue par eux et quand je suis en manque de nouvelles choses, je sais que grâce à leurs recommandations, je vais combler le vide. Problème. Les messages non lus s’accumulent, ils sont à peu près 1356 à s’afficher en gras. Découragée, j’ai de moins en moins envie de les ouvrir. Fatalement, le mail de Fargo s’est noyé. Je ne l’ai pas vu et puis vint, une nuit. La nuit et moi, c’est une très belle histoire d’amour. Je me décide, enfin, de faire un grand ménage, sans doute parce que le printemps arrive. « Chris Pureka, nouvelle folkeuse à découvrir ». L’objet attire fatalement mon œil. Un clic, puis deux. Puis me voilà, pleurant devant mon ordinateur, à l’écoute de ce titre : « Hangman ». Je veux désormais tout savoir sur cette nana.
Passons rapidement sur son look de garçonne. Son premier album est sorti il y a dix ans. DIX ANS et je n’avais jamais entendu parler d’elle. Il est quelque chose comme 2h30 mais je me lance sans réfléchir dans l’écoute intégrale de ses albums. Trois pépites où rien, j’insiste, rien n’est à jeter. Du folk hanté, hargneux, mélancolique. Un jeu de guitare brillant et un violon d’une pureté sans nom. Ceci est ce qu’on appelle un coup de cœur. Un vrai. Celui qui te transperce d’une flèche. Je me maudis moi-même de ne pas l’avoir connue plus tôt. L’écoute de ses albums agissent de la même manière qu’un album de Cat Power (pré-Sun, même pré-The Greatest). Bouleversante, elle est une bouffée d’oxygène, la preuve que l’on peut être subtile et cinglante. Et puis il y a cette voix. Pure. Sans faute note. Chris est éblouissante. D’ailleurs, elle m’a fait penser à Cat Power. En plus masculine, moins borderline mais tout aussi torturée. Cette nuit-là, elle a apaisé mes maux. Même si j’ai pleuré, beaucoup, en l’écoutant, je me suis sentie mieux. Son album, le dernier, s’appelle "How I Learned to see in the Dark". Elle t’apprend aussi à y voir plus claire. Assurément.
Il y a une règle que désormais je n’ignorerai plus : toujours ouvrir les missives de Fargo.