19H30 – L’ambiance est détendue, presque familiale dans la petite salle "roots" du 20e arrondissement de Paris. Les gens se languissent de revoir le timide exubérant qu’ils aiment tant. Mais au lieu de cela, c’est Fiodor Dream Dog qui entre sur scène pour une première partie intimiste. Tatiana Mladenovitch, seule à la guitare, affiche une assurance inoxydable et une fantaisie grimacière bien sympathique. La voix est posée, son grain est agréable, elle imite parfois le son d’une trompette jazzy. Pas mal du tout ! Le style de musique ? Un bon petit rock à la bougie dont la guitare sait se faire puissante et dense.
"The Hazards of Wishing Wells" entame le set avec énergie et "Île Mogador" poursuit le voyage dans une contrée baroque. Là, je commence à me dire que toutes mes favorites vont s’y retrouver : joie, bonheur, délectation !
Puis Nosfell annonce un petit retour en arrière, le temps d’un classique comme "Gouz Mandamaz" qui provoque une montée en puissance des cris et des applaudissements. Je découvre ensuite "Bargain Healers", une chanson du 3e album que je n’avais jamais eu l’occasion d’entendre en concert et dont l’interprétation est fantastique. Booyah !! la soirée s’annonce grandiose !
Nosfell l’alchimiste
En à peine 4 morceaux, Nosfell montre l’étendue de ses talents et prouve une fois de plus combien il est inventif dans sa manière d’aborder le live. Tissant progressivement la toile de ses chansons, il combine des sons préenregistrés qu’il mêle à des "beats" organiques, des bribes de voix et des respirations réalisés sous les yeux médusés du public. Fort de cette trame sonore colorée, il brode la partie instrumentale avec ses musiciens, qui elle aussi peut être enregistrée et mise en boucle. Une mécanique complexe, bluffante de maîtrise. Vient enfin l’apposition des voix aux tonalités plurielles, sertissant l’ensemble de sequins brillants. La magie opère indéniablement !
Malgré quelques misères techniques, Nosfell a déployé une énergie incroyable galvanisant la foule en liesse. Il a su tombé le masque, aux oubliettes le griot mystérieux ! Bavard, jovial, blagueur, Nosfell était tout simplement lui-même, ne perdant jamais de vue cette formidable faculté d’improvisation et cette caractéristique toute Nosfellienne de "mettre ses tripes sur la table".
En milieu de concert, Nosfell a dessiné une alcôve où il s’est blottit seul à la guitare pour entonner "Mindala Jinka"une autre de mes favorites. En enregistrant les beats du commencement, les cris extatiques de la foule se sont retrouvés par hasard sur la bande, conférant à la boucle rythmique un petit air de tribu indienne. Joli moment ! Poursuivant avec la planante "Shaünipul" chanson qui me ramène tellement de souvenirs en tête…
Instant gothique comme le définit Nosfell, suivront "Ta main, leurs dents" et "Rubicon"décidément cette set list m’est dédicacée ! Il manquait juste "Likadê Liditark" et j’aurais été totalement comblée ("cette playlist est pour toi Sophie, bisous Nosfell" oups je m’égare !). "Rubicon" s’achevant sur une transe rock, Nosfell s’offrira un bain de foule inattendu, deux rappels et la participation du public sur le mystique "Counting griefs".
Comment conclure ? Nosfell a su varier les plaisirs, oscillant entre énergie brute et délicate poésie. Je n’ai qu’un mot à dire : "Cool, j’en veux encore" ! (Il y a plus d’un mot mais avec Nosfell je ne peux pas faire autrement).
Crédit photo : Manuwino live photography
Nosfell ? Mon article de présentation disponible ici – Mon interview par là – la chronique d’Amour Massif ici