AFIAC/Café/Performance DAVID EVRARD

Publié le 29 mars 2014 par Philippe Cadu

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Vendredi 4 Avril 2014 21h à l’œuf de coq 81500 Fiac

Le travail d’Evrard vu dans son ensemble, comme dans le détail, s’apparente à un collage. Et devant la quantité de pièces réalisées, et après avoir rencontré l’animal, on découvre que le bonhomme est, dans tout ce qu’il fait, un « serial ». C’est un colleur en série, un décorateur en série, un buveur en série, un dessinateur en série, un sculpteur en série, et, comme le tueur en série, ses actions relèvent autant du calcul froid et distant que de l’instinct sauvage. Ses séries sont aussi compulsives qu’elles proviennent d’une jouissance aiguë de la variation : accumuler puis faire glisser sans cesse les formes et les matériaux, les placer dans un état instable, déséquilibré, dynamique, tenter les montages loufoques, dans un plaisir qui est d’abord celui de la forme et de la composition. L’activité et l’énergie dégagée priment. Le message et les thèmes passent au second plan.Or, au caractère hautement idiot d’une motivation plus subie que vraiment canalisée, à une production dirigée par l’instinct, le goût, ou le délire, David Evrard ajoute ses champs sémantiques propres, un catalogue coordonné, à défaut d’être organisé ou raisonné. En effet, les images (ses matériaux de prédilection) sont à l’origine filtrées méticuleusement, à partir d’un imaginaire populaire difficilement cernable : le jus gluant et omniprésent des mass-medias. Le résultat c’est le Facteur Cheval qui tourne Alerte à Malibu, des lapins géants qui discutent avec des caravanes, des bottes de cowboys en verre ou des Bob l’Eponge qui reluquent des fourchettes Second Empire en écoutant en boucle un morceau des Dead Kennedys (quelques exemples ont été inventés).
Et pour une fois, il n’est pas question d’archivage. Il s’agit de souffler sur la poussière et de superposer des éléments improbables, plutôt que de classer. L’artiste écrit : « Le truc c’est la tête dans le sac. Le truc c’est qu’à un moment donné tout participe du truc. Le truc, c’est l’absence de choix, et l’absence de choix, c’est la nécessité. Le truc c’est quand on est tellement dedans qu’on s’éclaire de rapprochements obscurs dans un cours qui ne l’est pas moins, que chaque élément, chaque information, chaque indice est une expérience, bien plus que la manifestation d’un stratagème soluble dans l’air du temps, ou une tactique pour voir s’épanouir des formes. L’idée de hiérarchisation ne doit pas apparaître, c’est même l’ennemi. Il faut retranscrire tout ce qui nous entoure avec une hyper-subjectivité assumée, au risque de frôler le chaos.
Les images et les objets de David Evrard entrent alors dans une étrange guerre idéologique, où chaque élément est hanté par ses histoires, ses fonctions et ses sous-entendus. Car le détournement reste l’arme du pauvre, une appropriation du langage et des codes dominants, hachés menu. Et Evrard y ajoute une fascination et un respect qui ont plus à voir avec un premier degré pop, gonfle ce dernier d’expériences hallucinatoires et d’érotisme, et y allie, enfin, un désir de destruction, un plaisir dans la construction saugrenue et collective.

Pour diner sur place avant la performance il est conseillé de réserver en appelant l’œuf de coq au 05 63 58 51 54. Une cuisine de produits frais et de saison, des plats élaborés sur place.