Après notre chronique du roman Les Larmes de Pancrace (à lire ou à relire ici), nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec son auteur Mallock.
C’est un plaisir pour nous d’accueillir à nouveau en interview cet auteur que nous apprécions beaucoup. Nous espérons que les éléments abordés ci-dessous vous donneront envie de vous plonger dans le roman.
Bonne lecture,
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Bonjour Mallock,
Votre nouveau roman Les larmes de Pancrace est en librairie depuis un peu plus d’un mois, êtes-vous content des retours ?
Très heureux. Le livre suscite l’enthousiasme, et, mieux encore, les lecteurs ont compris, je pense, où je cherchais à les emmener avec les différentes aventures de Mallock. Le personnage du commissaire et son équipe sont récurrents, certes, mais je ne veux pas me répéter, encore moins exploiter une formule trop formatée. Je veux emmener mes lecteurs en voyage. Au fil des livres, on va d’aventure en aventure, en passant du polar sanglant et théologique avec les « Visages de Dieu » (N°1, POCKET février 2014) au thriller avec le « Massacre des Innocents » (N°2, à paraître en septembre 2014 chez POCKET), puis à la littérature policière fleurant bon le fantastique dans « Le Cimetière des Hirondelles » (N°3. Fleuve Noir 2013) et aujourd’hui, à la saga policière médiévale dans cette quatrième enquête : « Les larmes de Pancrace » ! Le personnage du commissaire, lui aussi, évolue. De très sombre au début de ses enquêtes, il reprend peu à peu goût à la vie pour finir par retrouver le sens de l’humour et de l’amour dans « les Larmes de Pancrace ».
L’intrigue de ce nouveau roman est fondée sur une malédiction. Est-ce elle qui est arrivée en premier dans votre esprit ?
Non, pas vraiment. J’ai commencé par l’idée d’un meurtre en chambre close, un « traditionnel » de la littérature policière que je voulais remettre au goût du jour, et que j’ai couplé au thème de l’erreur judiciaire. Deux grands classiques que j’ai ensuite inclus dans une intrigue plus vaste et plus lyrique impliquant la malédiction. Au départ, tout tournait autour du fameux document retrouvé dans la chambre de la coupable, et le roman devait même s’appeler : « Le Plumitif en Pécari », très Sherlock Holmes, non ?
On navigue entre une écriture contemporaine et un style un peu plus « ancien » quand vous nous plongez au XIVème siècle. Etait-ce plaisant d’alterner les deux ?
Complexe, difficile même, mais très agréable. J’aime autant travailler la « forme » que chercher des histoires sortant de l’ordinaire. Tout au départ, j’avais commencé à écrire en « vieux François » les parties moyenâgeuses, mais on perdait en fluidité en passant de l’un à l’autre. Alors, j’ai « fabriqué » une langue simple mais spécifique pour les passages qui se déroulent au Moyen Âge, en modifiant un peu la structure de mes phrases, plus longues et articulées, et en travaillant sur le vocable employé. Objectif : plonger les gens dans le passé sans pour autant les perdre.
L’histoire du livre a-t-elle été écrite dans l’ordre où nous pouvons la lire ?
Je travaille toujours d’après un plan très long et très détaillé, où tout, ou presque, est prévu. Une seule chose a changé, et c’est un scoop pour vous : « La mort de Mallock », bien entendu momentanée. Elle se déroulait en plein milieu du livre. Mais, comme cela ralentissait l’action, le cœur brisé, j’ai supprimé ces cinq ou six chapitres. Elle sera peut-être réintroduite dans la version poche, ou pas !
Avez-vous effectué beaucoup de recherches en ce qui concerne l’Histoire ou le monde viticole ?
Oui, bien sûr. Et je me suis passionné. Dans la première version du livre, qui faisait plus d’un million de signes (près de mille pages), il y avait même bien plus d’éléments techniques et historiques, fruits de mes multiples recherches. Mais là encore, j’ai dû être impitoyable. Si ça ralentit l’action ou gêne la fluidité du récit, il faut couper. Parfois, sur trois pages d’informations déjà rédigées et synthétisées, je n’ai conservé que trois phrases.
Les dialogues sont aussi importants que l’intrigue, j’ai particulièrement apprécié les confrontations dans le bureau du juge. Vous accordez un soin particulier aux échanges verbaux ?
Encore une fois : oui. Mais là, je dois avouer que c’est une souffrance. Le dialogue doit remplir deux fonctions : faire avancer le récit et dévoiler toujours davantage la personnalité des héros de l’histoire. Chaque mot doit avoir son importance et sa pertinence. Chaque phrase doit nous ramener à la psychologie du personnage qui parle, tout en possédant une charge d’information liée à l’enquête.
J’ai trouvé avec ce nouveau tome un Commissaire Mallock un peu moins « vieil ours mal léché » et une écriture encore plus aiguisée. Etes-vous d’accord avec ça ?
C’est vrai, Mallock est peu plus “ensoleillé”. Ses deuils s’éloignent et le soleil semble revenir dans sa vie. Ça correspond bien à ma volonté de ne pas décrire toujours le même individu monolithique dans chacun des livres. Qui plus est, ça correspond à ce qui se passe dans la vie. Avec les événements, nous évoluons, non ? Quant à l’écriture, j’essaye d’être toujours plus fluide en dosant de mieux en mieux, les fonctions informatives et poétiques de ce qui fait un style… Le mien du moins.
L’enquête se passe ici dans la région de Bordeaux, était-ce une envie de dépaysement pour vous et les lecteurs ?
Oui. Je choisis avec soin les endroits comme les thèmes. Je vais passer trois ans dans chaque livre, autant choisir avec soin ma destination et mes compagnons de route. Ici, le choix n’était pas difficile. J’adore le Sud-Ouest, j’y écris la plupart de mes livres, j’y passe toutes mes vacances, et les gens sont merveilleux.
Serait-il envisageable que chaque prochaine enquête se déroule dans une région différente ?
Bien sûr. Peut-être même dans un pays différent… Là aussi, j’ai envie de ne jamais me répéter.
Avant de vous laisser, êtes-vous déjà en train de vous occuper des prochaines aventures de notre héros ?
Bien entendu. Comme je vous le disais, il me faut trois années pour accoucher d’un Mallock et je dois toujours avoir un temps d’avance. Je travaille donc sur trois niveaux, en réalisant en parallèle la relecture finale d’un livre “presque” terminée, l’écriture de l’enquête en cours et l’élaboration de la prochaine aventure, plan et recherches… Je passe de l’un à l’autre de ces travaux en suivant l’humeur du jour. En ce moment, je consacre du temps, en retravaillant sur le « Massacre des Innocents » pour sa sortie chez POCKET en septembre. Le commissaire Amédée Mallock est peut-être sagace et clairvoyant, mais l’auteur, lui, est laborieux !
Le Mediateaseur remercie Mallock pour le temps qu’il nous a accordé et sa disponibilité.
Les Larmes de Pancrace publié aux éditions Fleuve Noir est toujours disponible et nous ne pouvons que vous conseiller de vous plonger dans cette nouvelle aventure du Commissaire Mallock.