Paru un an après sa sortie officielle sur les terres canadiennes, il aura fallu attendre 2013 pour que le premier album de Half Moon Run soit disponible chez nous, et encore 2014 pour que je le découvre un peu par hasard sur les pages de la blogothèque alors que, comme il m'arrive de le faire de temps à autres, je survolais la fameuse rubrique dite des "concerts à emporter" dans l'espoir d'y trouver quelques jeunes groupes prometteurs. Full Circle m'est donc tombé dessus sans que je m'y attende vraiment, saisi par les harmonies vocales, la construction rythmique et les envolées de guitares du quatuor; impossible dès lors de faire sans.
"Dark Eyes" est à l'image de leur single Full Circle : riche, addictif, sans ostentation ou démesure artistique, jouant des délices simples d'une nature invariablement très influencée que l'on repérera assez aisément, mais pour autant jamais "facile" ou "surjoué" dans sa conception globale, les arrangements et la réalisation étant pour beaucoup dans cette impression de fraîcheur. On ne pourra néanmoins s'empêcher de penser à Ramona Falls ou Menomena (pour la construction presque séquencée des morceaux et le choix de l'utilisation de l'overdub), Vampire Weekend (pour certaines trames rythmiques et les couleurs de claviers), Jeef Buckley (la voix critalline de Devon Portielje... somptueuse) , Patrick Watson (harmonies harmonies), ou encore Radiohead pour les apports de l'électronique embarquée; une bien belle brochette en somme. Seul le titre "Nerve" pêche vraiment par son côté "boys band", un peu perdu au milieu du reste bien qu'en dixième position, ne méritant pas de s'y attarder trop longtemps (faute de goût ? chacun jugera).
“On essayait juste de se débrouiller seuls. On a commencé à travailler en Colombie- Britannique, d’où on vient, puis on est retournés à Montréal. On bossait la journée, des jobs pénibles, puis on filait directement au studio, où on planchait toute la nuit. Ça recommençait le lendemain. C’était épuisant, et très long, car tout était neuf pour nous.”
Après plus de 200 concerts joués pour la seule année 2013 et la consécration au Québec, on comprend mieux qu'il ne soit pas prévu pour ces jeunes gens talentueux de s'arrêter de sitôt; peut être le début d'une carrière prometteuse.