Smart City+ propose des solutions innovantes pour répondre aux nouveaux enjeux du « Vivre ensemble » en encourageant les dynamiques d’interactions sociales et d’intercréativité dans les domaines de la culture, de l’éducation, de l’économie, de la solidarité et des initiatives citoyennes. « C’est la nécessité qui nous pousse à réinventer le vivre ensemble et à faire avancer des projets comme Smart City+. C’est de l’adaptation darwinienne… » observe Nils Aziosmanoff*, président fondateur du Cube.
VA : Le Cube, que vous dirigez, est également associé au projet Smart City+. Quel est son rôle excactement ?NA : Effectivement, le Cube met son savoir-faire au service des futurs usagers de Smart City+, en proposant des formations, un accompagnement, et en participant à l’animation de la communauté des utilisateurs de la plateforme autour de projets culturels et éducatifs.En tant que centre de création numérique, pionnier en France et précurseur de la smart city, le Cube est un lieu transdisciplinaire, intergénérationnel, et une vitrine de toutes les formes d’art, de création, d’innovation et d’expression numériques. Il est logique qu’il participe au projet Smart City+.Depuis 2001, le Cube accueille les publics de tous âges et permet d’appréhender le numérique de façon créative au travers d’initiations, d’ateliers et de résidences de création, du débutant au professionnel confirmé.Nos équipes mettent en œuvre des concepts initiés il y a vingt ans au MediaLab du MIT à Boston (USA). Le Cube fonctionne comme un vrai laboratoire pluridisciplinaire, associantartistes etchercheurs. On y explore, crée, mutualise ou transpose ce qui a fonctionné ailleurs. Le Cube mène également des actions scolaires de la maternelle au lycée. Il est engagé dans des projets pilotes éducatifs depuis 13 ans, qui mettent en œuvre les outils numériques et les pratiques multimédias. Ces expériences donnent d’excellents résultats et changent la relation entre élève et professeur. Les élèves sont plus solidaires, moins dans la l’ « égo compétitif », davantage dans l’ « égo coopératif » pour citer le philosophe Patrick Viveret. Ce qui est remarquable par ailleurs, c’est que grâce à ces projets le niveau général de la classe progresse dans toutes les matières nous disent les enseignants.
VA : Vous êtes à la fois musicien et passionné de création numérique, est-ce votre profil atypique qui explique votre curiosité pour des disciplines qui, au départ, n’avaient pas grand chose en commun ?NA : Je suis guitariste en effet, spécialisé en micro informatique musicale. J’ai dirigé un Conservatoire et enseigné à l’INA. J’ai un parcours de musicien à tête chercheuse… Avec mes amis, nous nous intéressions beaucoup au développement du numérique dans les pratiques artistiques, et à cette époque, il n’existait pas de lieu ou de publication répondant à nos interrogations. Nous étions nombreux à nous demander quels seraient les impacts de l’informatique sur nos métiers, sur les modes de conception, de production ou de diffusion. Nous avions l’intuition que la micro informatique allait révolutionner le monde de la création.Avec l’informatique, l’artiste ne crée plus une œuvre finale, objet unique, fermé, numéroté, mais il crée le système qui crée l’œuvre, en flux, de manière dynamique, ouverte, participative. On parle d’œuvres génératives et comportementales : l’artiste crée le logiciel qui crée l’œuvre –une œuvre relationnelle dotée d’une vie propre et d’autonomie - qui se crée en temps réel en interagissant avec le spectateur. C’est une expérience à vivre, sensible et évolutive.Avec des musiciens, des graphistes, des chorégraphes, des metteurs en scène, des auteurs, des designers, des informaticiens et des ingénieurs, nous avons décidé de partager nos expériences et de croiser nos visions de ces évolutions. Nous avons créé l’association ART3000 en plein dans la vague de démocratisation de l’informatique domestique, dans les années 1990. Nous organisions des événements artistiques et éditions Nov’Art, une revue en kiosque. Notre réseau a très vite pris une dimension internationale et regroupé des milliers de membres.
VA : Et puis vous avez rencontré André Santini, maire d’Issy-Les-Moulineaux…NA : . André Santini est venu participer à ISEA2000 (Symposium International des Arts Electroniques) que nous organisions à Paris, avec 500 artistes et chercheurs venus de 30 pays différents, et il a compris qu’il se passait quelque chose d’important dans cette transition numérique des arts et de la culture. Un an plus tard, Le Cube, premier lieu en France dédié à l’innovation sociale et à la créativité numérique, ouvrait ses portes, géré par l’association ART3000 (cf. encadré sur Le Cube en fin d’article).Avec Le Cube, nous avons ainsi pu mettre en œuvre à l’étranger, notamment en Asie où le numérique occupe une place importante dans l’espace urbain, des concepts difficilement expérimentables en France. Nous avons découvert les « villes numériques » de Shangaï et de Séoul en imaginant que ces transformations urbaines arriveraient tôt ou tard dans notre pays. Il fallait donc comprendre, anticiper et avoir une réflexion structurée sur cette ville numérique, dans une vision holistique du changement.Il ne s’agissait pas de limiter notre vision au seul champ artistique, mais de comprendre en quoi la société toute entière était en train de se métamorphoser avec le numérique. C’était un changement systémique et anthropologique : tout allait être bouleversé…Depuis treize ans, nous produisons des études, livres blancs, articles, conférences, mais aussi créé des événements de référence tels que le Cube Festival, festival international des arts numériques dans l’espace urbain, ou Le Prix International de la Création Numérique, qui aura cette année un partenariat fort avec la Chine. Avec Le Cube, nous explorons la ville réenchantée grâce au numérique et aux nouvelles formes d’interactions sociales, et nous testons des applicatifs concrets comme par exemple Smart City+, avec toujours en fil rouge : la ville numérique et la « vie » numérique.
VA : On vit cette métamorphose aujourd’hui !Vous étiez des visionnaires… et des innovateurs de rupture en osant parler d’art « numérique »…NA : Oui, nous avons un peu bousculé le milieu artistique de l’époque en ouvrant un « centre de création numérique ». Cet « ovni » culturel a heurté une vision alors assez conservatrice du milieu artistique. Il y a 20 ans, nous revendiquions totalement cette association, contre nature pour certains, de « création numérique ». C’était de l’innovation de rupture, vous avez raison. Avec le numérique, nous pouvons raconter le monde différemment, mieux en comprendre la complexité. Même si l’on sent que le monde change, il n’est pas facile d’avoir une vision holistique des interrelations, les artistes et designers sont très forts pour exprimer ces mutations dans des représentations sensibles et partageables.
VA : Mais il faut une vision à 360°…NA : C’est vrai qu’il faut une vision à 360° ! Personnellement, je crois qu’il y a deux lignes de force très puissantes à l’oeuvre. Elles sont opposées et complémentaires !La première concerne les machines qui pensent, les robots : les systèmes intelligents... qui vont gérer le monde. Pour vous donner une idée, les serveurs du CEA de Saclay, dont la puissance de calcul est d’un million de milliards d’opérations par seconde, seront dépassés d’ici à trois ans, quand les machines réaliseront un milliard de milliards d’opérations par seconde ! Pour le philosophe Jean-Michel Besnier, l’Homme est en train de se fondre dans la machine à qui il va progressivement tout déléguer. Il parle de société dépressive, qui n’a plus pour projet que de se sublimer dans la puissance technologique, avec le risque de dépendre un jour des machines. Il y a évidemment des côtés attractifs (assistance, disparition des tâches pénibles…) mais aussi négatifs (dépendance, perte de contrôle…).L’autre force est incarnée par l’intelligence collective, le « ensemble ». Comme le rappelle Joël de Rosnay, l’histoire du vivant démarre quand les cellules ont commencé à se rassembler pour constituer des organismes vivants. Dans Le cerveau planétaire[5], il décrivait déjà des êtres humains interconnectés grâce aux ordinateurs et aux satellites formant un cerveau planétaire. C’est ce qu’on voit apparaître depuis quelques années…Si nous ne voulons pas d’une société asservie aux machines qui pensent, totalement taylorisée, il faut replacer l’humain au centre d’une dynamique collective, participative et co-créative. Nous devons nous adapter en nous alliant. C’est, finalement, une jolie promesse… Si nous parvenons à respecter un équilibre entre ces deux forces, nous vivrons peut-être dans le meilleur des mondes ! C’est donc la nécessité qui nous pousse à réinventer le vivre ensemble et à faire avancer des projets comme Smart City+. C’est de l’adaptation darwinienne…
*Nils Aziosmanoff est président fondateur du Cube, centre de création numérique qui compte parmi les plus réputés d’Europe, président fondateur de Navidis, qui développe des solutions numériques pour la smart city (lauréat 2012 du Grand Emprunt « Ville Numérique » pour le projet « Smart City+ »), et président fondateur de Yesday, agence de conseil en projets numériques complexes. Président d’ART3000, association pionnière en France dans le domaine des arts numériques, il a dirigé ISEA2000, le Symposium International des Arts Electroniques, événement de référence de la scène numérique internationale. Musicien, ancien directeur du Conservatoire de musique et de danse de Jouy-en-Josas, il a enseigné la micro informatique musicale à l’Institut National de l’Audiovisuel (INA), ainsi qu’à l’Institut International de l’Image et du Son (IIIS). Animateur des Rendez-vous du Futur (web TV interactive) il accueille régulièrement des personnalités autour des enjeux de la société numérique : Jacques Attali, Claudie Haigneré, Joël de Rosnay, Bernard Werber, Serge Tisseron, Etienne Klein, Jeremy Rifkin… Lire sa bio complète : http://www.cuberevue.com/nils-aziosmanoff-bio
Ce qu’il faut savoir sur le projet Smart City+Doté d’un budget de 5 millions d’euros, lauréat du Grand Emprunt – Ville Numérique, le projet s’inscrit dans le cadre du contrat de développement territorial « Ville numérique, créative et durable » de Grand Paris Seine Ouest.Sous l’égide de la Caisse des Dépôts & Consignations, le consortium Smart City+ est composé de 8 partenaires aux compétences complémentaires et possédant chacun une grande expertise dans les services numériques pour les collectivités : Navidis, chef de file du projet, Altran, coordinateur du projet. ENSCI-Les Ateliers, Esri France, Grand Paris Seine Ouest (GPSO), Issy Média, Le Cube et Télécom SudParis.9 villes composent la région GPSO qui bénéficient d’une forte image en termes de dynamisme économique et de qualité de vie : Boulogne-Billancourt, Chaville, Issy-Les-Moulineaux, Marnes-La-Coquette, Meudon, Sèvres, Vanves, Vélizy-Villacoublay et Ville d’Avray.La technologie de Smart City+ : Cloud, SIG, design 3D, approche multicanal, API, moteur de recherche sémantique… L’approche : des contenus participatifs de tous les acteurs du territoire, un ancrage territorial, une animation de la plateforme…
Ce qu’il faut savoir sur Le Cube :
Créé en 2001 à l'initiative de la Ville d'Issy-les-Moulineaux,soutenu par des partenaires privés et publics et des partenaires médias, le Cube est un espace de la Communauté d'Agglomération Grand Paris Seine Ouest. Il est géré et animé par l'association ART3000 :Centre de création entièrement dédié au numérique, Le Cube est une expérience unique en son genre en France. Créé en 2001 à l'initiative de la Ville d'Issy-les-Moulineaux, Le Cube est un espace de la Communauté d'Agglomération Grand Paris Seine Ouest. Il est géré et animé par l'association ART3000.Ouvert à tous les publics, la mission du Cube est de former les publics aux pratiques artistiques et culturelles du numérique, de soutenir des productions artistiques par la mise à disposition de moyens de création performants, d’offrir au public une programmation artistique présentant la richesse et la diversité des arts multimédias et de favoriser les relations entre les acteurs de la création numérique, de la recherche et de l’innovation technologique.Pionnier sur la scène culturelle française, Le Cube est un lieu de référence pour l’art et la création numérique. En 10 ans, il s’est imposé en France et à l’étranger comme un établissement précurseur et emblématique dans le domaine des arts numériques. Toute l’année, Le Cube organise régulièrement des expositions itinérantes en France et à l’étranger (Chine, Corée, Japon…), des rencontres, des projections, des concerts, des performances, des conférences et des événements exceptionnels, afin de promouvoir la diversité des arts numériques.
Quelques chiffres :700 m2 dédiés à la pratique et à la création numérique.1000 artistes de la scène internationale déjà programmés.Plus de 500 événements organisés : concerts, expositions, projections, performances, Cube Festival, Prix Cube…20 artistes ou collectifs accueillis en résidences de création chaque année.80 stations multimédias accessibles au public, connexion haut débit, espace wi-fi en accès libre.5000 heures de formation tout niveau par an.Un fonds documentaire spécialisé sur la culture numérique, avec 4000 ouvrages de référence.
Le Cube édite La revue du Cubehttp://www.cuberevue.com/Plus d’infos sur : http://www.lecube.com/fr/accueil
Pour aller plus loin :- Le site de Smart City+
- Rejoindre groupe SmartCity+ de la ville d’Issy-Les-Moulineaux- Le site du Cube : centre de création numérique à Issy-Les-Moulineaux- La La Revue du Cube (50.000 lecteurs)- Le site Navidis, acteur de la Smart City- LesRendez-Vous du Futur co-animés par Nils Aziosmanoff et Eloi Choplin co-animés par Nils Aziosmanoff et Eloi Choplin de Triple CLire aussi :- Etles 10 smart cities européennes sont…
- Le« paradis numérique » existe, et on peut le voir de la Ligne C duRER (La Tribune du Grand Paris).
[1] Entreprise leader en solutions numériques pour la smart city, Navidis développe des applications de cartographie interactive pour les collectivités, les entreprises et l’éducation.[2] Les partenaires du projet SmartCity+: Navidis, Altran, ENSCI-Les Ateliers. Esri France, Grand Paris Seine Ouest (GPSO), Issy Média, Le Cube et Télécom SudParis.[3] Les villes composant la Communauté d’agglomération GPSO : Boulogne-Billancourt, Chaville, Issy-Les-Moulineaux, Marnes-La-Coquette, Meudon, Sèvres, Vanves, Vélizy-Villacoublay et Ville d’Avray.[4][5] « Un « cerveau planétaire » est en train de naître du gigantesque réseau des télécommunications qui réunit peu à peu les cerveaux des hommes, « neurones » de la Terre. Grâce à la télématique, aux satellites, aux fibres optiques, aux ordinateurs, nous construisons « du dedans » un cerveau aux dimensions du globe. Un organe sans formes réelles mais qui commence à penser et dont dépend notre avenir ». (extraire de la 4ème de couverture du livre Le Cerveau planétaire(Seuil, 1986).