Être Nu (et éteindre)

Publié le 29 mars 2014 par Hunterjones

Électricité.
J'aime certaines émissions de télé réalité. Parce qu'à certains moments, inévitablement, l'Homme (avec un grand H) est nu. La nudité sous toute ses formes plaît en général. Elle attire l'oeil invariablement. La nudité qui me plait de plus en plus avec l'âge est celle de l'âme. Certains candidats ne peuvent pas échapper à l'électricité saisie par un/des moment(s) volés par la caméra. Et c'est parfois vachement intéressant.
Dans la quotidienne Un Souper Presque Parfait, édition spéciale Rimouski, une candidate, conseillère en communication, constatant que la table allait accueillir 4 filles et un seul garçon, promettait des discussions qui ne seraient pas "des discussions de fefilles, mais des discussions intelligentes..."

Première leçon de vie: ne jamais promettre des discussions intelligentes, surtout quand des bouteilles d'alcool sont à portée de main.
Cette candidate était légèrement plus âgée que les 4 autres participants, peut-être la fin de la quarantaine contrairement à du 25-35 pour les 4 autres. On pouvait donc s'attendre à légèrement plus de maturité de sa part.
Et pourtant non.

Quand le deuxième épisode est arrivé, cette candidate (inquiète?) comme elle ne connaissait pas le seul homme autour de la table puisqu'il recevait la veille, voulait toute suite "mettre les cartes sur table" en le questionnant sans cesse. Plus occupée à se montrer intervieuweuse qu'intéressée par les réponses du jeune homme, elle s'est même permise de dire "Hi! que j'aime ça quand tu te plantes!" laissant poindre une once de misandrie, rare à la télé.
Animée par une électricité malsaine, bien assez vite, cette femme étendait ses attaques du jeune homme aux hommes en général en remettant en question les congés parentaux réservés aux pères. Pour ceux qui on cliqué sur le lien, faites un pause à 14:38 et vous tomberez sur trois regards découragés de cette étroitesse d'esprit et d'une boîte électrique dont les fusibles grillent un à un.
Elle allait remettre ça deux épisodes plus loin alors que la misandrie se ferait plus limpide. Désagréable à 100% on aurait voulu la faire taire. L'hôte a d'ailleurs essayé à plusieurs reprises de la faire taire. Du champ gauche, cette désagréable dame, "conseillère en communication" et amatrice de discussions intelligentes lance au jeune homme: " Toi là, là, t'es pas un bon prof..." (le jeune homme est enseignant) grillant les dernières lumières qui la rendait intéressante aux yeux des autres.
 
Mais pas pour moi. Je l'observais comme on étudie un cas en psycho.
La misandrie est si rare à la tivi ou ailleurs (alors que la misogynie est partout et facile à repérer), j'étais fasciné.
Cette nudité, cette vulnérabilité m'intriguait beaucoup.
Cette communicatrice était bien mal chaussée.
Cette télé réalité a exposé beaucoup de ses faiblesses.
(Faudra prendre des cours de communication...)

Au dernier épisode, quand elle a réalisé qu'elle terminait au dernier rang, je me suis dit que la personnalité de la bête devait y être pour quelque chose dans la livraison des notes.
La semaine aura été aussi une splendide publicité pour l'une des très belle région de notre province: Rimouski.
L'amoureuse et moi, (moi! immortel citadin!) voulions soudainement y habiter.


Panne d'électricité
Sur la même station, une seconde émission de télé réalité attire mon attention.
L'Amour est dans le Pré présente des fermiers, des fermières, incapables de trouver du temps pour l'amour. Rien ne garantit qu'ils le feront davantage mais dans cette émission, ils essaient. Et cette émission présente tout le contraire du côté artificiel* des gens de la plupart des télé réalité du même genre. On entend des expressions étonnantes comme "Je voudrais pas que ça chie su'le bas-cul" et on y montre des gens qui ont beaucoup d'humilité et pas le tiers de l'ego des gens des autres shows.

Des gens guidés par le devoir du travail. Qui se cherchent à la fois un(e) partenaire et un(e) employé(e).
Pas facile, facile, ni évident, mais en seulement deux saisons l'émission a déjà réussi ce que des dizaines d'autres concepts du même genre n'ont pas réussi. Plusieurs des couples sont encore des équipes amoureuses et trois bébés sont même nés depuis la saison 1.
 Dans cette saison-ci, un des candidats est particulièrement touchant. Il s'agit d'un fils à sa maman hypersensible, peut-être un peu intense, qui a souffert de l'absence de son père qui travaillait trop sur la ferme et qui s'apprête à répéter la vie de celui-ci (le réalise-t-il?). Il s'est choisi trois candidates bien en chair. Il est lui-même plus rond que mince et il s'exprime avec un impossible accent de l'est de la province. Au premier épisode, il faisait arracher des sourires avec des phrases comme "Là, ça va être difficile parce qu'i' faut que je fasse du sôcial toute 'a journée!".
La bête devait se mêler au troupeau.
L'une de ses trois candidates, une rondelette infirmière auxiliaire, a offert des moments de vraie télé réalité. Contre son gré de toute évidence. Quand l'une des candidates s'est offerte pour aider le fermier à aider à sortir le méchoui et que celle-ci y prenait visiblement plaisir dans un grand moment de complicité, l'infirmière a offert aux caméras, de loin, un visage de total désarroi**. Un visage qui traduisait à la fois l'envie, la jalousie, la peine et l'effondrement. Ce même visage est revenu, accompagné de larmes cette fois, quand cette candidate a avoué l'avoir embrassé en fin de journée. Tout s'est éteint dans ses petits yeux.

Dans ce visage se lisait la/les blessure(s) passée(s) de la rejetée. Un profond effondrement, une fragilité qui expliquait à elle seule l'idée de la télé réalité.
Montrer, quelques fois du vrai.
Ce qui n'est pas toujours "fascinant".
Là, on avait la douleur absolue. La défaite aussi.
Sur le coup je trouvais ça payant pour l'émission, mais par la suite ce visage me hantais. Elle me collait à la mémoire la nuit dans l'entrepôt où je bosse.
Si ça avait été ma fille, j'aurais aimé la voir se décomposer comme ça pour tous?
S'éteindre alors qu'elle souhaitait prendre feu?
Cette nudité ne m'a pas plu.
La jalousie est d'une laideur qui ne mène qu'à la douleur.
La douleur a le droit d'être discrète par moments.
Tout ne doit pas être public.

Le courant ne passait plus.
Pas aimé.
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Aujourd'hui de 20h30 à 21h30, pendant une heure, plus d'un milliard de personnes à travers le monde vont éteindre simultanément.
Cette opération vise à lutter symboliquement contre le réchauffement climatique.
Ceux qui le feront comme moi, réaliseront qu'on est drôlement nu sans électricité.
*À une actrice près, facilement identifiable et qui ne fera pas long feu
**Le plan dure une fraction de seconde à 26:32 mais il dit tout. À 34:52 l'effondrement est total.