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La littérature, la Chine et la mer

Par Pmalgachie @pmalgachie
La littérature, la Chine et la mer Simon Leys est à l’exact opposé de Winnie, la femme de Verloc. Winnie est énigmatique : « la curiosité étant pour un être une façon de se révéler, une personne systématiquement dénuée de curiosité demeure toujours partiellement mystérieuse ». La curiosité de Leys, qui s’attache à ces personnages de Joseph Conrad dans L’agent secret, est grande. Il la partage volontiers, comme dans Le studio de l’inutilité, découpé en trois de ses thèmes favoris : la littérature, la Chine et la mer. On apprend donc bien des choses sur l’auteur, dont certaines étaient déjà connues – en particulier son goût pour ces sujets. On n’oublie pas que le livre qui l’a rendu célèbre en 1971, Les habits neufs du président Mao, s’élevait contre l’aveuglement coupable de nombreux intellectuels occidentaux, notamment français, devant l’icône autoproclamée du peuple chinois. Il n’a toujours pas décoléré, comme il le prouve dans un beau texte sur Michaux. Il s’en prend à la manière dont l’écrivain a révisé plusieurs de ses œuvres. « Cette vaste révision fut généralement désastreuse », écrit-il. Preuves à l’appui, à travers de nombreux exemples où la langue est rabotée et affaiblie en même temps que les avis péremptoires de Michaux, adoucis. Et, dans ce qu’il ajoute à Un barbare en Asie, « il accepte sans discussion l’image de la Chine que la propagande maoïste diffuse en France au moment de la “Révolution culturelle”. » Pourquoi Michaux agit-il ainsi ? Parce qu’il est devenu français, égarant du même coup les caractéristiques de sa belgitude, explique en substance – et beaucoup plus finement – Simon Leys. Chine encore, et même colère contre Roland Barthes et son Carnet du voyage en Chine publié en 2009. Il ne s’en prend cette fois pas seulement à l’auteur, qui n’était plus là pour décider de la publication de ses notes, mais à ceux qui ont estimé utile d’en faire un livre, alors que Barthes lui-même s’en était abstenu. Un peu comme Vladimir Nabokov avait demandé à son épouse de détruire son roman inachevé, ce qu’elle ne fit pas, par amour, se gardant cependant de publier L’original de Laura, tandis que son fils, plus tard, passa outre. Simon Leys le regrette aussi. Et ce studio de l’inutilité ? Il trouve sa source dans un lieu réel, décrit en liminaire. Et prolonge son existence, ou devrait la prolonger, à l’université sur laquelle un dernier texte, superbe, clôt le livre.

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