T'avais rendez-vous avec Mitch vers 19:30' à l'accueil de l'AB, tu tournes le coin en provenance du Plattesteen, tu ne peux réprimer un juron blasphématoire, une queue étendue se traîne depuis le haut-lieu rock de la Capitale jusqu'à l'Elektrocution Record Shop tenu par Michel Kerby .
Un zouave te propose 17€ pour deux tickets, il a failli t'assommer quand tu lui as tendu deux tickets de tram périmés.
Dans la procession, que des casquettes de travers, des pantalons baggy, des vestes de training, et des mecs au look ghetto simili Bronx...putain, me suis trompé de jour, tu penses!
T'avises un gars de la Sécu, la grande salle programme La Fouine, qu'il dit.
La gouine?
Non, ' J'rap pour le fric'!
Gabby Young, c'est en haut et on n'attend pas la grande foule...
Effectivement, avec Mitch on n'a jamais été aussi vite servi au comptoir!
Support: Vincent Scarito.
Mitch: " tu le connais?"
Malheureusement, ai vu cet acteur/chanteur, il doit y avoir quinze ans d'ici, c'était pas la gloire!
Cet écumeur de bars branchés n'a pas fait mieux en 2014, pendant 30', il a brui dans l'indifférence générale, neuf fades tirades ' chantées' d'un timbre hésitant en anglais évasif, tu mets le
brave Vincent sur un podium dans la cité gérée par
Il compte vendre un album à ses copains dans quelques semaines, on a subi certaines de ses élucubrations:' Eternity', passable, avec de vagues intonations Bowie - 'One Sunday morning' pour les enfants de choeur - puis il veut qu'on l'accompagne aux fingersnaps... avec une bière en main, pas possible, Vincenzo - une ballade poussive, style du sous Nilsson - 'Beings', le titre du futur disque -
a quote à replacer au Bar du Matin " even singers got a flu" ( sic, le 'a' c'est pas nous) , a sip of tea, avant 'Feelings and needs'.
Quoi, Mitch?
Plus que quatre avant les éventuels rappels.
Tu sais, plus jamais j'insinuerai que ma femme chante faux.
Pourquoi il est devenu chanteur...trapéziste, boxeur, pompier, hôtesse de l'air, politicien, à la rigueur!
'I'm on my way' , t'as vu le gars au mix feuillette le 'Playboy' - 'Once I had dream', comme Martin Luther King ( merci Mitch).
Euh, wat taim izit?
Encore une, pompée sur le 'Daydream' de Lovin Spoonful.
Pas peur, ce Scarito!
En un mot, un spectacle haut en couleurs ayant tenu le Club en haleine depuis la première seconde jusqu'aux dernières notes, le style de show indescriptible qui ragaillardit, rend d'excellente humeur en te faisant oublier la morosité ambiante.
Une claque magistrale!
Présentation des funambules!
La star rousse, Gabby Young ( vocals, guitar) était destinée à devenir chanteuse d'opéra, la légende dit qu'elle a découvert Jeff Buckley et le jazz des années 30, ce qui l'a poussée à changer son fusil d'épaule, elle montera un groupe de Circus Swing ( selon ses dires).
Les bêtes savantes ( sous réserve): Stephen Ellis ( guitare), le frontman barbu de Revere - la majorette, Milly McGregor (violon) - Paul Whalley ( principalement tuba ou trombone ) - Ollie Hopkins ( principalement contrebasse) - Richard Watts ( trompette, accordéon) - Niall Woods ( drums, glockenspiel), tous ces gens sont de parfaits multi-instrumentistes et ont manipulé d'autres jouets.
Trois albums: We're All In This Together - The Band Called Out for More et le tout frais
One Foot In Front Of The Other.
Niall est le premier à se présenter, boum, boum, boum, la troupe et Gabby, dressed in Wonderland, le suivent, c'est parti pour 'In your head', un furieux swing décoré d'un violon aux couleurs Balkan.
L' AB a de suite pigé en voyant six danseuses sortir de coulisses pour venir gigoter à nos côtés que la soirée ne va pas être banale.
Un petit tour au cabaret, quelques accents germaniques et d'intrépides vocalises, 'Ladies of the lake, puis 'Ones that got away' , une belle tranche de burlesque furieusement déjanté.
Changement de registre, la rouquine ramasse une acoustique pour entamer seule la ballade 'Male version of me'. Lorsqu'un glockenspiel, puis un melodica et l'ensemble de la troupe rejoignent la flamboyante créature, la rengaine prend des allures Bateliers de la Volga.
On va de surprises en surprises, a sea shanty, ' Another ship'.
A torch song à faire pleurer les marins d'Amsterdam, de Hambourg ou d'Eau douce.
I wrote 'Walk away' for my father, un titre richement orchestré te rappelant le groupe Sailor.
Retour des ballerines, ' I've improved', Brussels you play the part of the marching brass band.
Bruxelles s'en est bien tiré , ce titre virevoltant et visuellement étourdissant nous a essoufflés.
'Horatio', à gauche les Horaces, à droite les Curiaces, une joute sanglante et dramatique entamée par un violon slave
Mitch à Stephen: qui a gagné?
Egalité!
Merde, va falloir botter les penalties!
Une berceuse, ' Fear of flying' précède le séduisant ' Smile' et ses quatre ukuleles.
Le chaloupé 'Time' t'invite à nouveau à te déhancher, ensuite Gabby nous propose le titletrack de la dernière rondelle, le trépidant 'One Foot In Front Of The Other'.
Si 'Open' démarre en mode folk ,il prendra rapidement un virage big band gypsy swing frénétique véhiculant un message de tolérance.
'Segment' , about saving a bit of your heart .
Tu dis, Stephen?
Life is like a chocolate box.
Tu veux une praline?
Un beau chant choral au final épique.
L'imparable singalong 'Whose house' voit le retour des soubrettes et termine ce spectacle époustouflant.
Liesse générale, tout le club continue à chanter whose house are you in et rappels:
'We're all in this together' et son canon terminal puis le kasatchok, 'Ask you a question', les petits rats venant s'asseoir sur le bord du podium.
La fête est finie!
Gabby Young and Other Animals: à ne manquer sous aucun prétexte s'ils repassent au Cirque Belgique!