Tempête. Vent, neige. Contre le blanc, frotté de gris par les rafales, les aiguilles du pin oscillent…
Poésie : toujours en deçà de ce que suggère le texte. Je ne parle pas que de mes seules insuffisances. Ronsard, Villon, Éluard, Aragon, St-John Perse… Le poème qui vaut est liminaire. Il se tient à la frontière, indique qu’il y a, au-delà de ce que peuvent les sens, de ce que peuvent les mots, un indicible sublime qui chatoie. Toujours, nous errons à la limite de ce désert, un pied sur l’erg, l’œil fouailleur sur ces dunes que l’horizon avale.
Auteurs ou lecteurs, jamais nous ne pénétrerons plus avant dans ce territoire de désarroi et de fous appels, de fous espoirs.
Regard par la fenêtre hachurée de givre, striée de flocons : …l’arbre est un événement de lumière au centre de la clairière… (Rime interne à éliminer. Dommage.) Regard sur ce verre où le froid trace fééries, correspondances, analogies, anagrammes crissant de la glace.
Des enfants sortent d’une représentation théâtrale : les spectateurs, ces acteurs qui ont payé le privilège de jouer.
Et le kir réconfortera le cœur de l’homme au centre de son nulle part.
(Le chien de Dieu)
*

Un roman pour écrivains ou éditeurs. Un roman pour tous ceux qui virevoltent dans l’entourage de la production littéraire. Comme auteur et lecteur de manuscrits, j’y ai reconnu plusieurs tares, plusieurs tics, y ai ri parfois pour ne pas pleurer. Un roman d’initiés. Bien léché.
Une forme qui peut dérouter : absence de guillemets et tirets -les dialogues intercalés dans le texte, entre descriptions et commentaires, pourraient égarer : ce n’est pas le cas).
Une phrase : « L’écrivain est un géant aveugle qui ouvre des routes. » On en trouve plusieurs du genre. Il ne s’agit pas d’un roman inutile.
(Le chien de Dieu)
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon
