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Tempête, poésie, kir et Laclavetine, par Alain Gagnon…

Publié le 28 mars 2014 par Chatquilouche @chatquilouche

Tempête.  Vent, neige.  Contre le blanc, frotté de gris par les rafales, les aiguilles du pin oscillent…Lire-H-1

Poésie : toujours en deçà de ce que suggère le texte.  Je ne parle pas que de mes seules insuffisances.  Ronsard, Villon, Éluard, Aragon, St-John Perse…  Le poème qui vaut est liminaire.  Il se tient à la frontière, indique qu’il y a, au-delà de ce que peuvent les sens, de ce que peuvent les mots, un indicible sublime qui chatoie.  Toujours, nous errons à la limite de ce désert, un pied sur l’erg, l’œil fouailleur sur ces dunes que l’horizon avale.

Auteurs ou lecteurs, jamais nous ne pénétrerons plus avant dans ce territoire de désarroi et de fous appels, de fous espoirs.

Regard par la fenêtre hachurée de givre, striée de flocons : …l’arbre est un événement de lumière au centre de la clairière…  (Rime interne à éliminer.  Dommage.)  Regard sur ce verre où le froid trace fééries, correspondances, analogies, anagrammes crissant de la glace.

Des enfants sortent d’une représentation théâtrale : les spectateurs, ces acteurs qui ont payé le privilège de jouer.

Et le kir réconfortera le cœur de l’homme au centre de son nulle part.

(Le chien de Dieu)

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Jean-Marie Laclavetine.  Un nom pas facile à se remémorer.  Pas banal.  Pas banal non plus, son roman : Première ligne.  Le personnage central est éditeur.  Une petite maison qui veut promouvoir la vraie littérature.  Donc, peu de moyens.  L’éditeur étouffe sous les arrivages quotidiens de manuscrits.  En majeure partie médiocres, insipides.  Et il rencontre les auteurs.  Même les refusés.  Celui de Zoroastre et les maîtres nageurs sort un revolver et se suicide devant lui.  En complicité avec Justine Bréviaire, une autre refusée, la veuve du suicidé cherchera vengeance.

Un roman pour écrivains ou éditeurs.  Un roman pour tous ceux qui virevoltent dans l’entourage de la production littéraire.  Comme auteur et lecteur de manuscrits, j’y ai reconnu plusieurs tares, plusieurs tics, y ai ri parfois pour ne pas pleurer.  Un roman d’initiés.  Bien léché.

Une forme qui peut dérouter : absence de guillemets et tirets -les dialogues intercalés dans le texte, entre descriptions et commentaires, pourraient égarer : ce n’est pas le cas).

Une phrase : « L’écrivain est un géant aveugle qui ouvre des routes. »  On en trouve plusieurs du genre.  Il ne s’agit pas d’un roman inutile.

(Le chien de Dieu)

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon 

Tempête, poésie, kir et Laclavetine, par Alain Gagnon…
du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).


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