L’histoire se déroule à Cuba, quelques mois avant la révolution castriste, à une époque où les liens avec les Etats-Unis n’étaient pas encore rompus. Les proches du général Batista deviennent de plus en plus nerveux, tout comme la mafia locale qui dépend en grande partie du gouvernement corrompu en place. Régis Hautière (Abélard, De briques et de sang, Aquablue) prend le temps d’installer ce cadre historique qui s’avère plutôt intéressant. La tension que suscite l’arrivée de Fidel Castro devient d’ailleurs palpable au fil des pages. Si cette touche historique développé en arrière-plan du récit est assez plaisante, l’intrigue développée par l’auteur s’avère malheureusement très, voire même trop, classique.
En voulant aider son frère, un jeune homme plutôt naïf se retrouve embarqué dans une affaire qui le dépasse. En entrant en possession d’une mallette pleine de dollars dérobée à la mafia, il décide de saisir l’opportunité pour fuir son pays en compagnie d’une belle qui appartient au chef de la pègre locale. Empruntant les sentiers battus du polar noir, l’histoire bascule progressivement vers le road-movie lorsque le héros et sa compagne traversent les Etats-Unis pourchassés par des truands bien décidés à récupérer leur mise. Si l’hommage au genre est réussi, l’originalité n’est cependant pas au rendez-vous , invitant le lecteur à suivre une histoire certes bien construite, mais qui ne réserve aucune surprise. De plus, le personnage féminin qui accompagne le personnage principal dans sa fuite est particulièrement agaçant.
Visuellement, le style ligne claire et désuet de Philippe Berthet (Nico) restitue à merveille l’atmosphères des années soixante. Rehaussé par la mise en couleurs somptueuse de Dominique David, ce dessin old-school dont je n’ai jamais été grand fan impose un rythme lent à ce récit efficace qui défile sans surprendre.
Bref, un premier tome plaisant à lire mais, malgré un titre de saga qui signifie cocaïne en argot cubain, je suis pour l’instant loin d’être accro.