Magazine Cinéma

Her

Par Lorraine De Chezlo
HERde Spike Jonze
Drame - 2h
Sortie salles France - 19 mars 2014
avec Joaquin Phoenix, Amy Adams, la voix de Scarlett Johansson...
Oscar du meilleur scenario
Theodore est seul depuis son divorce. Il bosse à écrire des lettres pseudo manuscrites pour des clients qui ont des choses à déclarer à leurs proches sans savoir ou pouvoir le faire. Et puis il rentre chez lui, seul, entouré de compagnies numériques (ordinateur, smartphone greffé à l'oreille, animal de compagnie sur hologramme....) Un jour, il installe un nouveau système d'exploitation, un OS un peu révolutionnaire puisqu'il établit de très grandes interactions avec son utilisateur. Theodore choisit une voix féminine, et l'installation est lancée. La voix s'appellera Samantha, elle l'accompagnera du matin au soir via son smartphone, elle connaîtra son quotidien via la webcam du téléphone, elle le conseillera, elle le consolera, elle comblera tous les vides de sa vie. Mais les OS ne sont pas des êtres matériels...
C'est un délicieux film de légère anticipation. On y est presque mais ça nous paraît encore un peu démentiel. On passe un excellent moment à écouter les dialogues entre Theodore et Samantha, entre celui qui parcourt la ville de Los Angeles, ses plages, ou les forêts enneigées, la webcam de son smartphone dirigée toujours devant lui pour en faire profiter cet OS si curieux, avide de connaissance, heureux du partage. C'est la naissance d'un amour de Theodore pour une compagnie virtuelle réellement agréable, intelligente, sensuelle, disponible, tout en sachant ne pas être envahissante. Toujours à côté sans être réellement là. Peu à peu le visage de Theodore se détend, il retrouve le sourire béat en planant dans les rues, relié à son OS, il s'endort paisiblement le soir, l'OS dans le smartphone posé sur sa table de nuit.
HER
Ca prend des allures de romance de science fiction, mais bientôt, l'inquiétude perce et on s'interroge. La dépendance est là, elle est difficile à admettre, mais il n'y a qu'à voir la panique de Theodore quand l'OS entreprend une mise à jour - se rend indisponible - sans l'en avertir. Quand l'OS fait des rêves d'anthropomorphisme. On repense à l'excellente série 100% Real Human d'Arte : la cohabitation homme/robot peut devenir périlleuse. Ici le robot est dématérialisé, mais son potentiel "intellectuel" est surpuissant grâce à sa mémoire quasi illimitée. Il arrive aussi à vouloir et pouvoir éprouver des sentiments, cela lui donne une nouvelle naissance, de nouveaux désirs, de nouveaux besoins. Et qui pour mieux le comprendre qu'un autre robot similaire, ou qu'un autre OS. On se heurte aux désillusions fatidiques lorsque l'OS confie à Theodore qu'il entretient des relations avec 841 autres personnes, simultanément. L'humain n'est pas encore prêt à renoncer à ce point à l'exclusivité d'une relation, à regarder l'autre en sachant qu'il est en train de parler exclusivement à sa propre personne.
HER
Il y a aussi une mise en abîme de la manipulation : l'OS s'insinue dans la vie intime de Theodore, quand Theodore lui écrit des lettres en trompant leurs destinataires... pour leur bonheur toujours. J'ai beaucoup aimé ce film, le jeu intellectuel à faire pour s'approprier cette anticipation, cet exercice d'histoire futuriste. On l'apprécie avec humour, avec logique, puis avec crainte. Délicieusement troublant.
"Voix sans corps", une déception - Critikat.com
L'avis de Boustoune - Anglesdevue

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lorraine De Chezlo 64 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines