Publié le 28 mars 2014 par Universcomics
@Josemaniette
La mort d'un personnage iconique. La fin d'un rêve, d'un idéal, par la même occasion. Ce mois-ci, dans la splendide collection Marvel Deluxe, nous pouvons relire cet événement qui a bouleversé l'Amérique entière, l'assassinat du vengeur étoilé, sur les marches d'un tribunal, ultime étape vers une défaite consommée. C'est que Steve Rogers n'était plus à son sommet, à l'époque. Défenseur de la liberté d'expression la plus totale, y compris celle conférant à tous les individus dotés de super pouvoirs le droit de patrouiller de nuit, sous un masque, et de faire régner la justice sans rendre de comptes à personne, Captain America a subi une cinglante défaire contre un de ses meilleurs amis et alliés, Tony Stark. La question mérite d'ailleurs d'être débattue. Est-ce suffisant de posséder un don, un super pouvoir, pour s'arroger le droit de se substituer aux forces de l'ordre, et le visage caché sous un masque, aller appliquer son propre concept de justice et de ce qu'est le bien? Captain America revêt le costume le plus lourd de sens, et ses actes, ses choix, bien qu'indépendant du pouvoir en place et des attentes du gouvernement, conservent toujours dans le fond une connotation politique et idéologique forte, qui rend d'autant plus tragique et parlante cette "mort" du héros qui fit couler tant d'encre.
La Guerre Civile chez Marvel, c'était avant tout une double conception idéologique, libertaire et policière, de ce que doit être un état, et de la responsabilité et des libertés du citoyen. La mort de Steve Rogers, magistralement mise en scène par Brubaker, sent le renoncement du quidam moyen à une partie de ses droits, pour une illusoire sécurité face à des menaces toujours plus insidieuses. Steve Epting atteint son apogée avec des planches fouillées et truffées de moments forts, un style sombre et cinématographique, d'une lisibilité exemplaire. Même si nous savons, avec le recul, combien ce décès était hautement exagéré, et ne faisait partie que d'un vaste plan machiavélique orchestré par l'habituel Red Skull, ce sont les conditions, le cadre, la dynamique, de ce que nous pourrions appeler une des mises à mort les plus lâches de l'histoire des comic-books, qui frappe l'imagination. . Panini poursuit donc la réédition luxueuse d'un run indispensable et fortement conseillé, pour le plus grand plaisir des lecteurs, et cela à un moment capital pour le vengeur étoilé, avec la sortie en salle du second film qui lui est dédié, et dont vous trouverez une critique détaillée dans les prochains jours, sur UniversComics.