Dans le cadre du week-end Quais du Polar à l’Institut Lumière
Dans le cadre du festival "Quais du Polar", le Comoedia vous propose d’assister à l’avant-première du film "Joe" de David Gordon Green et de voir ou revoir quatre grands polars de ces dix dernières années avec la programmationBack to Black, 10 ans de Polar : "La nuit nous appartient" de James Gray, "Bullhead" de Michaël R.Roskam, "Dans la brume électrique" de Bertrand Tavernier en sa présence et "The Chaser" de Na Hong Jin.
En partenariat avec la Tribune de Lyon.
Des livres à gagner à chaque séance, offerts par les éditions Actes Sud
Plus d’informations sur le site de Quais du Polar ou sur le site du Comoedia
Dans la brume électrique
De Bertrand Tavernier
Avec Tommy Lee Jones, John Goodman, Peter Sarsgaard
Etats-Unis. 2009 – 1h58
Date de sortie : 15 avril 2009
Synopsis
New Iberia, Louisiane. Dave Robicheaux, détective, enquête sur un serial killer dont les victimes sont de très jeunes femmes. A la suite du dernier meurtre en date, il fait la rencontre d’une star hollywoodienne, Elrod Sykes, qui tourne un film dans la région. Celui-ci raconte à Dave une scène dont il a été témoin : la découverte du cadavre d’un homme enchaîné, gisant dans le Marais.
Autour du film
Figure emblématique du cinéma français, Bertrand Tavernier est un grand connaisseur de la culture américaine en général, et du cinéma américain en particulier. Auteur d’un livre d’entretiens avec les grands d’Hollywood intitulé Amis américains, il a fait tourner Harvey Keitel dans La Mort en direct en 1980, a co-réalisé en 1983 avec Robert Parrish un documentaire sur le blues (Mississippi Blues), signé en 1986 une lettre d’amour au jazz à travers le film Autour de minuit. Sorti en 1981, Coup de torchon est l’adaptation d’un polar de Jim Thompson, mais l’action a été transposée en Afrique. Dans la brume électrique est son premier film de fiction tourné aux Etats-Unis… même si son financement est français.
Bertrand Tavernier explique pourquoi il a eu envie d’adapter ce roman de James Lee Burke : "Je suis un grand admirateur de son oeuvre depuis des années et cela faisait un moment que je souhaitais adapter un des livres de la série Dave Robicheaux. Je partageais cette passion avec Philippe Noiret. Mais j’ai un moment hésité entre Dixie City et Dans la brume électrique avec les morts confédérés et j’ai finalement choisi ce titre. J’entends Philippe me dire : "C’est celui avec le général ? Il est magnifique". J’avais contacté Burke pour acquérir les droits du livre et il m’avait dit que c’était celui dont il était, à l’époque, le plus fier."
Le film ajoute un facteur qui ne figurait pas dans le roman paru en 1993 -et pour cause…- : le passage de l‘ouragan Katrina en Louisiane en 2005. "(…)j’étais persuadé qu’à partir du moment où on tournait en Louisiane – et il n’a jamais été question de tourner ailleurs –, il fallait inclure la catastrophe de Katrina et ses conséquences", souligne Bertrand Tavernier. "Il était donc nécessaire de situer l’histoire de nos jours. Cela renforçait l’histoire et l’atmosphère. Et cela donnait une vraie résonance aux activités criminelles de Balboni : la Mafia a volé des centaines de millions de dollars après Katrina." Tommy Lee Jones ajoute : "En cela, Dans La Brume électrique est un film politique, au sens le plus noble du terme. Mais le propos n’est jamais didactique : Bertrand fait allusion à la gestion désastreuse de la catastrophe par l’Etat fédéral et à la manière dont la mafia en tire profit. J’aime beaucoup cette dimension-là du film.""
Bertrand Tavernier brosse un portrait du flic Dave Robicheaux : "Dans le roman noir, Robicheaux est pour moi l’une des plus belles créations littéraires depuis Philip Marlowe. C’est un personnage extraordinairement attachant et complexe, hanté par son passé, cherchant à protéger le monde dans lequel il a grandi qui est aujourd’hui attaqué par des hommes cupides et malfaisants. C’est un homme qui a de grands principes moraux, mais qui est traversé par des éclats de rage : il est animé par une colère rentrée contre l’injustice et l’ignominie de certains personnages. Il incarne pour moi cette notion de décence ordinaire définie par George Orwell qui voyait en elle le vrai ciment de la démocratie : la décence (…) il se fie surtout à son instinct et à sa profonde connaissance des gens et de leurs habitudes, du passé, de l’Histoire de la région. Il procède plus comme Maigret que comme un flic des Experts. Il lui arrive aussi de sortir de la légalité. Il a ses zones d’ombre, cette rage rentrée, cette colère contre ceux qui détruisent ce à quoi il croit et c’est ce qui le rend très touchant. Il a aussi en lui cette culpabilité engendrée par sa foi catholique."
Film d’atmosphère, Dans la brume électrique a exigé du réalisateur qu’il s’imprègne de la culture locale. "J’ai baigné dans le Zydeco et la chanson cajun, j’ai tenté d’absorber ce qui fait le prix de cette culture pour mieux la respecter", raconte Bertrand Tavernier, qui poursuit : "J’ai constaté à quel point plusieurs personnes que j’ai rencontrées en Louisiane étaient offensées par le traitement hollywoodien de leurs coutumes, et notamment de leurs accents (…) Je me suis donc dit que la première exigence du film, c’était de respecter la manière d’être des habitants de la région et d’être attentif à leur vocabulaire et à leurs attitudes. De regarder en face la beauté et la misère. De même, je tenais à l’exactitude des lieux et je voulais donc tourner à New Iberia, là où se déroule le livre, pour montrer que les personnages sont enracinés dans une culture précise. Par souci d’authenticité, j’ai aussi demandé à l’adjoint du shérif, au shérif, au coroner de nous servir de conseiller technique."
Récompenses et festivals
Le film s’est vu décerner le Grand Prix du premier festival international du film policier de Beaune en 2009. Dans son discours de remerciement, Bertrand Tavernier a tenu à rendre hommage à son vieil ami et acteur Philippe Noiret, décédé en 2006. Le cinéaste souhaitait en effet lui dédier le film, en grand amoureux du roman noir et de James Lee Burke en particulier. Dans la brume électrique avec les morts confédérés était d’ailleurs son préféré chez l’auteur. Pour la petite histoire, le cinéaste n’a pas pu mettre sa dédicace dans son film : "A philippe Noiret, qui aimait tant les romans de James Lee Burke". Les toutes puissantes DGA (Director’s Guild of America) et WGA (Writers Guild of America) lui ont signifié que s’il faisait cela, cela diminuait les status du metteur en scène et des scénaristes…A grands regrets, Bertrand Tavernier a dû renoncer à son intention.
Dans la brume électrique a été présenté en compétition au 59e Festival de Berlin
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