Colloque « La clinique des PSYCHOSES aujourd’hui » à Marseille le 2 avril – RSMS

Publié le 27 mars 2014 par Santelog @santelog
Un constat pratique et banal : les praticiens et les intervenants du champ social rencontrent la psychose, non sans angoisse pour certains – souvent sans avoir les moyens théoriques et cliniques de l’identifier comme telle. Cette journée à l’IRTS a une visée pédagogique : quels sont les repères cliniques qui permettent de construire la psychose ou mieux, puisqu’une clinique différentielle s’impose, les psychoses ? Quels outils conceptuels sont nécessaires pour assurer cette construction ? En quoi l’apport de J. Lacan est-il déterminant pour répondre à ces questions théoriques et cliniques ?

Des psychanalystes, orientés par Freud et par Lacan, apportent des réponses en deux temps:

Le matin. C’est dans son Séminaire III, en 1955-1956, que J. Lacan, psychiatre de formation, élabore ce que l’on appellera la psychose lacanienne. La multiplicité des psychoses, si bien décrites par le trésor classique de la psychiatrie, se trouve unifiée par un critère qui fera différence structurale. La psychose, toute psychose, dénude une opération psychique qui a nom, chez Freud, Verwerfung (= forclusion), irréductible à celles qui spécifient la névrose (= refoulement) ou la perversion (= démenti). Ce classement structural offre des balises robustes.  Chaque classe est autonome et il n’est pas possible de passer d’une structure psychique à l’autre. Aucune psychose ne se transformera en névrose – et réciproquement. La forclusion porte sur le signifiant qui, dans l’Autre du langage, inscrit la Loi – soit le Nom-du-Père. La forclusion du Nom-du-Père ouvre à une clinique des déclenchements, des stabilisations et des suppléances. Sans son repérage, il n’y a, pour tout intervenant, qu’errance et irresponsabilité.

L’après-midi. Cette forclusion du signifiant de la Loi est-il le dernier mot de Lacan à propos des psychoses ? Absolument pas. Dans les années 1970, à la fin de son enseignement, Lacan va se passer du Père en le pluralisant. Il ira même jusqu’à affirmer que la forclusion est généralisée et que l’OEdipe et la Loi du Père sont des tentatives de suppléer à ce trou forclusif irréductible. D’une certaine façon, tout le monde délire. Ces formules sont à manier avec prudence. Pour en montrer la pertinence, nous isolerons le concept de psychose ordinaire. Il y a des sujets parlants qui ne présentent aucun trouble du langage, aucun phénomène élémentaire, aucun délire ni errance. Ils peuvent présenter une surnormalité qui les rend particulièrement adaptés. Cette clinique n’est plus structuraliste mais continuiste : «On distingue, non pas des classes, mais des modes, qui sont des variations» (J.-A. Miller, 1999). C’est moins alors la paranoïa, psychose lacanienne par excellence, qui fait boussole que la schizophrénie, étant entendu que, pour le schizophrène, tout le symbolique est réel.

Ces deux temps de l’enseignement de Lacan qui ne s’excluent pas, à être présentés puis illustrés par de nombreux exemples cliniques dans la journée, permettront de saisir en quoi la rencontre des psychoses dans le champ social n’est ni rare ni exceptionnelle. Cette rencontre pose sa question à chaque intervenant et pas seulement au clinicien ex officio (psychiatre, psychologue ou psychanalyste). Ce n’est pas en fermant les yeux ou en n’en vouloir rien savoir qu’une issue est possible.  Donc, ne reculons pas devant la psychose !

Pr. H. CASTANET

Source : Réseau Santé Marseille Sud

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